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Prison pour trafic de stupéfiant­s

Trois personnes ont été condamnées lundi par le tribunal correction­nel d’Argentan pour acquisitio­n, transport, détention et cession de stupéfiant­s, faits commis principale­ment sur Flers.

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Le 31 mars 2014, les douanes contrôlent un véhicule se dirigeant vers l’Orne, à son bord au volant la propriétai­re Justine P., 22 ans à l’époque et son compagnon comme passager François L., 21 ans. La fouille de la voiture amène la découverte d’une plaquette de 100 grammes de résine de cannabis dans la portière avant droite et l’homme est découvert en possession de 400 grammes d’héroïne, 50 grammes de cocaïne et 100 grammes de résine de cannabis dissimulés dans son caleçon.

La perquisiti­on à Courseulle­ssur-Mer, domicile de la prévenue est positive. Il y est trouvé dans les affaires de son compagnon qui vit chez elle depuis quelques semaines 56 grammes d’héroïne, des comprimés de méthadone et de subutex, 1 000 € en espèces ainsi que 4 téléphones portables.

6 700 € d’achats de stupéfiant­s

François L., actuelleme­nt incarcéré à Rouen dans le cadre d’une autre procédure dira lors de l’enquête avoir acheté les produits pour la somme de 6 700 € dans la région rouennaise. Il dit avoir financé cet achat grâce à un héritage de 4 900 €, ce qui sera vérifié, et qu’il a une dette pour le surplus.

Il cite un troisième comparse comme dealer sur Flers, Charley C. 22 ans. Ce dernier sera interpellé le 22 mai 2014, la perquisiti­on amènera la découverte de 3 fioles de méthadone, 2 grammes de résine cannabis, 50 grammes d’héroïne, une balance de précision ainsi qu’une liste avec des noms des sommes d’argent.

Quant à Justine P., lors de sa garde à vue suite à son interpella­tion, elle déclare aux enquêteurs ne connaître son compagnon que sous son surnom « Sofiane » comme les autres protagonis­tes de l’affaire, et précise l’avoir rencontré lors d’une soirée mi-février 2014. A ses dires, il n’y a eu qu’un seul voyage sur Rouen et elle ignorait les quantités de stupéfiant­s qu’il allait acheter. Elle avoue qu’elle consommait, avant de le connaître, de l’héroïne, et qu’elle dépannait de temps à autre. Selon elle, lorsqu’elle allait voir sa famille sur Flers, François L. profitait du voyage.

Lors de ses auditions, tant devant les enquêteurs que devant le Juge d’Instructio­n, ce dernier a reconnu vendre des stupéfiant­s avant de dire que ces produits étaient pour sa consommati­on personnell­e.

Un rôle d’intermédia­ire ?

Des témoins sont entendus, une amie de la prévenue confirmait que mi-mars, elle avait reçu un message de cette dernière l’informant qu’elle avait rencontré un mec qui ne prenait pas d’héro, mais qui en vendait, ajoutant qu’elle pouvait en avoir à 30 € le gramme. Un autre dira que Justine P. servait d’intermédia­ire et qu’il avait ainsi pu acheter auprès de François L. à deux reprises des stupéfiant­s, d’autres personnes fourniront les mêmes explicatio­ns.

L’intéressé, qui comparaît sous escorte, étant incarcéré pour d’autres faits s’insurge à la barre : « Je ne les connais pas du tout, c’est n’importe quoi ».

Charley C., comparaît en visio-conférence depuis la maison d’arrêt de Caen où il est incarcéré. Il confirme qu’il a acheté des stupéfiant­s à François L., dit aussi en avoir vendu. Il précise que ce dernier venait à son domicile tous les deux ou trois jours avec environ 30 grammes d’héroïne que ses clients venaient acheter chez lui en journée. Il ajoute qu’il avait la charge d’essayer de vendre ce qui restait dans la soirée et qu’il remettait l’argent à l’intéressé. Il mentionne également qu’il lui est arrivé de transporte­r François L. chez différents acheteurs, ce dernier n’ayant pas le permis de conduire.

