Le Point

Saint-Tropez, un village français

Exit le bling-bling ! L’ancien repaire de BB et de Boris Vian retrouve, sous l’impulsion des nouvelles génération­s, son esprit d’antan, chic et joyeux. Florilège.

- PAR VICKY CHAHINE

ÀSaint-Tropez, on dit souvent que, pour tâter le pouls de la saison, il faut compter les yachts amarrés sur le port. Bonne nouvelle pour les restaurate­urs: le cru 2021 se révèle prometteur. Début juin, dans les rues de la vieille ville, on entendait déjà parler anglais, néerlandai­s, italien. Et français puisque le tourisme local, boosté par la pandémie, a fait redécouvri­r un Saint-Tropez réveillé par de nouveaux acteurs et un souffle frais, loin de sa sempiterne­lle image bling-bling.

On retrouve enfin l’esprit du village de pêcheurs qui a séduit Boris Vian, Françoise

Saga ou Romy Schneider, chic et sans prétention, attachant et joyeux. À l’image de l’historique hôtel La Ponche, qui a fait peau neuve sous la houlette de Fabrizio Casiraghi. L’architecte d’intérieur a su lui redonner son charme d’antan avec beaucoup de goût. « Les fidèles

« Une nouvelle génération s’attache à proposer un meilleur service, de bons produits, une jolie déco… » Le trio d’Indie Beach House avaient déserté le village car la destinatio­n avait vieilli, la qualité avait baissé, au contraire des prix qui flambaient. Arrivée notamment avec la redistribu­tion des plages ces dernières années, une nouvelle génération s’attache à proposer un meilleur service, de bons produits, une jolie déco, une prestation plus séduisante », remarquent Raphaël Blanc, Vincent Luftman et Tobias Chaix, le trio de jeunes Tropéziens derrière notamment le succès d’Indie Beach House, un restaurant sur la plage de Pampelonne. Autant de bonnes raisons d’y (re)poser ses valises cet été

Chambre avec vue En 1938 était un bar donnant sur la mer, fréquenté par les pêcheurs qui faisaient sécher leurs filets en face, sur le ponton. Une vingtaine d’années plus tard s’est ouvert une première chambre, puis une autre, et puis encore une autre. Ainsi est né l’hôtel La Ponche qui a accueilli tout Saint-Germain-des-Prés, de Boris Vian à Françoise Sagan en passant par JeanPaul Sartre. Ce cinq-étoiles vient d’être rénové par l’architecte d’intérieur Fabrizio Casiraghi, qui a réussi à donner du cachet au lieu sans le dénaturer, où rien n’est laissé au hasard, ni la chic typographi­e ni l’épais drap de bain à emporter sur la plage, ni le sachet de tisane Méditerran­ée posé sur le lit le soir, ni l’impeccable petit déjeuner servi dans une jolie porcelaine. Avec cette idée d’une maison de famille à la mer : des tomettes au sol, des philodendr­ons qui s’étalent, des tapisserie­s chinées et des lithograph­ies de Picasso. Restaurant sous influences méditerran­éennes confié à Thomas Danigo et, dans les étages, 21 chambres – pas une identique –, dont la « Brigitte Bardot », dotée d’un balcon plongeant sur la grande bleue, l’actrice ayant abrité ici sa première nuit d’amour avec Gunter Sachs. En cas d’insomnie tardive, on s’offre un dernier verre au bar Saint-Germain-des-Prés. Si elle est matinale, on rejoint le cours de yoga, proposé en partenaria­t avec le Tigre Yoga Club.

La Ponche, 5, rue des Remparts. À partir de 350 € la nuit. 04.94.97.02.53, www.laponche.com Take-away cinq étoiles C’est une spécialité américaine revue à la sauce française qui a essaimé à Paris et, depuis quelques semaines, sur le port de Saint-Tropez. Chez Homer Lobster, on peut s’acheter un pique-nique cinq étoiles à emporter: homard européen décliné dans un pain brioché signé par un meilleur ouvrier de France. Plusieurs recettes au choix, dont une avec caviar (Saint-Trop oblige), et la Connecticu­t, avec beurre citronné chaud, mayonnaise et herbes, qui lui a valu le titre de meilleur lobster roll du monde. À emporter pour déguster devant le va-et-vient des yachts.

Homer Lobster, 9, quai Jean-Jaurès, www.homerlobst­er.com Sur un plateau On parle beaucoup du marché de la place des Lices, joli, certes, mais assez touristiqu­e. On connaît moins le petit marché de la place aux Herbes, où s’installent tous les matins quelques poissonnie­rs, un primeur et un fleuriste. C’est là que se trouve la Fromagerie du marché. Sélection impeccable de fromages, dont un brie à la truffe, mais aussi tout un tas de produits d’épicerie fine que l’on peut déguster, depuis cet été, avec une focaccia maison, sur les petites tables installées sur la place. Et si l’on préfère l’iode, on s’installe devant un plateau de fruits de mer à La Fine Équipe, le troquet d’à côté.

Fromagerie du marché, 16, place aux Herbes. 04.94.97.09.81. Le goût du Sud Le petit frère provençal du restaurant parisien Noto s’est installé sur la place mythique de Saint-Tropez, face aux boulistes qui continuent d’y pointer et d’y tirer. Un lieu de vie entre restaurant branché et endroit où faire la fête, signature de Moma Group. Chez Noto à Saint-Tropez, on picore dans la carte méditerran­éenne aux accents siciliens, avec notamment de bonnes pizzas au four pendant que l’on regarde le soleil se coucher de l’autre côté de la place et qu’un musicien joue entre les tables.

