De l’eau dans le gaz entre Orne Habitat et ses locataires
Une réunion à l’ambiance parfois houleuse s’est tenue, mardi 30 mai en soirée, dans une salle de la maison Bobot. Les résidents de 37 pavillons du quartier du Clouet étaient face à leur bailleur, Orne Habitat, qui souhaite entreprendre des travaux de réno
La réunion d’information et de concertation, « qui fait suite aux pétitions des locataires après que nous les ayons informés de notre projet de rénovation des pavillons », expliquent les bailleurs, s’est tenue à l’initiative d’Orne Habitat, « par souci de transparence et pour permettre à chacun de s’exprimer. » D’un côté comme de l’autre, les occasions de prendre la parole n’ont pas manqué.
Un choix peu apprécié
Le fond du débat concerne le choix du bailleur à propos de l’énergie des pavillons après travaux.
Pour l’expliquer, Sébastien Colard, Vianney Gérard et Céline Alloy, d’Orne habitat (bailleur), ainsi que Baptiste Chamaillard et Chloé Pichonnier, pour Bouygues Bâtiments (maître d’oeuvre) ont pris la parole pour expliquer leurs raisons d’avoir choisi le gaz de ville en terme de chauffage. « Nous souhaitons utiliser les installations de gaz de ville déjà existantes, d’une part, et ce choix permettra de faire passer vos pavillons, actuellement énergivores, du classement G à C en terme de qualité énergétique, explique Vianney Gérard. Ceci permettra à vos demeures d’obtenir le label haute performance énergétique, en nous donnant la possibilité de bénéficier de subventions européennes que nous ne pourrons obtenir si nous restons à l’électricité. Ce sont ces subventions qui nous permettront de vous garantir un plus grand confort sans hausse significative de loyer ».
Mais ce choix n’est manifestement pas du goût des locataires, qui l’ont fait savoir parfois avec véhémence. L’échange, qui a duré près de deux heures, en présence, à titre d’observateurs, de Jacques Dalmont, le maire, et José Collado, Conseiller départemental, a montré les inquiétudes des résidents. « Pourquoi ne pas garder l’énergie électrique, en isolant mieux les toitures et simplement en remplaçant les radiateurs actuels par d’autres plus économiques ? Comment se dérouleront les travaux ? Qui contacter en cas de problème ? » et surtout : « De combien le loyer augmentera-t-il ? » sont quelquesunes des nombreuses questions posées. Le bailleur a expliqué que « si le loyer allait effectivement augmenter un peu (environ 25 € mensuels), le coût énergétique de chaque pavillon passera de 1 526 € / an à 1 134 € / an, soit un coût des charges mensuelles de 64 € actuellement à environ 32 € ensuite. Vous récupérez donc l’augmentation du loyer par la baisse des charges ».
L’argument n’a pas suffi. Il a vu s’ajouter les nuisances liées aux travaux, surtout les modifications à l’intérieur des pavillons. « Vous allez isoler murs extérieurs et combles, alors que les toits sont à refaire, c’est n’importe quoi ! Vous avez choisi le gaz, nous, on préfère l’électricité, les nouvelles installations vont chambouler nos aménagements intérieurs… ». Autant de remarques auxquelles bailleurs et techniciens se sont efforcés de répondre, dans une ambiance pour le moins électrique.
Le mot de la fin est revenu au seul propriétaire des lieux, Orne Habitat, dont les représentants ont clos le débat en déclarant : « Nous avons souhaité organiser cette rencontre en tenant compte de vos avis, ce qui est une première pour nous. Rien ne nous y obligeait. Vous avez maintenant un mois pour faire votre choix, dont nous tiendrons compte. Nous recontacterons chacun d’ici-là, et si la majorité souhaite le passage au gaz de ville avec les travaux décrits, nous lancerons le chantier. Dans le cas contraire, nous ne ferons rien, il n’y aura pas de chantier au cas par cas. Soit les 37 pavillons seront réaménagés, soit ils resteront tous dans leur état actuel ».
Reste à savoir si les résidents sont prêts à s’accommoder des quelques désagréments en cours de chantier (de juillet à novembre) pour ensuite avoir des logements plus confortables, ou s’ils préfèrent les ogres énergétiques que sont les actuels pavillons.
Ambiance électrique Un mois pour réfléchir