Évasion – Ibiza, côté nord
Loin du boum-boum et des clichés, voici l’insularité chic de l’arrière-pays. À goûter d’urgence en été comme en arrière-saison.
Les amateurs de rural chic se retrouvent dans un triangle de terres ocre, d’églises blanches et d’oliviers entre les villages de San Miguel, Santa Gertrudis de Fruitera et Santa Agnes de Corona. À Ibiza, ils choisissent le versant nord, secteur le moins peuplé et le plus sauvage de l’île avec ses champs d’amandiers, de figuiers, de caroubiers, ses exploitations agricoles, son patrimoine remontant aux Étrusques, ses cultures en terrasses dans la vallée de Buscastell ou celles croisées le long de la route de Cami des Pla de Corona, dans le nordouest de l’île, sans oublier sa côte échancrée aux splendides plages sablonneuses.
DÉJEUNER EN TERRASSE
C’est un classique, une valeur refuge. Françoise Pialoux reçoit ses hôtes comme à la maison. Le restaurant Les Terrasses (qui fait aussi hôtel), à Santa Eulalia, accueille ses habitués depuis la fin des années 1980. On dîne dans les jolis jardins. Et, le mardi, l’appel du couscous, qui se prépare la veille en un rituel immuable, se propage dans toute l’île – il est indispensable de réserver. Les autres jours ? Crustacés, poulpes, rougets ou tajines d’agneau au menu et, pour les plus assidus, des cours de cuisine.
À partir de 45 € le dîner. www.lesterrasses.net/fr
PIEDS DANS L’EAU
En explorant les petites criques du nord et les plages peu fréquentées, il est tentant de rendre visite à Rozemarijn de Witte et Pierre Traversier. Ce couple d’esthètes franco-néerlandais a redonné vie à Los Enamorados, un établissement de Portinatx datant des années 1960, en créant une jolie table face à la mer, neuf chambres dans les étages et un concept store au rez-de-chaussée. On y retrouve l’élégance éclectique du décorateur Jonathan Adler. L’accueil très chaleureux du couple et son goût des belles choses chinées un peu partout en Méditerranée ont replacé le petit village balnéaire
un peu rétro parmi les étapes à ne pas manquer à Ibiza. www.losenamoradosibiza.com
PARFUMS D’ITALIE
Ne craignons pas les références croisées, Bottega il Buco se révèle italo-américaine au sein du village typiquement espagnol de Santa Gertrudis de Fruitera. L’épicerie et le petit restaurant, propriété d’une New-Yorkaise amoureuse de l’Italie et d’Ibiza, ont su gagner leur place au soleil par l’excellence des produits proposés. On vient de loin pour acheter les focaccias, s’emparer du dernier arrivage d’huile d’olive de Sicile, faire le plein de tapenade et de tomates séchées. Une poignée de tables dressées pour une cuisine italienne du jour qui se marie parfaitement avec le climat baléarique.
Tous les jours à partir de 10 heures. www.ilbuco.com
SYMPHONIE PASTORALE
Atzaro livre ses jardins sur 13 hectares, dont une grande partie est exploitée en verger. L’ancienne finca trois fois centenaire de Santa Eulalia se pique d’une décoration évoquant les traditions pastorales des Baléares tout en cédant à quelques digressions orientales et asiatiques, rappelant que l’île a été depuis l’Empire romain une terre d’accueil de grands voyageurs. Habillées de bois rustiques, de plafonds en genévrier, agrémentées de jardins qui débordent de fleurs, les chambres, toutes différentes, s’éparpillent dans la propriété. L’hôtel est également réputé pour son spa et ses cours de yoga.
À partir de 230 € la nuit. www.atzaro.com
ART CHAMPÊTRE
Guillermo Romero Parra est un des galeristes les plus en vue de Madrid. Depuis 2013, il ouvre tout l’été Parra & Romero, un espace secondaire à Ibiza près de Santa Gertrudis de Fruitera dans un ancien hangar agricole. Le lieu spectaculaire est idéal pour exposer les oeuvres grand format des artistes représentés. On n’hésite pas à utiliser les champs aux alentours pour prolonger les expositions, une porte de miroirs réalisée par
Stefan Brüggemann y a affronté la canicule avant de partir pour la Fiac, à Paris, en 2016.
Du lundi au samedi, de 18 heures à 22 heures ou sur rendez-vous. www.parra-romero.com
FOULE SENTIMENTALE
Les tropismes décoratifs d’Ibiza fluctuent entre différentes nostalgies, notamment Goa et Bali, du temps où les premiers hippies quittaient les Baléares l’hiver pour ces contrées chaudes. Alberto Cortez, propriétaire de Ksar Living, à San Lorenzo de Balafia, cultive cette inclination au voyage, partageant sa vie de décorateur entre l’Indonésie, le Maroc, Minorque et Ibiza. Le mobilier et les objets de sa boutique reflètent son goût pour l’artisanat et le métissage des architectures d’intérieur. Ici, les chaises modernistes espagnoles se mêlent aux grandes tables traditionnelles en bois de la région sous le regard des statuettes indonésiennes Sumba.
Du lundi au vendredi, de 10 heures à 18 heures. www.ksarliving.com