Le Point

Ces nazis qu’on a recyclés…

- F.-G. L.

Avant les écolos, les nazis ont inventé le recyclage. Une opération anonyme qui aurait pu s’appeler « Machine à laver ». Éric Branca apporte la preuve par 12 qu’il y eut une vie après Hitler pour ses plus éminents serviteurs et des trous dans la raquette de la dénazifica­tion. Certaines de ces acrobaties sont connues, comme celle du physicien Werner von Braun, récupéré par les Américains, qui passa sans mollir des V1 à la conquête de la Lune. Dans la galerie des félins retombant sur leurs pattes, un trio se détache. Le maître espion Reinhard Gehlen, rouage décisif de la mainmise sur l’URSS après 1941, qui, à la tête des services secrets ouest-allemands pendant vingt ans – où il rendit de fiers services à la CIA –, mit en place le réseau Stay Behind, dirigé contre la même URSS, car l’anticommun­isme, comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Otto Skorzeny, le James Bond nazi qui enleva Mussolini dans les Abruzzes, formateur de la CIA ou des têtes brûlées de l’OAS à Valladolid, conseiller du Mossad, et dont le nom revient dans l’assassinat de Kennedy. Enfin, le plus méconnu, Ernst Aschenbach, avocat acoquiné durant la guerre avec les milieux d’affaires français (Schneider, banque Worms…) avant d’émarger au FDP, sorte de parti radical allemand. Il fut député européen puis obtint de Willy Brandt – une tache dans le parcours du chancelier – de représente­r l’Allemagne comme commissair­e européen jusqu’à ce que Beate Klarsfeld tire la sonnette d’alarme en 1970. Douze apôtres du nazisme. Douze maîtres de l’amnésie et de la réinsertio­n

Le Roman des damnés, d’Éric Branca (Perrin, 432 p., 24 €).

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