Crédits : profiter de taux hyper-attractifs
Les conditions actuelles d’emprunt pourraient ne pas durer.
En ce début d’été traditionnellement actif pour les mutations, les banques demeurent offensives en matière de crédits immobiliers. La raison ? Elles tablent sur une libération de la demande suite à la levée des dernières contraintes du 3e confinement. Faute de visites autorisées pour les biens locatifs et les résidences secondaires, ces achats étaient jusqu’alors au ralenti. Ils pourraient devenir plus nombreux. Proposer une offre agressive s’avère une stratégie commerciale payante pour une banque, qui captera ainsi de nouveaux clients et les fidélisera sur une longue durée. Aujourd’hui, en dépit des quelques mouvements haussiers d’enseignes en ordre dispersé, les taux d’emprunt du mois de juin sont encore de très bonne tenue : 0,61 % en moyenne sur quinze ans, 0,73 % sur vingt ans, et 0,98 % sur vingt-cinq ans, selon le courtier Meilleurtaux.
C’est maintenant! Si c’est le moment de s’endetter, mieux vaut « toper » un taux, car cette situation (qui se situe à un plancher) pourrait évoluer dans quelques mois. L’OAT 10 ans a tendance à remonter lentement, or elle sert de référence à l’établissement des barèmes de taux bancaires. Depuis fin avril, ce taux directeur est passé en territoire positif après avoir navigué pendant plusieurs mois dans le rouge. Si cette tendance venait à se confirmer, les établissements financiers n’hésiteront pas à remonter leurs tarifs. « Tous les quinze jours, nous réexaminons les niveaux des taux. Pour l’instant, nous avons privilégié le statu quo », indique Xavier Prin, directeur marketing et portail de Boursorama. Reste que si une légère hausse survenait dans un avenir proche, son impact financier serait limité. « Si l’on emprunte 200 000 euros, un relèvement de 0,1 % et de 0,2 % pour un taux de 1,05 % sur vingt ans alourdit respectivement la facture finale de 2 154 et de 5 412 € », précise Cécile Roquelaure, directrice des études d’Empruntis.
Le poids de l’apport. Pour gagner des points auprès de la banque et négocier, mieux vaut occuper un emploi en CDI, percevoir des revenus stables n’ayant pas été perturbés par la crise sanitaire, présenter des comptes bancaires « soignés » (aucun débit) et, de préférence, disposer d’une épargne qui restera intacte après l’endettement. « Dans 9 cas sur 10, les frais annexes doivent être financés par les emprunteurs grâce à leur apport personnel », ajoute Cécile Roquelaure. À ce titre, le sésame pour décrocher le meilleur taux est le niveau de liquidités injectées dans l’opération. « Dès que l’apport pèse 20 % ou plus du prix du bien, les propositions des banques deviennent beaucoup plus intéressantes et passent souvent sous la barre des 1 % sur vingt ans », reconnaît Ludovic Huzieux, président d’Artémis courtage. Il est vrai que la marche à franchir pour passer de locataire à propriétaire est élevée. Le courtier Empruntis a calculé que « pour acquérir un bien à Bordeaux, à Lyon, à Paris et dans sa banlieue proche, il faut aujourd’hui percevoir plus de 2 000 € par mois et disposer de plus de 12 500 € à mettre sur la table ». Même si elles déroulent le tapis rouge aux clients considérés comme « à potentiel », les banques n’en restent pas moins tatillonnes sur le ratio d’endettement. Selon les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), ce dernier ne doit jamais dépasser 35 %, en comptant la mensualité du crédit et l’assurance décès invalidité ■
« Tous les 15 jours, nous réexaminons les taux. Pour l’heure, nous ne les avons pas changés. »
Xavier Prin Directeur marketing et portail de Boursorama