Souad Boutegrabet
Les Descodeuses
Le code comme arme de libération massive
Née dans le quartier Les Tilleuls à Orly, Souad Boutegrabet a créé en 2017 DesCodeuses, une association qui enseigne le code informatique à des femmes qui, souvent, n’avaient jamais entendu parler de cette discipline. Un combat né d’un constat : « Seulement 14 % des programmeurs sont des programmeuses alors que c’est une femme, Ada Lovelace [NDLR : la fille de Lord Byron], qui est considérée comme la mère de cette discipline. Quand vous tapez développeuse dans Google, c’est développeur qui s’affiche », explique la trentenaire.
Diplômée d’un IUT en management commercial et d’un master 2 en management à Créteil, Souad Boutegrabet commence par travailler à la Bred, avant de tout lâcher pour voyager. Aux États-Unis, elle découvre l’association Black Girls Code, qui promeut le code informatique. Aujourd’hui, DesCodeuses, qui reçoit un soutien financier d’entreprises (SAP France, BNP Paribas, Axa France…) comme de fondations (Raja, Vinci…), a ouvert des lieux d’apprentissage à Paris, Saint-Ouen, Lille et Marseille. On y apprend à coder en Java, en Javascript ou en Python, «des langages qui permettent de gérer des données en grande quantité », ce qui est souvent décisif dans les progrès de l’intelligence artificielle.
Si elle est gratuite, cette formation diplômante de six mois est très sélective : « Plus de 150 candidatures pour des promotions de 16 personnes. » L’objectif ? « Faire mentir la logique traditionnelle de l’éducation qui oriente les filles vers les métiers dits littéraires et réserve aux garçons les métiers plus techniques. » Le tout en donnant confiance. « Ce type d’initiative est crucial pour permettre à des personnes déjà engagées dans une vie professionnelle d’accéder à de nouveaux métiers», explique Joanna Kirk, l’une des responsables de StartHer, association de sensibilisation des femmes aux métiers de la tech. Silvia, 43 ans, a ainsi troqué son métier de traductrice pour devenir développeuse chez BNP Paribas. « Je veux former des gagneuses, capable de devenir des modèles», s’enthousiasme Souad Boutagrabet