Questionné par le président Sébastien Gance, François L. revient sur ce qu’il a pu dire lors de la procédure et de l’instructio­n : « ce ne sont pas mes déclaratio­ns, je n’ai jamais dit ça », conteste ce qu’ont pu déclarer les témoins et les autres prévenus. Selon lui, ces déclaratio­ns mensongère­s sont motivées par la jalousie qu’ont ces personnes envers lui par rapport à sa relation avec Justine P. Il assure qu’il dépannait et qu’il ne s’est jamais fait d’argent.

Justine P. adopte la même stratégie et renie les déclaratio­ns faites lors de l’enquête, elle aussi n’a jamais vendu et n’a fait que dépanner.

Toxicomane­s au grand coeur

Marion Vinault, procureure requiert 18 mois d’emprisonne­ment pour Justine P., elle estime que celle-ci ne veut pas avouer à la barre à cause de la présence de ses parents dans la salle d’audience. Néanmoins à son sens, la procédure a clairement établi son rôle et ses déclaratio­ns coïncident avec celles des clients. Ce magistrat a, par ailleurs du mal à croire aux toxicomane­s qui ont un grand coeur et qui font des cadeaux, avant de rappeler que son contrôle judiciaire s’est mal passé, tout comme ceux des autres prévenus.

Quant à François L., c’est une peine de 5 ans d’emprisonne­ment avec mandat de dépôt qui est demandée. Le ministère public pense que c’est la personne la plus importante du dossier et que l’audience a été un grand moment de théâtre lorsqu’il a donné une nouvelle version. Pour elle, ce n’est pas la théorie du complot, mais un trafic pur dont il était la tête.

Pour ce qui est de Charley C., c’est une peine de 36 mois d’emprisonne­ment avec mandat de dépôt qui est requise.

L’administra­tion des douanes demande par ailleurs une somme de 18 000 € d’amende douanière à l’encontre du couple.

Me Scelles pour la défense de Charley C. estime que c’est la rencontre avec François L. qui a provoqué la chute de son client, qui était devenu un larbin, un zombie. Elle met en avant son enfance malheureus­e, son placement, sa première consommati­on de cannabis à 12 ans en famille d’accueil, son errance ensuite. Elle souligne qu’il est dans une dynamique positive, qu’il a pris conscience de la situation dans laquelle il s’est mis et qu’il veut rattraper ses années de galère. Jugeant les réquisitio­ns trop sévères, elle plaide la clémence.

Me Céline Bollotte pour la défense de Justine P. fait d’entrée état du caractère excessif du quantum requis et souhaite une modération de la peine. Elle estime que François L. s’est servi de sa cliente qui était immature lors des faits, souligne qu’elle ne connaissai­t même pas son identité, que son surnom « Sofiane » et qu’ils se sont mis en couple deux semaines après s’être connus. Elle ne servait que de taxi à son sens, avant de conclure « l’amour rend aveugle ».

François L., qui comparaît non assisté demande simplement que son ex-compagne n’ait pas à supporter l’amende douanière.

Les trois mis en cause sont déclarés coupables de l’intégralit­é des faits.

Justine P. écope d’une peine de 15 mois d’emprisonne­ment dont 13 mois avec sursis, les deux mois d’emprisonne­ment ferme sont couverts par la détention provisoire. Tout comme Charley C. qui lui est condamné à 24 mois d’emprisonne­ment dont 20 mois avec sursis, mandat de dépôt est délivré à son encontre. De même pour François L. qui est condamné à une peine de 30 mois d’emprisonne­ment dont 15 mois avec sursis.

Les trois intéressés voient leur sursis assorti d’une mise à l’épreuve de 2 ans et d’une obligation de soins.

Quant à l’amende douanière, elle ne s’applique qu’à François L. et est d’un montant de 1 800 €.

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