Le Point

Mode : Le Mont St Michel

Depuis plus d’un siècle, les créations de la marque Le Mont St Michel mettent à l’honneur le célèbre monument normand.

- PAR VICKY CHAHINE

Ceux qui aiment les chemins de traverse en Normandie ou en Bretagne ont peut-être déjà croisé les traces de ces murs peints par la famille Ariès, fondatrice en 1913 de l’usine Le Mont St Michel, qui fabriquait des vêtements de travail aussi fonctionne­ls que durables. À l’image de Michelin et de ses pneus ou de Dubonnet et de ses apéritifs, l’entreprise avait compris la force du marketing et misait sur des images frappantes. Ainsi, dans les années 1940, elle fera peindre plus de 1 000 murs dans l’ouest de la France pour rendre visible son logo assorti de slogans tels que « Trois fois plus d’usage » ou « Les meilleurs vêtements ».

Elle fera d’ailleurs appel à de grands publicitai­res parisiens dans les années 1950 et 1960, comme la prestigieu­se agence Havas Champs-Élysées. Elle distribuer­a aussi ses objets siglés du logo qu’Alexandre Milan, l’actuel propriétai­re de la marque, a réussi à dénicher, comme une règle en bois à l’emblème de l’entreprise : « Nous avons fait un énorme travail à partir des archives collectées lors du rachat de l’usine en 1998, et nous continuons de récupérer des pièces. Récemment, un brocanteur nous a contactés car il avait trouvé des blouses d’écolières grises produites par Le

Mont St Michel dans les années 1950. » Si de nombreuses belles endormies ont vu leur nom récupéré pour construire une nouvelle identité, Alexandre Milan n’a, lui, presque rien changé et porte une indéfectib­le fidélité à l’esprit originel de l’usine. La veste de travail en moleskine 100 % coton (photo) qu’il a remise au goût de l’époque depuis quelques années est très similaire à celle qui a fait la réputation de la famille Ariès, seul le taillage a été adapté aux morphologi­es actuelles. Le logo aussi reste le même, la silhouette jaune du Mont-Saint-Michel sur un fond noir, il a juste été quelque peu affiné. C’est cette signature qui marque notamment les fameuses vestes de travail. « Nous y avons apporté quelques modificati­ons, mais très subtiles. Nous l’avons surtout harmonisé, car dans les archives on trouvait une trentaine de déclinaiso­ns du logo, dues à une variété d’imprimeurs plus qu’à une volonté en interne. » Difficile de savoir ce que les fondateurs avaient en tête lorsqu’ils ont choisi cet emblème, mais Alexandre Milan suppose que venir tous les matins à l’usine de Pontorson en passant au pied du Mont-Saint-Michel a dû leur donner des idées. « On a retrouvé des vêtements des années 1920 avec cette griffe sur l’étiquette, mais encore plus tôt sur des publicités et du papier à en-tête. »

Si, à l’époque, le Mont-Saint-Michel n’avait pas l’attrait touristiqu­e actuel, il est devenu le premier monument visité en dehors de l’Île-de-France, drainant, avant la crise sanitaire, 2,5 millions de visiteurs venus admirer l’îlot rocheux et sa baie qui connaît les plus grandes marées d’Europe occidental­e. C’est dire le rayonnemen­t internatio­nal de ce lieu à l’architectu­re si singulière, classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979. Une silhouette que l’on retrouve sur le logo de la marque de vêtements de travail historique, reconnue au premier coup d’oeil par les Français comme par les étrangers. Et qui, visible sur la poche des authentiqu­es vestes de travail, marque un attachemen­t à un certain savoir-faire

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