Le Publicateur Libre

975 Mon papa i seut compteu jusqu’à cent !

C’est bin histouère de bavasseu un p’tit qua

- Par Bernard Desgrippes

- À qui qu’c’est c’te p’tit peutiot-là ?

- C’est l’tit Victor à la Renée Martin d’la Martiniére. On l’a an’hui pace que les parents sont partis à eune enteur’ment du côteu d’L’Eupinâ. I nous z’ont d’mandeu si on pouveut gardeu l’gamin. Pardi, on n’a dit oui. Enteur veusins, faut bin s’obligeu.

- Queulle âge que t’as mon p’tit Victor ?

- J’eu toués z’ans eud’mi, bintôt quate ! - Seus-tu lire ? - Non, core pas, mais ça va v’ni quand j’ireu à la communale.

- Seus-tu bin compteu jusqu’à vingt ?

- Non, mais mon papa, i seut compteu jusqu’à cent !

- Il a du reupondant c’te peutiot-là. On n’en f’ra queuque chose ou ça m’eutonne.

- Ah, bin, les jeunes d’à c’t’heure, i vont nous en r’montreu, tu seus bin. Nous on n’a feut note temps. Faut laisseu l’tour aux z’autes, tu creus pas ?

- D’toutes les façons, on n’a pas l’choués, la r’leuve, ça nous pousse.

- Qui est cet enfant ? - C’est Victor, le fils Martin de la Martinière. Ils sont partis à un enterremen­t, alors ils nous ont demandé si l’on pouvait le garder. Nous nous rendons service entre voisins. - Quel âge as-tu Victor, - J’ai trois ans et demi, bientôt quatre ! - Sais-tu lire ? - Non, pas encore, j’apprendrai quand j’irais à l’école.

- Sais-tu compter jusqu’à vingt ?

- Non, mais mon papa, il sait compter jusqu’à cent !

- Il est débrouilla­rd cet enfantlà !

- Tu sais, nous, nous avons fait notre temps. Les jeunes se débrouille­ront aussi.

- La relève est assurée. C’est chacun son tour.

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