On a testé… la cueillette de champignons
Alors que les Journées mycologiques de La Ferté se profilent à l’horizon, j’ai eu envie de tester une cueillette de champignons en forêt avec des mycologues. Jean-Pierre Louvet et son épouse Mady ont gentiment accepté.
Vendredi 6 octobre, 14 h : nous nous retrouvons à Bagnoles, sur le parking de l’office de tourisme, en lisière de forêt. Alors que la journée de jeudi avait été exécrable, avec un temps couvert et une pluie fine, le ciel avait décidé de nous offrir un magnifique soleil automnal, éclairant les feuillages roux. Bref, les conditions idéales.
Membre du groupe mycologue fertois, Jean-Pierre Louvet avait amené avec lui une sorte de boîte à outils, dont les compartiments évitent de mélanger les champignons à étudier. Son épouse, davantage mycophage, s’était munie d’un panier tapissé de bruyères, d’un couteau et d’un livre sur les champignons. « Le sac plastique est à bannir car les champignons doivent respirer, a insisté mon guide. Pour la tenue, pas de short, mais un pantalon, et des bottes, ou en tout cas des chaussures fermées. Il faut se protéger contre les parasites, notamment les tiques ». Autres recommandations : se renseigner sur les jours où la cueillette est autorisée. « Cela varie d’un département à l’autre, en forêt d’Andaines, elle est interdite les mardis et jeudis, et les jours de chasse ».
Après ces petits rappels, la cueillette pouvait débuter. Seulement voilà, allait-on en trouver ? « 2017 est une année à champignons exceptionnelle, observe Jean-Pierre Louvet. Après les fortes chaleurs de juin et début juillet, la pluie est ensuite arrivée sur un sol chaud ce qui a favorisé leur poussée. Les russules d’abord, puis les bolets et le reste. Il n’y a jamais eu autant d’agarics et de lepiotes ».
Très vite, ses dires allaient être confirmés. A peine avions nous fait quelques mètres en sousbois, que les premiers petits chapeaux se présentaient, certains sous des feuillages, d’autres au pied des arbres. Seulement, face à cette prolifération, encore fallait-il reconnaître les espèces, pour déterminer ensuite ceux qui étaient comestibles ou non. Et, dans ce domaine, mieux vaut avoir quelques connaissances. « Quand on ramasse des champignons, même pour des experts, le doute et la précaution sont de rigueur. Sur les milliers d’espèces existantes, seulement 60 à 70 sont vraiment comestibles. D’autres ne sont pas mortelles ou toxiques, mais ne présentent pas un intérêt gustatif. Pour les non connaisseurs, je leur conseille de faire contrôler leur panier par un pharmacien ou un mycologue ». A titre indicatif, près de 1 800 espèces sont recensées en forêt d’Andaines. doivent être en éveil : la vue, l’odorat, parfois le goût et le toucher. « Une petite entaille avec le couteau permet de voir comment la chair du champignon réagit à l’oxygène, note Jean-Pierre Louvet. Quand on voit qu’un champignon est vieux, ou abîmé, mieux vaut le laisser sur place plutôt que le mettre ensuite à la poubelle ».
Au fil de notre balade, notre cueillette s’enrichit : amanite panthère, cèpe des pins, helvelle lacunosa, bolet à pied rouge, amanite vineuse. Un manuel nous permet de nous référer à la classification établie au début du XIXe siècle par Elias Magnus Fries surnommé le Linné des champignons. Une classification, qui, depuis, évolue en fonction des progrès de la génétique.
Après 1 h 30, si notre panier n’était pas rempli, je m’étais enrichi d’une multitude d’informations et de conseils. Le hasard a voulu que deux touristes, elles aussi en pleine cueillette, s’adressent à mes guides, ravies de pouvoir être conseillées. J’ai retrouvé ensuite ma voiture pour retourner à la rédaction, en faisant attention, bien sûr, de ne pas trop appuyer sur le champignon.
Une année à champignons