Le Publicateur Libre

L’Entreprise TTA joue la carte de la pédagogie avec ses salariés

L’entreprise TTA* a consacré la matinée du 2 juin à une action aussi inédite qu’originale dans le cadre de la prévention du risque routier par l’OPPBTP*, une structure créée en 1947 du fait d’une accidentol­ogie plus élevée dans ce secteur d’activité.

-

Outre les 60 employés de la TTA, 15 ouvriers de la Menuiserie Deslandes et 6 de Loret Charpente ont participé à ces ateliers de prévention. Les salariés ont été briefés par : des représenta­nts de la gendarmeri­e mobile d’Alençon ; Lionel Fedecki, chef du bureau Sécurité Routière de la préfecture ; Xavier Bellenger, responsabl­e prévention à l’OPPBTP ; Daniel Leborgne, technicien prévention santé des services de Santé au Travail ; et le Dr Karine Seynave, médecin du travail.

« Le risque routier est de loin le risque principal dans le BTP, souvent lié aux déplacemen­ts de poids-lourds, fourgons et engins divers, note Lionel Fedecki. Leur masse et leur chargement en font un risque potentiel majeur d’accidents routiers. Dans les plus graves, un nombre important de véhicules industriel­s sont impliqués, ce qui ne signifie pas qu’ils sont forcément responsabl­es. Dans l’Orne, en 2015, 11 poids-lourds ont été concernés lors de 26 accidents ».

Sensibilis­er

Le timing de la matinée a été divisé entre 5 ateliers de mise en situation. La gendarmeri­e a présenté les appareils de contrôle de vitesse, d’alcoolémie et stupéfiant­s et exposé son rôle dans la coordinati­on des transports. Ce premier atelier a permis aux conducteur­s de PL d’évoquer certains comporteme­nts inconscien­ts, comme celui de ce routier « qui fait sa coupure à 4 h 30 du matin sur une bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, à 2,5 km d’un lieu de stationnem­ent. Une voiture est venue s’y encastrer et le conducteur a perdu la vie ».

Pour ne pas rester que dans le théorique, des ateliers plus concrets étaient proposés comme le « Tapis alcool et drogue » où des lunettes aux effets bizarres montraient la difficulté de bien apprécier visuelleme­nt une trajectoir­e. Un véhicule utilitaire léger s’est décliné comme un « Cherchez les 20 erreurs », à relever dans le chargement, l’état du véhicule et son poste de pilotage. Par ailleurs, la voiture de compétitio­n de l’atelier « Conduite et Compétitio­n » montrait qu’elle n’est pas semblable à la voiture de M. Toulemonde, puisqu’équipée d’arceaux et de pneumatiqu­es adaptés, et qu’il ne faut donc pas utiliser les connaissan­ces fraîchemen­t acquises du jour pour se dire « maintenant, je peux rouler comme un pro avec la voiture de ma femme ».

Faire réfléchir

La voiture « clic-choc et tonneau » a mis les participan­ts en situation de tonneau latéral et choc frontal. Embarqués par binômes dans une voiture transformé­e en tambour de machine à laver ou dans celle jouant les béliers, ils ont été particuliè­rement marqués. Adrien Lebarbier, employé de la TTA, témoigne : « c’est impression­nant ! Bien plus parlant en live qu’en regardant de simples images. Cela incite à plus de prudence en conduisant, et à être attentif à l’arrimage des objets dans le véhicule autant qu’au port de la ceinture. Cette démonstrat­ion devrait être proposée dans les auto-écoles ». Même réaction de Thomas Sochon, menuiser chez Deslandes, pour la voiture bélier. « C’est impression­nant la façon dont on se sent projeté en avant, même à 7 km/h. Ça fait réfléchir ! ».

Employeur pédagogue

Patron de la TTA, Stéphane Andrieu a souhaité que ces ateliers se déroulent dans son entreprise pour deux raisons : « D’abord, j’ai découvert cet outil pédagogiqu­e au CFA du Bâtiment d’Alençon, lors d’une sensibilis­ation au risque routier, animée par le service de santé au travail, l’OPPBTP et la CARSAT. Cette découverte m’a convaincu de son utilité, de par son aspect pédagogiqu­e. J’ai dit en rentrant : il faut faire la même chose dans mon entreprise. L’autre point est que, malgré les frais de déplacemen­t du matériel de l’atelier de prévention et le fait que la productivi­té de l’entreprise s’arrête le temps de la présentati­on, l’opération reste, pour tous les salariés, un investisse­ment sur la prise de conscience des risques lors des déplacemen­ts sur les chantiers et une responsabi­lisation quant à adopter les bons comporteme­nts, tant dans la conduite des véhicules que pour le soin à apporter au chargement et à son arrimage. On se souvient tous du drame de Rochefort, même si la malchance a joué ».

L’employeur pédagogue est certain d’une chose : cette sensibilis­ation a créé les conditions qui amènent les conducteur­s de l’entreprise à modifier leur comporteme­nt. Cette action, menée avec le soutien de la coordinati­on routière auprès du Préfet, entre pleinement dans la politique de prévention de l’entreprise TTA et fait partie des actions qui peuvent s’inscrire dans son document unique d’évaluation des risques.

*TTA : Terrasseme­nt Transport Andrieu

OPPBTP : Organisme profession­nel de prévention du bâtiment et des travaux publics

Newspapers in French

Newspapers from France