Budget : le logement pèse de plus en plus lourd
Le phénomène est mondial ! Premier poste dans le budget des ménages, le coût du logement s’envole. « Son poids dans les dépenses s’est accru en moyenne de plus de 20 % en vingt ans », souligne l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) dans son dernier rapport. En cause, la forte hausse des prix de l’immobilier.
La France est dans le groupe de tête des pays où la hausse a été la plus forte et où il faut consacrer le plus d’années de revenus disponibles pour se loger : 12,8 années en moyenne pour acquérir un 100-mètres carrés en 2020, contre 7,8 années en 2000 (voir graphique). Il faut dire que durant la période les prix de la pierre ont grimpé en moyenne de 88 %. En comparaison, il vaut mieux habiter en Allemagne (9,4 années de revenus).
Outre la pression démographique qui accroît la demande, et la faiblesse des taux des prêts qui pousse à l’achat, l’OCDE met en cause les avantages fiscaux. Une pierre de plus dans la croisade de la Cour des comptes qui dénonce périodiquement leur coût pour les finances publiques. Mais l’OCDE critique également les aides aux locataires. « Une grande partie est
captée par le propriétaire », souligne le rapport. L’OCDE préconise de leur substituer des aides à la rénovation du parc existant et à la construction de logements sociaux. L’organisation constate en effet un recul du nombre de biens mis à disposition ces dernières années : « En vingt ans, les investissements publics dans la construction de nouveaux logements ont chuté de moitié en moyenne dans l’OCDE. » Et cette dernière de préconiser de développer l’investissement public dans des logements sociaux à haute efficacité énergétique. L’OCDE rappelle que le secteur résidentiel représente 17% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, 37 % des émissions de particules fines, et que 80 % du parc de logements dans l’UE ont été construits avant 1990. « Le logement, c’est bien plus que le lieu où l’on habite, note Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE. C’est le poste le plus important du budget des ménages et un élément clé de la performance économique autant que du bien-être. » Sauf que d’autres freins contrarient les velléités des gouvernements. Et pourtant, s’étonne le rapport, « le capital est abondant ».
Autre proposition : la suppression des droits de mutation qui freinent la mobilité et leur remplacement par une hausse de la taxe foncière.
Enfin, le rapport plaide pour limiter le recours à l’encadrement des loyers « qui, sur la durée, peut amoindrir l’offre de logements locatifs et, en fin de compte, compliquer l’accès à la location, surtout pour les personnes dont les revenus sont faibles ou irréguliers ». ■