Pénurie de beurre : pourquoi les prix grimpent
Le prix du beurre s’est envolé, augmentant de près de 75 % ! À Lonlay-l’Abbaye, la biscuiterie est obligée d’augmenter de dix centimes le prix de ses paquets de gâteaux.
Le beurre industriel français se vend désormais à prix d’or. « Depuis juin 2016, on observe une hausse de 75 % ! », assure Gérard Lebaudy, le responsable de la biscuiterie de l’Abbaye, située à Lonlay-l’Abbaye.
Cette entreprise familiale, qui emploie 230 salariés, utilise trois sortes de beurres pour réaliser ses biscuits : 300 tonnes de beurre industriel français, 300 tonnes de beurre biologique et 300 tonnes de beurre AOP d’Isigny chaque année.
« C’est le beurre industriel français qui a le plus flambé pour des raisons difficiles à expliquer », précise Gérard Lebaudy. Les beurres bio et d’Isigny ont également augmenté de 10 %.
Réchauffement climatique et crise du lait
Si le prix du beurre biologique a augmenté, ce serait pour des raisons de difficulté de récolte de fourrage. « Et pour celui d’Isigny, c’est tout simplement parce que l’AOP a durci le cahier des charges, il faut donc laisser les agriculteurs s’adapter au changement », indique le PDG de la biscuiterie de Lonlay-l’Abbaye.
Pour expliquer la flambée du beurre industriel, les producteurs de lait indépendants (Apli) évoquent le réchauffement climatique qui aurait « un impact direct sur le taux de graisse du lait des vaches », tandis que les industriels pointent du doigt la crise laitière européenne, dont a découlé une production incertaine.
Dix centimes de plus par paquet de gâteaux
Cette conjonction de facteurs inquiète le spécialiste du biscuit ornais et a des répercussions directes sur le prix de revente de ses gâteaux.
« Nous arrivons à des hausses qui dépassent nos marges, nous n’avons pas d’autre choix que d’augmenter le prix », soit environ dix centimes supplémentaires par paquet de gâteau.
Gérard Lebaudy est actuellement en négociation avec la grande distribution, « afin que nos produits ne soient pas déclassés. Il faut espérer que l’on arrive à s’entendre avec les distributeurs et que le marché va se détendre, sinon la situation va devenir compliquée ».
À une soixantaine d’années, Gérard Lebaudy, qui a repris l’entreprise historique de son père, a plus de 30 ans de carrière derrière lui. Des pénuries de beurre, il en a déjà connues, il y a dix ans. « C’était une pénurie de beurre bio liée à des difficultés climatiques, se rappelle-t-il. C’était une période difficile. Nous avions été obligés d’importer notre beurre d’Allemagne… »