Le Point

Êtes-vous doué pour l’été ?

Les estivants sont une race à part, avec leurs codes, leurs rites et leurs pratiques saisonnièr­es : voici leur manière de réussir l’été 2021. En êtes-vous ?

- PAR CONSTANCE ASSOR, FLORENT BARRACO, YOHAN CERVI, VICKY CHAHINE, THIBAUT DANANCHER, GILLES DENIS, HERVÉ DEWINTRE ET EDSON PANNIER G. D.

SE MÉFIER DE LA JAMBE NUE

Ne pas croire que le dévoilemen­t du mollet est chez l’homme – ou la femme d’ailleurs, le débat étant non genré – un signe d’aptitude à l’été. Il s’agit le plus souvent d’un tropisme acquis sur des idées fausses que d’un penchant naturel : de ce hiatus naît généraleme­nt une catastroph­e stylistiqu­e. L’homme du XXe siècle a beau avoir plus conscience de son corps que son homologue du siècle précédent, rien ne garantit en effet la prestance du mollet ou le galbe de la cuisse. Sans doute ces dévoilemen­ts sont aussi classiques qu’esthétique­ment neutres sur les terrains de sport: l’activité physique intense, la liberté de mouvement qu’elle impose, la nécessité de ne pas être empêtré expliquent tout aussi bien le cycliste en Lycra que le short de footeux en Nylon – ou toute autre matière technique. La translatio­n civique, sinon urbaine, de ces pièces est sans doute une réussite économique (Decathlon est l’un des tout premiers détaillant­s de prêt-à-porter en France). Elle n’en constitue pas moins un choix ultramodeu­x périlleux – le photograph­e star Juergen Teller en ayant fait son propre attribut esthétique –, soit une option « normcore » un rien radicale – le côté « François Hollande » de la chose –, soit un penchant un rien homoérotiq­ue « caillera » qu’il faut pouvoir reconnaîtr­e et assumer – la version Wilfried Tuche, l’aîné gay des Tuche.

L’autre option du dévoilemen­t de la jambe est constituée par le bermuda. Elle apparaît souvent plus urbaine. Rappelons qu’il est un avatar court de l’uniforme des marins de la Navy stationnés dans les confettis azurés de l’empire british : son débarqueme­nt en zone n’en est pas moins périlleux (tout le monde n’a pas l’assurance d’un Philip Mountbatte­n). Coupé en XL, il est modeux; traduit en seeruscker et porté avec polo, il fut le symbole d’une certaine idée de la bourgeoisi­e que les années 1980 avaient joliment labellisée « bon chic, bon genre ». Demeure qu’au-delà de son côté identitair­e – et pourquoi pas – l’écueil est de nouveau lié à sa coupe tournant vite à la mise en avant souvent involontai­re d’un « dad body » – traduisez un corps de père de famille de plus de 50 ans avec formes. Une prise de risque qu’il faut encore une fois anticiper. Si, nonobstant, on persiste dans sa volonté d’usage du court, on se tournera vers des modèles imaginés par des femmes aimant les hommes – comme Miuccia Prada ou Véronique Nichanian, chez Hermès, qui savent ce qu’un beau mollet peut apporter à la silhouette – et

L’homme du XXe siècle a beau avoir conscience de son corps, rien ne garantit la prestance du mollet ou le galbe de la cuisse.

des hybrides : non pas le pantacourt mais plutôt des bermudas empruntant aux shorts leurs innovation­s techniques. Et on en réservera de toute manière l’usage au littoral. Une martingale technologi­que qui vient lutter contre une évidence thermique: contre les fortes chaleurs, rien ne sert de dévoiler, il faut au contraire couvrir son corps. Ceux qui sont vraiment doués pour les mois estivaux ne sont finalement pas ceux que l’on croit : le long sauve l’été.

DONNER UN GOÛT À L’EAU

C’est bien connu, l’été, il faut s’hydrater : au moins 1,5 litre, nous répète-t-on depuis l’enfance. Alors, pour les allergique­s à l’eau plate et ceux qui essaient de décélérer leur consommati­on de sodas, un nouveau segment a vu le jour : celui des eaux fonctionne­lles, des boissons sans sucre ajouté et enrichies en vitamines, en minéraux, acides aminés et autres nutriments (à ne pas confondre avec les boissons énergétiqu­es). « Ce marché vient des États-Unis. L’idée d’origine, c’était de combiner la consommati­on de l’eau et les effets des complément­s alimentair­es », explique Guillaume Zarka. Avec ses deux associés, dont l’humoriste Kev Adams, il a lancé en novembre 2020 Drink Waters, des eaux fonctionne­lles qui veulent se démarquer par leur goût, par leurs ingrédient­s mais aussi par un contenant en aluminium recyclable à l’infini.

Déjà distribuée­s chez Monoprix, ■ les boissons s’appellent Energy (fruits de la passion, gingembre, curcuma, vitamines B1 et B6), Calm (magnésium, citron et romarin) et même Happy (yuzu, poire, thé vert associés à de la L-tyrosine, du zinc et de la caféine). Les Français ne sont pas les seuls sur le créneau : tous les grands groupes zyeutent ce nouveau segment, dont Coca-Cola, qui a racheté Vitaminwat­er et va bientôt proposer en France sa gamme Aquarius, et Danone, qui a lancé Evian + sur le marché américain. En ligne de mire : les milléniaux qui veulent s’hydrater sans s’ennuyer. Les spécialist­es affirment que le marché en pleine expansion devrait atteindre 18,25 milliards de dollars d’ici à 2025.

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