Exclusif : si Éric Zemmour était candidat…
Pour Le Point, l’Ifop a sondé les intentions de vote en faveur du polémiste.
Ira, ira pas ? Poussé par une poignée d’amis et de déçus du Rassemblement national, le polémiste à forte audience (il rassemble 700 000 spectateurs sur CNews chaque soir) Éric Zemmour, qui confirmait le 6 juin réfléchir à « peut-être passer à l’action », hésite pourtant à se lancer, attendant la rentrée de septembre et la sortie de son nouveau livre. Un sondage réalisé par l’Ifop pour Le Point pourrait donner une indication. C’est la première fois que l’hypothèse Zemmour est ainsi testée par un institut auprès de l’opinion. Au premier tour, le polémiste atteindrait le score de 5,5 %. « Ce n’est pas faramineux, mais c’est un point de départ non négligeable dans un paysage politique totalement éclaté », relève Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l’Ifop. Ceux qui veulent voir le verre à moitié plein souligneront qu’il atteint le même score que le Vert Yannick Jadot (5,5%) ou que la potentielle candidate du PS Anne Hidalgo (5 %). « Il pèse dans la vie politique et intellectuelle du pays. » Mais trop peu pour nourrir l’espoir d’accéder au second tour.
Glissement à droite. Le sondage balaie une idée reçue : s’il surfe sur les mêmes thèmes (sécurité, immigration, déclin de la France) que Marine Le Pen, Éric Zemmour n’ébranle presque pas l’électorat de la candidate du RN, qui atteindrait face à lui 28 % au premier tour. Le polémiste engrange davantage de soutiens dans l’ancien électorat fillonniste et chez les partisans d’une droite décomplexée, qui vivent mal le positionnement «ni droite ni gauche» de Marine Le Pen. Il siphonne des voix aussi bien chez LR (Xavier Bertrand atteint ici tout juste 13,5 %) que chez les partisans de Nicolas Dupont-Aignan (à 3,5 %, son plus faible score mesuré depuis des mois). « Plus globalement, note Jérôme Fourquet, on a l’illustration supplémentaire d’un vaste mouvement de glissement à droite du paysage politique. Avec Zemmour, Le Pen et Dupont-Aignan, on voit se dessiner un bloc de droite nationale très important qui atteint 37 %, c’est spectaculaire ! »
Ses marges de progression semblent toutefois limitées. Zemmour séduit trois fois plus les hommes que les femmes – du fait, sans doute, de prises de position tranchées sur le féminisme. Les classes populaires le boudent, son électorat restant plutôt urbain et aisé. « À moins d’un an de l’élection, le duopole Macron-Le Pen a la vie dure et on ne voit pas trop ce qui pourrait rendre cela caduc», commente Jérôme Fourquet. Une officialisation de la candidature du polémiste, si elle inquiète la droite, pourrait avoir sur l’électorat de Marine Le Pen l’effet inverse de celui anticipé : « On pourrait lui faire le procès de mettre en danger une perspective de victoire historique pour la droite nationale et une mécanique de vote utile pourrait se mettre en place, le camp faisant bloc autour de sa candidate. »