Les Noyés du Clain, de Thibaut Solano
Simon, étudiant à la ramasse, quitte ses parents et son bled – « C’est à côté de quelle ville ? C’est à côté de rien » – pour occuper une piaule de la cité U de Poitiers, ville traversée par le Clain. Vous ne le saviez pas, moi non plus. Pour alléger la charge financière pesant sur ses parents (son père perd la boule), il postule à un boulot de pigiste à L’Écho, un journal local. Il est chapeauté par Menot, un vieux briscard aux doigts jaunis par les Gitanes, qui lui apprend le b.a.-ba du métier, à savoir comment être sympa avec les élus du coin et copiner avec la maréchaussée. Le corps d’un étudiant est retrouvé dans le Clain et Simon trouve sa voie : il sera fait-diversier – comme l’auteur. Mais sa première enquête tourne court après un passage à tabac en règle. Onze ans et quatre noyés plus tard, chômeur et insomniaque chronique… mais journaliste professionnel, il revient à L’Écho et reprend son enquête là où il l’avait laissée. Thibaut Solano a écrit un livre qui ne se la raconte pas. Un livre « humble comme les racines de la rose »… comme j’ai vu écrit au-dessus du casier à clés d’un hôtel d’une province plombante, du style Poitiers, où j’ai naguère séjourné
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(Robert Laffont, « La Bête noire », 404 p., 17,90 €).
Du plomb dans l’eau « On se racontait des blagues qu’on avait entendues, on parlait (…) des filles qu’on ne séduirait jamais. On était peinards sans en être vraiment conscients. » (Les Noyés du Clain)