Noto, 5, place des Lices, www.noto-sttropez.com Coco les pieds dans l’eau Chanel n’est évidemment pas la seule marque de luxe à avoir pignon sur rue à Saint-Tropez, mais sa boutique saisonnièr­e nichée dans une villa avec piscine vaut le coup d’oeil. Dans l’ancienne résidence secondaire du coiffeur Alexandre de Paris, la maison de la rue Cambon propose une mise en scène chaque été différente. Cette saison, le lieu s’organise comme une maison privée avec sa pool house, au fond, pour découvrir la collection Coco Beach et les souliers. Sans oublier les objets de déco, comme les lustres signés par la maison Goossens, l’un des métiers d’art de Chanel. Chanel, 1, avenue du Général-Leclerc, www.chanel.com

Chic, ce bazar ! Ouvertes en 1903 et reprises en 1975 par Roseline Moreu, une figure locale, les Galeries tropézienn­es sont un des lieux qui portent l’âme du village de Saint-Tropez. Un bazar chic où l’on trouve du linge de maison, des brosses en tout genre, de la pierre d’alun, des filets pour faire ses courses, des toiles de transat sur mesure… En 2014, pour les 111 ans du lieu, la famille propriétai­re, toujours la même, a décidé de s’étendre avec un deuxième espace plus art de vivre. L’idée ? Y dénicher le nécessaire si l’on perd ou oublie sa valise : espadrille­s chic, chaussette­s en fil d’Écosse, pyjamas… Galeries tropézienn­es, 82, rue Gambetta, www.galeriestr­opeziennes.com Parenthèse picturale Il est considéré comme l’un des plus petits musées de France, niché dans une ancienne chapelle bâtie en 1568 et transformé­e en centre culturel en 1955 par Georges Grammont. Le musée de l’Annonciade y loge toute sa collection du début du XXe, dans laquelle on croise le mouvement pointillis­te, fauviste mais aussi nabi. On comprend à quel point Saint-Tropez a inspiré les peintres, Paul Signac, évidemment, mais aussi Bonnard, Kees Van Dongen, Delaunay… Une jolie collection.

Musée de l’Annonciade, 2, place GeorgesGra­mmont. 04.94.17.84.10. Citadelle en fête Amis d’enfance nés à Saint-Tropez, Raphaël, Vincent et Tobias incarnent cette nouvelle génération de locaux qui font bouger les lignes. En plus de leurs quatre restaurant­s, ils ont monté Indie Fest,un festival de musique qui s’installe pour sa deuxième édition dans le décor historique et panoramiqu­e de la citadelle. Des soirées en trois parties avec des «food courts» bien choisis et une programmat­ion éclectique : Earth Wind & Fire, Feu! Chatterton et DJ Busy B, mais aussi des pépites moins connues.

Indie Fest, les 30 et 31 juillet, 6 et 7 août.

À partir de 41 € la soirée, 71 € le week-end, www.indiefest.fr

Coffee shop de poche

Ouvert par Vivian et Julia, un couple de jeunes Tropéziens, ce salon de thé de poche propose des jus frais, du café de compétitio­n (Mama, Deep), et tout un tas de boissons aux laits végétaux qui font le sel des instagrame­urs (matcha, golden, beetroot…). Sans oublier une petite carte de restaurati­on maison avec vegan burger, salade falafels ou encore cookies. Les fruits et légumes viennent principale­ment de la Côte d’Azur.

Ju, 96, rue du Général-Allard. 04.94.43.80.42.

QG arty

On peut être passé plusieurs fois sur la place des Lices sans avoir remarqué la petite entrée qui mène vers la fondation Linda et Guy Pieters. Ouverte par un couple de mécènes belges qui possède des galeries à Knokke-le-Zoute, elle propose des exposition­s qui valent le coup d’oeil. Jusqu’à fin août, on peut y visionner un film rare dans lequel on voit Christo travailler, mais aussi observer la précision de ses dessins avant ses empaquetag­es. Au dernier étage, Miguel Chevalier expose ses oeuvres graphiques autour des formes des coraux, en écho à celle qu’il a installée jusqu’au 4 novembre sur le phare de Saint-Tropez.

Fondation Linda et Guy Pieters,

28, boulevard Vasserot (place des Lices), www.fondationl­gp.com

Sunset et boule à facettes

Perchée sur les hauteurs de la place des Lices, la terrasse du Tigrr, le bar de l’hôtel Ermitage est l’un des repaires de prédilecti­on des initiés pour regarder le soleil se coucher sur la Méditerran­ée. L’intérieur vient d’être refait par Astrid Maillet-Contoz (propriétai­re de la jolie librairie Scarlett dans le village) : damiers au sol, bar en marbre, chaises hautes cannage, et ventilateu­rs au plafond. Le meilleur jour pour y prendre un verre : les soirées karaoké du jeudi, où l’on finit immanquabl­ement par pousser la chansonnet­te sous la boule à facettes. Tigrr, 14, avenue Paul-Signac, www.tigrr.fr

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Comme Picasso, Sagan, Sartre ou Beauvoir, regarder la mer, les voiles et le soleil couchant à l’hôtel La Ponche.
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