En mode Solaris
Recharger moins souvent, voire plus du tout, sa voiture électrique grâce à l’énergie du soleil ? C’est l’idée (séduisante) sur laquelle travaillent plusieurs start-up.
Alors que l’avion Solar Impulse 2 a été capable de boucler un tour du monde à la seule énergie solaire, pourquoi une simple voiture ne pourrait-elle pas rouler avec la même source d’alimentation ? Malheureusement, l’équation est plus complexe pour une auto, dont la surface extérieure ne permet d’implanter qu’un nombre limité de panneaux solaires et dont la résistance au roulement, à l’air et la masse sont de gros consommateurs d’énergie. Et si les engins filiformes et minimalistes préparés par des étudiants ingénieurs pour participer aux courses d’endurance de prototypes solaires atteignent des performances étonnantes, ils sont à des années-lumière des standards des autos de tous les jours. Les voitures électriques routières peuvent partiellement recharger leurs batteries avec l’énergie solaire, mais elles ne peuvent compter que sur celle-ci.
Pourtant, les nouvelles marques ne manquent pas de créativité pour trouver la meilleure efficience, à l’image de l’américaine Aptera (photo ci-dessus), avec son engin aux formes surprenantes à mi-chemin entre une soucoupe roulante et une voiture de sport, figurant une silhouette en goutte d’eau ultra-aérodynamique. Ce petit tricycle deux places léger (moins d’une tonne) promet jusqu’à 74 km gagnés à la seule énergie solaire chaque jour, ce qui, en théorie, permettrait de ne jamais recharger. Un calculateur sur leur site indique qu’avec l’ensoleillement de la France et un trajet quotidien de 48 km, il ne faudrait brancher l’auto que trois fois l’an… C’est certainement très optimiste, mais avec de bonnes conditions météo, voilà
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La Sion, de la marque Sono Motor, affiche 255 km d’autonomie et est propulsée par un moteur électrique de 163 ch.
de quoi sérieusement augmenter ■ l’autonomie. En embarquant sa plus grosse configuration de batterie (100 kWh, comme les plus grosses Tesla), l’Aptera pourrait atteindre 1 600 km avant de devoir être rechargée sur une borne classique, grâce à son efficience remarquable combinée à l’apport de ses panneaux photovoltaïques. La marque californienne affirme avoir déjà 10 000 réservations au compteur et elle compte livrer ses premières unités aux États-Unis d’ici la fin de l’année, pour un prix à partir de 25 900 dollars (21 363 euros).
Plus proche de nous, la start-up hollandaise Lightyear propose une auto d’un tout autre gabarit, la One, une limousine de plus de 5 mètres qui est ainsi à la fois accueillante pour 5 passagers, leurs bagages et pour ses 5 mètres carrés de panneaux solaires. Elle est propulsée par quatre moteurs électriques logés dans chaque roue, sa batterie autorise jusqu’à 725 km d’autonomie et elle annonce un gain de 7 000 à 20 000 km/ an grâce aux rayons solaires. Lightyear (plus de 120 employés) vient de lever 48 millions de dollars (environ 40 millions d’euros), de quoi rassurer les premiers acquéreurs quant à la livraison de leur voiture, en fin d’année si tout va bien. Des fans très motivés : ils sont prêts à dépenser quelque 150 000 euros pour ce modèle.
Autre projet en phase d’approche, la Sion de la marque Sono Motor, basée à Munich, est un petit monospace (4,29 m) plutôt rustique, à vocation familiale, économique ou destiné à l’autopartage, vendu 25 500 euros en 2023. Il ambitionne un gain de 112 km par semaine en moyenne grâce à ses quelque 248 cellules disséminées sur sa carrosserie générant jusqu’à 1,2 kW. Il affiche 255 km d’autonomie et est propulsé par un moteur électrique de 163 ch. Tout comme Aptera, Sono Motor a connu une première phase de lancement soldée par un échec, mais de nouveaux investissements devraient lui permettre d’arriver jusque sur les routes. Treize mille réservations sont déjà enregistrées pour ce modèle qui sera fabriqué en Suède dans l’ancienne usine Saab.
À côté de ces nouveaux acteurs, certains constructeurs automobiles établis s’intéressent aussi au potentiel des rayons de notre astre lumière. Ainsi Toyota évalue-t-il avec Sharp et l’agence publique japonaise Nedo le gain apporté par des panneaux à haut rendement (plus de 34 %) recouvrant le capot, le toit et la lunette arrière d’une Prius hybride rechargeable, produisant 860 watts de puissance, ce qui permettrait un gain théorique d’une cinquantaine de kilomètres d’autonomie par jour. La version de série de la Prius rechargeable a déjà un toit avec des panneaux photovoltaïques qui peut offrir jusqu’à 6 km supplémentaires par jour de distance parcourus en électrique. Hyundai, Nissan ou Audi proposent aussi des toits qui intègrent des panneaux solaires servant principalement à alimenter les accessoires de l’auto. Le fameux pick-up Cybertruck de Tesla devrait, quant à lui, pouvoir gagner 24 km/jour en autonomie électrique avec un panneau solaire optionnel, tandis que le futur SUV électrique Fisker Ocean promet 1 600 km/ an grâce à son toit entièrement recouvert de panneaux solaires. Il n’y a pas de petits gains énergétiques
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