Le Point

Cinéma - Du crack chez les mollahs (« La Loi de Téhéran »)

- JEAN-LUC WACHTHAUSE­N

Tout commence par une longue course-poursuite dans les rues de Téhéran entre un flic et un trafiquant qui disparaît, enseveli par une pelleteuse. Tout s’achève en apocalypse. Images chocs de La Loi de Téhéran (ou Just 6,5 en anglais, soit 6,5 tomans, le prix d’un linceul), thriller survolté du cinéaste Saeed Roustayi, vanté par William Friedkin en personne. En deux heures et dix minutes, le réalisateu­r iranien nous plonge au coeur du narcotrafi­c local. Les chiffres sont vertigineu­x : près de 6,5 millions de consommate­urs de crack sur une population de 80 millions d’habitants. Pourtant, en Iran, la sanction pour possession de drogue est la peine de mort, que l’on ait 50 grammes ou 50 kilos. Mais la répression n’y fait rien.

Teigneux, malin, parfois expéditif, Samad, un flic des stups (Payman Maadi, remarqué dans Une séparation, d’Asghar Farhadi), réussit à mettre la main sur un des cerveaux du trafic, Nasser K (Navid Mohammadza­deh), mais rien n’est réglé pour autant. Nous voici dans le monde parallèle des dealers où tout se vend et s’achète, avec la police confrontée à une nébuleuse de petites mains qui remplissen­t les prisons. À Téhéran comme partout dans le monde, le crack fait sa loi – du marché. Le scénario, connu, a valeur ici de documentai­re, amplifié par des mouvements de caméra au plus près des personnage­s. Nasser a beau être un dur à cuire, il se retrouve vite dépassé par une situation qui lui échappe, comme elle échappe aux autorités. Misère et fatalisme. L’addiction est plus forte que tout et ronge une société où la corruption est toujours un argument de négociatio­n

La Loi de Téhéran, en salle le 28 juillet.

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