927 Assisez-vous, M’sieu l’cureu !
C’est bin histouère de bavasseu un p’tit qua
Comme tous les vendeurdis, l’cureu d’Biaulandas s’n’alleut vé ses parouéssiens. Il teut bin r’çu dans bé des piaces, mais pas toujous. Un matin, il arrivit cheu la mére Cass’poués d’L’Eupinâ, jusse au moment d’meudion. L’cureu rentrit dans la subite. Tout l’monde casseut la croûte autour d’la tabe, mais i n’fut pas à même de s’assir. Alors il inventit eune n’histouére :
- Vendeurdi deurnieu, j’eu euteu rende visite à la mére Vaidie d’la Martiniére. Sa coche aveut feut douze tits cochons, mais la satré treue n’aveut qu’onze teutes.
- Eh bin deucqu’c’est qui f’seut l’douzieume pendant qu’les z’autes tétaient, qui d’mandit le p’tit Victor.
- Eh bin, i f’seut comme ma. I r’gardeut l’z’autes mangeu !
- Oh bin, M’sieu l’cureu, ya tout d’mîn-me de l’abus ! On n’pense à rin, nous z’autes ! Assisez-vous do nous et feutes don eune beurrée….
Comme chaque vendredi, le curé de Beaulandais allait rendre visite à ses paroissiens. Il était reçu comme il se devait dans bien des fermes, mais pas toujours. Un matin, le père curé arrive chez la femme Cassepois, juste au moment de la collation. Tout le monde, assis autour de la table, mangeait copieusement. N’étant pas invité à partager le repas, le prêtre raconta une histoire :
- Vendredi dernier, je suis allé chez Madame Vaidie. La coche avait fait douze petits et elle n’avait que onze tettes.
- Eh bien que faisait le douzième pendant que les autres se nourrissaient, demande le petit Victor, intrigué ?
- Il faisait comme moi, il regardait les autres manger !
- Oh, Monsieur le curé, nous n’y pensions pas, asseyez-vous et mangez à votre faim…