Êtes-vous doué pour l’été ?
Les estivants sont une race à part, avec leurs codes, leurs rites et leurs pratiques saisonnières : voici leur manière de réussir l’été 2021. En êtes-vous ?
SE MÉFIER DE LA JAMBE NUE
Ne pas croire que le dévoilement du mollet est chez l’homme – ou la femme d’ailleurs, le débat étant non genré – un signe d’aptitude à l’été. Il s’agit le plus souvent d’un tropisme acquis sur des idées fausses que d’un penchant naturel : de ce hiatus naît généralement une catastrophe stylistique. L’homme du XXe siècle a beau avoir plus conscience de son corps que son homologue du siècle précédent, rien ne garantit en effet la prestance du mollet ou le galbe de la cuisse. Sans doute ces dévoilements sont aussi classiques qu’esthétiquement neutres sur les terrains de sport: l’activité physique intense, la liberté de mouvement qu’elle impose, la nécessité de ne pas être empêtré expliquent tout aussi bien le cycliste en Lycra que le short de footeux en Nylon – ou toute autre matière technique. La translation civique, sinon urbaine, de ces pièces est sans doute une réussite économique (Decathlon est l’un des tout premiers détaillants de prêt-à-porter en France). Elle n’en constitue pas moins un choix ultramodeux périlleux – le photographe star Juergen Teller en ayant fait son propre attribut esthétique –, soit une option « normcore » un rien radicale – le côté « François Hollande » de la chose –, soit un penchant un rien homoérotique « caillera » qu’il faut pouvoir reconnaître et assumer – la version Wilfried Tuche, l’aîné gay des Tuche.
L’autre option du dévoilement de la jambe est constituée par le bermuda. Elle apparaît souvent plus urbaine. Rappelons qu’il est un avatar court de l’uniforme des marins de la Navy stationnés dans les confettis azurés de l’empire british : son débarquement en zone n’en est pas moins périlleux (tout le monde n’a pas l’assurance d’un Philip Mountbatten). Coupé en XL, il est modeux; traduit en seeruscker et porté avec polo, il fut le symbole d’une certaine idée de la bourgeoisie que les années 1980 avaient joliment labellisée « bon chic, bon genre ». Demeure qu’au-delà de son côté identitaire – et pourquoi pas – l’écueil est de nouveau lié à sa coupe tournant vite à la mise en avant souvent involontaire d’un « dad body » – traduisez un corps de père de famille de plus de 50 ans avec formes. Une prise de risque qu’il faut encore une fois anticiper. Si, nonobstant, on persiste dans sa volonté d’usage du court, on se tournera vers des modèles imaginés par des femmes aimant les hommes – comme Miuccia Prada ou Véronique Nichanian, chez Hermès, qui savent ce qu’un beau mollet peut apporter à la silhouette – et
L’homme du XXe siècle a beau avoir conscience de son corps, rien ne garantit la prestance du mollet ou le galbe de la cuisse.
des hybrides : non pas le pantacourt mais plutôt des bermudas empruntant aux shorts leurs innovations techniques. Et on en réservera de toute manière l’usage au littoral. Une martingale technologique qui vient lutter contre une évidence thermique: contre les fortes chaleurs, rien ne sert de dévoiler, il faut au contraire couvrir son corps. Ceux qui sont vraiment doués pour les mois estivaux ne sont finalement pas ceux que l’on croit : le long sauve l’été.
DONNER UN GOÛT À L’EAU
C’est bien connu, l’été, il faut s’hydrater : au moins 1,5 litre, nous répète-t-on depuis l’enfance. Alors, pour les allergiques à l’eau plate et ceux qui essaient de décélérer leur consommation de sodas, un nouveau segment a vu le jour : celui des eaux fonctionnelles, des boissons sans sucre ajouté et enrichies en vitamines, en minéraux, acides aminés et autres nutriments (à ne pas confondre avec les boissons énergétiques). « Ce marché vient des États-Unis. L’idée d’origine, c’était de combiner la consommation de l’eau et les effets des compléments alimentaires », explique Guillaume Zarka. Avec ses deux associés, dont l’humoriste Kev Adams, il a lancé en novembre 2020 Drink Waters, des eaux fonctionnelles qui veulent se démarquer par leur goût, par leurs ingrédients mais aussi par un contenant en aluminium recyclable à l’infini.
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Déjà distribuées chez Monoprix, ■ les boissons s’appellent Energy (fruits de la passion, gingembre, curcuma, vitamines B1 et B6), Calm (magnésium, citron et romarin) et même Happy (yuzu, poire, thé vert associés à de la L-tyrosine, du zinc et de la caféine). Les Français ne sont pas les seuls sur le créneau : tous les grands groupes zyeutent ce nouveau segment, dont Coca-Cola, qui a racheté Vitaminwater et va bientôt proposer en France sa gamme Aquarius, et Danone, qui a lancé Evian + sur le marché américain. En ligne de mire : les milléniaux qui veulent s’hydrater sans s’ennuyer. Les spécialistes affirment que le marché en pleine expansion devrait atteindre 18,25 milliards de dollars d’ici à 2025.