Tout schuss sur l’autonomie
Les plus grandes marques automobiles font assaut de technologie pour s’imposer sur le marché en plein développement des voitures électriques à hautes performances.
Après un début d’année marqué par une démocratisation de la voiture «zéro émission» avec la présentation de la Dacia Spring – proposée à seulement 12 400 euros bonus déduit –, les constructeurs reprennent de plus belle leur course à l’armement sur le plan technique avec des modèles électriques aux caractéristiques toujours plus impressionnantes. Il faut dire que l’enjeu est de taille : la recomposition du marché automobile, poussée par une réglementation imposant une réduction globale drastique des émissions de CO , est désormais inéluctable.
Les stratégies diffèrent toutefois selon les marques, entre celles qui essaient de se maintenir en haut de la hiérarchie pour les plus prestigieuses, tandis que d’autres, plus généralistes, comptent bien profiter de l’occasion pour monter en gamme. Toutes, en tout cas, ont eu le loisir d’analyser le succès de Tesla au cours de la dernière décennie, ce constructeur américain iconoclaste qui a cru le premier à la voiture électrique hautes performances. Dans ce contexte, la dernière génération de Tesla Model S fait figure d’épouvantail avec une autonomie maximale annoncée de 663 km et des performances météoriques revendiquées pour sa version « Plaid » développant la bagatelle de 1 020 ch (et dont les prix débutent à 129 990 euros). Cette grande routière électrique se distingue aussi par son intérieur futuriste, où, afin de permettre une lecture plus facile de l’instrumentation numérique, le volant a cédé la place à un étrange guidon.
C’est donc à la référence qu’est devenue Tesla que Mercedes vient aujourd’hui se mesurer avec le nouveau vaisseau amiral de sa gamme électrique, l’EQS. Cette véritable limousine de 5,22 m de longueur – qui devrait rester maniable grâce à ses 4 roues directrices – peut embarquer une batterie de 108 kWh, suffisante pour établir un nouveau record d’autonomie à 770 km grâce à un excellent aérodynamisme. Et l’interface homme-machine développée par Mercedes est digne de la vocation de vitrine technologique du modèle : réservé aux finitions les plus hautes de l’EQS, l’Hyperscreen apparaît comme un écran continu courant sur toute la largeur de la planche de bord. Il s’agit en fait de trois dalles distinctes recouvertes par la même vitre de polycarbonate. Le caractère tactile à retour haptique – on ressent une vibration lorsqu’une fonction est enclenchée – de l’écran central et de celui du passager permet en outre de supprimer toute commande ou bouton physique pour épurer au maximum le design intérieur.
Les autres marques premium allemandes ne sont pas en reste. Ainsi BMW équipe son SUV iX et sa berline i4, attendus pour la fin 2021, d’une nouvelle génération de chaîne de traction électrique aux performances spectaculaires : le iX50, agrémenté d’une batterie de 111,5 kWh, revendique une autonomie de 630 km (et un prix de 103 500 euros), tandis que la i4 M50 se hisse au niveau de performances de la légendaire M3 avec
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La catégorie des supercars n’échappe pas à ce bouleversement de l’ordre établi.
ses deux moteurs électriques développant une puissance cumulée de 544 ch.
Chez Volkswagen, les marques Audi et Porsche achèvent le développement d’une nouvelle plateforme électrique qui pourra, là encore, être utilisée aussi bien pour des berlines, comme celle préfigurée par le concept Audi A6 e-tron, que pour des SUV, comme le Porsche Macan, attendu en 2022. Baptisée PPE, celle-ci ne se contente pas de pouvoir intégrer des batteries autorisant des rayons d’action supérieurs à 700 km, elle se distingue aussi par sa très haute tension de 800 V garantissant des recharges ultrarapides permettant de restaurer jusqu’à 300 km d’autonomie en seulement dix minutes.
Une architecture à 800 V de tension dont profitent aussi les nouveaux crossovers électriques Hyundai Ioniq 5 et Kia EV6, développés sur la même plateforme électrique E-GMP du géant coréen. Un choix technique qui démontre mieux que tout discours marketing les ambitions de ces marques généralistes bien décidées à intégrer l’élite des constructeurs de voitures «zéro émission». De fait, la Ioniq 5 revendique jusqu’à 560 km d’autonomie et 306 ch (pour des tarifs allant de 43 600 à 59 900 euros), l’EV6 510 km et 585 ch en version GT (à 66 990 euros) – des chiffres jusqu’ici réservés aux marques les plus prestigieuses.
Et la catégorie des supercars n’échappe pas à ce bouleversement de l’ordre établi. Ainsi la start-up croate Rimac, créée en 2009, a présenté la Nevera, un coupé biplace en fibres de carbone doté d’une batterie de 120 kWh de capacité pour une autonomie de près de 550 km, mais surtout de quatre moteurs électriques – un par roue, donc – pour une puissance cumulée de 1 914 ch, le tout pour un prix de 2 millions d’euros. Les Bugatti, Ferrari et autres Lamborghini n’ont qu’à bien se tenir
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