La société de Caroline De Haas nous répond
À la suite de notre enquête « Les curieuses méthodes de Caroline De Haas », le Groupe Egaé, dirigé par celle-ci, nous envoie ce texte.
Votre article du 16 juin 2021 prétend décrire les modalités de travail de la société Groupe Egaé SAS. Cette dernière participe à la prise de conscience au sein des entreprises des problématiques de sexisme et de violences sexuelles, prise de conscience qui s’accélère depuis le large mouvement de témoignages qui se sont exprimés à la suite du mouvement #MeToo.
S’il est vrai que les victimes étaient très majoritairement, pour ne pas dire quasi exclusivement, des femmes, à aucun moment notre groupe et son action n’ont été fondés sur le constat prêté qu’« un homme sur deux ou trois est un agresseur ». Nous n’avons jamais tenu ce type de propos.
Poursuivant l’objectif de protection et de prévention des faits de violences sexuelles incombant à tout employeur, huit ministères ont lancé un appel d’offres public pour sélectionner les structures disposant d’une expérience et des compétences permettant d’identifier et d’établir des comportements inappropriés au sein des administrations publiques. Notre groupe a été sélectionné à l’issue de ce processus.
Contrairement à ce qui est indiqué, je ne suis pas l’unique actionnaire de la société, qui est également détenue à hauteur de 30 % par la directrice générale, Pauline Chabbert. La société n’est pas davantage « exclusivement féminine ».
S’agissant plus spécialement des missions confiées par le Conservatoire de Paris (CNSMDP) en février 2020, le Groupe Egaé est intervenu à la demande de la direction à la suite de plusieurs signalements mettant en cause un professeur dans son rapport avec les élèves. L’enquête interne a été réalisée en collaboration avec le service des ressources humaines et repose sur 54 entretiens ayant chacun fait l’objet d’un compte rendu relu, signé par la personne entendue, y compris par celles qui ont signalé ces faits. Cette procédure a été systématiquement notifiée et appliquée à chaque personne entendue sans la moindre exception. L’exactitude des déclarations a été attestée sur l’honneur par l’ensemble des personnes nous ayant retourné leur compte rendu signé.
Il n’avait jamais été évoqué ni par moi ni par la personne entendue la question d’enregistrer ces entretiens à vocation confidentielle.
Les quatre personnes n’ayant pas renvoyé leur compte rendu, et non pas les six cas dont vous faites état, n’ont pas contesté la réalité de cette procédure, mais n’ont simplement pas renvoyé leur compte rendu. Ils n’ont donc pas été pris en compte.
Nos missions sont menées de manière impartiale et objective, et toujours dans le respect du contradictoire. Il est important de rappeler que notre travail ne se confond pas avec le pouvoir de l’employeur, qui est le seul à apprécier les suites disciplinaires et/ou judiciaires à y donner. Nous n’interférons jamais avec l’opportunité des poursuites judiciaires, qui appartiennent uniquement au procureur de la République.
Dans l’hypothèse où la justice serait saisie soit à l’initiative d’un agent ou d’un élève, soit à l’initiative de l’employeur, comme c’est le cas en l’espèce à la suite de l’article 40 déposé par la directrice du CNSMDP, notre rapport n’est qu’un des éléments du dossier qui lui est transmis.
Concernant l’enquête interne relative à l’enseignant concerné, elle a été déclenchée à la suite de la réception par la direction du CNSMDP de signalements de faits qui pourraient s’apparenter selon la description de leur auteur à des faits d’agressions sexuelles aggravées. Notre travail a consisté à fournir des éléments à la direction afin d’apprécier la réalité et la qualification éventuelle des faits dénoncés.
Lors des deux entretiens menés avec l’enseignant concerné, l’intégralité des faits lui a été présentée de manière détaillée. Il a donc eu une connaissance précise des reproches qui lui étaient adressés, la date et le lieu auxquels ces faits se seraient déroulés. Il a pu présenter librement, et dans le respect de ses droits, ses observations et répondre sur chacun des points. La faculté lui a été donnée de relire ses réponses et de les amender dans l’hypothèse où elles ne correspondraient pas à ce qu’il avait dit, voire de les compléter par des propos qu’il lui semblait important de voir figurer, et in fine de signer son compte rendu. Nous avons systématiquement pris en compte les demandes de rectification et de modification qui nous ont été adressées. Cette méthodologie a été appliquée à l’ensemble des 53 autres personnes entendues. Enfin, je tiens à préciser que la société Egaé n’a ni mené d’instruction ou d’enquête interne ni participé à la décision de sanction ayant conduit au licenciement contesté devant le conseil des prud’hommes le 22 avril par le journaliste de Télérama
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NDLR : Le Point maintient bien sûr son enquête. Nous notons avec amusement qu’Egaé soutient que « à aucun moment notre groupe et son action n’ont été fondés sur le constat prêté qu’“un homme sur deux ou trois est un agresseur”. Nous n’avons jamais tenu ce type de propos. » Sauf que la directrice associée d’Egaé, elle, les a tenus ! Ce qui nous éclaire sur sa capacité à rendre compte objectivement d’une situation…