REVENIR AU CORAIL
Est-ce sa naissance marine ? Est-ce sa flamboyance? Est-ce son tropisme sicilien? Le corail rime avec l’été. Longtemps considéré comme une plante, cet organisme marin est un animal aquatique de la même famille que les anémones de mer. Sa particularité : il sécrète son propre squelette, minéralisé et rigide, qui par accumulation construit des récifs bien vivants, prospérant dans les eaux chaudes. Sa rareté et ses vertus supposées lui ont permis de servir de monnaie d’échange, de s’incarner en talisman ou de s’épanouir dans l’édification d’objets d’art, liturgiques ou profanes, destinés à rejoindre les trésors des églises ou les cabinets de curiosités princiers.
Si le plus illustre centre de production d’oeuvres en corail a longtemps été Trapani, en Sicile, la joaillerie française a depuisprissarevanchedemanièreéclatante. Cartier l’affirme clairement: le corail a activement participé au développement stylistique de la maison depuis le début du XXe siècle. Il faut dire que la couleur de ce matériau hors norme se prêtait aussi bien à l’esthétique orientaliste exaltée par les Ballets russes qu’aux créations structurées mais sensuelles de l’Art déco. Cette couleur continue de flamboyer dans des créations contemporaines qui s’autorisent la confrontation des pierres scintillantes ou nacrées. Les clientes les plus audacieuses du joaillier – la duchesse de Windsor, Ganna Walska ou Maria Felix – ne s’y sont pas trompées et ont toutes succombé au charme brûlant de ces bijoux décrits par le baron Adolf de Meyer comme « plutôt dangereux ». À tenter.