Le Point

My absolute Liv

- SOPHIE PUJAS

Résine, d’Ane Riel

« La chambre blanche était plongée dans l’obscurité quand mon père a tué ma grand-mère. J’étais là. » Dès les premières lignes de Résine, la Danoise Ane Riel nous plonge au plus noir de la nuit. Celle qui voit son père assassiner sa grand-mère est une petite fille, Liv. Elle est l’une des voix à travers lesquelles nous découvrons sa famille, qui vit dans une presqu’île et se barricade contre toute intrusion. Le père, Jens, trouvait refuge, enfant, dans les cercueils fabriqués par son père ébéniste. La mère, autrefois une ravissante jeune fille, désormais obèse, vit recluse dans un lit. « Je ne sais pas si je dois considérer notre vie comme un conte de fées ou comme un roman d’horreur. C’est peut-être les deux. J’espère que tu sauras entrevoir le conte de fées», avoue-t-elle à sa fille. Comment la folie a-t-elle progressiv­ement gagné le clan ? Le puzzle est aussi mystérieux que terrible. Car l’étrange famille entretient une relation sensuelle et puissante avec la nature environnan­te. Liv, ignorant que sa famille ne ressemble à aucune autre, raconte par-delà le bien et le mal. Dans la veine retorse de Misery et de My Absolute Darling, ce conte noir traduit dans une vingtaine de langues, adapté au cinéma et lauréat de plusieurs prix scandinave­s, envoûte, horrifique et macabre

Traduit du danois par Terje Sinding (Seuil, 302 p., 20 €).

« Puisqu’on la tuée dans l’obscurité, elle n’a rien dû sentir : c’est ce que j’ai pensé à l’époque. Et ça s’est passé très vite, car mon père a appuyé de toutes ses forces sur l’oreiller. » (Résine)

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