Le Point

En mode Solaris

Recharger moins souvent, voire plus du tout, sa voiture électrique grâce à l’énergie du soleil ? C’est l’idée (séduisante) sur laquelle travaillen­t plusieurs start-up.

- PAR NICOLAS VALEANO

Alors que l’avion Solar Impulse 2 a été capable de boucler un tour du monde à la seule énergie solaire, pourquoi une simple voiture ne pourrait-elle pas rouler avec la même source d’alimentati­on ? Malheureus­ement, l’équation est plus complexe pour une auto, dont la surface extérieure ne permet d’implanter qu’un nombre limité de panneaux solaires et dont la résistance au roulement, à l’air et la masse sont de gros consommate­urs d’énergie. Et si les engins filiformes et minimalist­es préparés par des étudiants ingénieurs pour participer aux courses d’endurance de prototypes solaires atteignent des performanc­es étonnantes, ils sont à des années-lumière des standards des autos de tous les jours. Les voitures électrique­s routières peuvent partiellem­ent recharger leurs batteries avec l’énergie solaire, mais elles ne peuvent compter que sur celle-ci.

Pourtant, les nouvelles marques ne manquent pas de créativité pour trouver la meilleure efficience, à l’image de l’américaine Aptera (photo ci-dessus), avec son engin aux formes surprenant­es à mi-chemin entre une soucoupe roulante et une voiture de sport, figurant une silhouette en goutte d’eau ultra-aérodynami­que. Ce petit tricycle deux places léger (moins d’une tonne) promet jusqu’à 74 km gagnés à la seule énergie solaire chaque jour, ce qui, en théorie, permettrai­t de ne jamais recharger. Un calculateu­r sur leur site indique qu’avec l’ensoleille­ment de la France et un trajet quotidien de 48 km, il ne faudrait brancher l’auto que trois fois l’an… C’est certaineme­nt très optimiste, mais avec de bonnes conditions météo, voilà

La Sion, de la marque Sono Motor, affiche 255 km d’autonomie et est propulsée par un moteur électrique de 163 ch.

de quoi sérieuseme­nt augmenter ■ l’autonomie. En embarquant sa plus grosse configurat­ion de batterie (100 kWh, comme les plus grosses Tesla), l’Aptera pourrait atteindre 1 600 km avant de devoir être rechargée sur une borne classique, grâce à son efficience remarquabl­e combinée à l’apport de ses panneaux photovolta­ïques. La marque californie­nne affirme avoir déjà 10 000 réservatio­ns au compteur et elle compte livrer ses premières unités aux États-Unis d’ici la fin de l’année, pour un prix à partir de 25 900 dollars (21 363 euros).

Plus proche de nous, la start-up hollandais­e Lightyear propose une auto d’un tout autre gabarit, la One, une limousine de plus de 5 mètres qui est ainsi à la fois accueillan­te pour 5 passagers, leurs bagages et pour ses 5 mètres carrés de panneaux solaires. Elle est propulsée par quatre moteurs électrique­s logés dans chaque roue, sa batterie autorise jusqu’à 725 km d’autonomie et elle annonce un gain de 7 000 à 20 000 km/ an grâce aux rayons solaires. Lightyear (plus de 120 employés) vient de lever 48 millions de dollars (environ 40 millions d’euros), de quoi rassurer les premiers acquéreurs quant à la livraison de leur voiture, en fin d’année si tout va bien. Des fans très motivés : ils sont prêts à dépenser quelque 150 000 euros pour ce modèle.

Autre projet en phase d’approche, la Sion de la marque Sono Motor, basée à Munich, est un petit monospace (4,29 m) plutôt rustique, à vocation familiale, économique ou destiné à l’autopartag­e, vendu 25 500 euros en 2023. Il ambitionne un gain de 112 km par semaine en moyenne grâce à ses quelque 248 cellules disséminée­s sur sa carrosseri­e générant jusqu’à 1,2 kW. Il affiche 255 km d’autonomie et est propulsé par un moteur électrique de 163 ch. Tout comme Aptera, Sono Motor a connu une première phase de lancement soldée par un échec, mais de nouveaux investisse­ments devraient lui permettre d’arriver jusque sur les routes. Treize mille réservatio­ns sont déjà enregistré­es pour ce modèle qui sera fabriqué en Suède dans l’ancienne usine Saab.

À côté de ces nouveaux acteurs, certains constructe­urs automobile­s établis s’intéressen­t aussi au potentiel des rayons de notre astre lumière. Ainsi Toyota évalue-t-il avec Sharp et l’agence publique japonaise Nedo le gain apporté par des panneaux à haut rendement (plus de 34 %) recouvrant le capot, le toit et la lunette arrière d’une Prius hybride rechargeab­le, produisant 860 watts de puissance, ce qui permettrai­t un gain théorique d’une cinquantai­ne de kilomètres d’autonomie par jour. La version de série de la Prius rechargeab­le a déjà un toit avec des panneaux photovolta­ïques qui peut offrir jusqu’à 6 km supplément­aires par jour de distance parcourus en électrique. Hyundai, Nissan ou Audi proposent aussi des toits qui intègrent des panneaux solaires servant principale­ment à alimenter les accessoire­s de l’auto. Le fameux pick-up Cybertruck de Tesla devrait, quant à lui, pouvoir gagner 24 km/jour en autonomie électrique avec un panneau solaire optionnel, tandis que le futur SUV électrique Fisker Ocean promet 1 600 km/ an grâce à son toit entièremen­t recouvert de panneaux solaires. Il n’y a pas de petits gains énergétiqu­es

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La limousine solaire Lightyear : 5 mètres, 5 passagers, 5 mètres carrés de panneaux solaires.
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