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Souvenirs de 3 fans

Notaire retraité à La Ferté-Macé, Jean-Daniel Courtonne voue une passion pour les sixties avec pour idoles Elvis Presley, Eddy Mitchell et Johnny Hallyday. Samedi, il était présent aux Champs-Elysées pour cette grande communion autour du « taulier ».

- Michel Moriceau

L’hommage populaire rendu à Johnny Hallyday, samedi sur les Champs-Elysées, était une évidence aux yeux de Jean-Daniel Courtonne « et je me devais d’y être. Eddy Mitchell est ma référence, mais Johnny me fascinait, c’était une bête de scène » confie-t-il. Pour le septuagéna­ire, 2017 restera une année chargée en émotion : « En août, j’étais à Graceland sur la tombe d’Elvis, pour le 40e anniversai­re de sa disparitio­n, et aujourd’hui, c’est Johnny qui s’en va » constate le Fertois, qui avoue avoir pleuré en apprenant à la radio le décès de l’idole des jeunes le 6 décembre au matin. « J’étais KO. Même si on s’y attendait, j’ai du mal à y croire ».

Comme des millions de Français, Jean-Daniel Courtonne a découvert Johnny sur le petit écran. « C’était en 1960, j’avais 13 ans. Il est apparu dans l’émission de Denis Glaser, présenté par Line Renaud. C’était un gamin de 17 ans tout timide. Qui aurait pensé qu’il allait devenir notre Johnny national ? Héritier d’Elvis, il a importé le rock’n’ roll en France. Mes parents le regardaien­t avec circonspec­tion ».

Alors jeune ado, Jean-Daniel Courtonne va attraper le virus. « A cet âge-là, on est comme un buvard. En 1962, lors d’un échange scolaire en Angleterre, mon correspond­ant était bassiste dans un groupe et j’étais fasciné. La même année, j’ai assisté à Lisieux, à un concert des Chaussette­s noires avec Eddy ». Jean-Daniel est aussi un fidèle auditeur de l’émission d’Europe 1 : Salut les copains. « Un jour, un journalist­e de la radio a fait un reportage sur la fabrique de camemberts de mon père à StGermain-de-Montgommer­y. En remercieme­nt, il m’a fait parvenir une cinquantai­ne de 45 tours des chanteurs de l’époque. J’étais aux anges ».

Rencontres avec Johnny

Depuis, Jean-Daniel Courtonne aura assisté à une trentaine de concerts de Johnny, notamment dans la région. « La première fois, c’était le 14 juillet 1963, au casino de Trouville, où il a interprété la Marseillai­se. Ce qui avait fait scandale. Comme beaucoup d’autres, j’étais tétanisé face à lui. Et en juin dernier, je l’ai vu pour la dernière fois avec Eddy Mitchell et Jacques Dutronc, à la tournée des Vieilles canailles ».

Mais, ses plus grands souvenirs restent ses deux rencontres avec le « taulier ». « En 1964, je travaillai­s à l’hôtel Normandy de Deauville pour me faire un peu d’argent. Chaque semaine, le casino organisait la soirée des jeunes avec une vedette. Le 1er août, c’était Sylvie Vartan. En revenant à pied, je me suis retrouvé avec Eddie Vartan, le frère de Sylvie, mais aussi son chef d’orchestre. Il m’a proposé de la rencontrer avec Johnny à l’hôtel Normandy. Je me suis retrouvé face à eux et Carlos, secrétaire de Sylvie à l’époque. Ils m’ont signé des autographe­s sur des pochettes de disques. J’étais tellement impression­né et intimidé que j’ai refusé leur invitation pour dîner ».

Et c’est 52 ans plus tard qu’aura lieu la seconde rencontre. « Je suis allé voir Eddy Mitchell au Palais des Sports à Paris. Comme j’ai la chance d’avoir pour beau-frère, Basile Leroux, son guitariste lead, j’ai pu me faufiler en coulisses. Il y avait Johnny et Laeticia. Je me suis fait discret et je n’ai pas pris de photos comme on me l’avait demandé ».

Alors que certains fans vouent un véritable culte à Johnny, JeanDaniel Courtonne se veut plus modéré. « Je ne fais pas passer ma famille avant lui et je n’ai pas de tatouage, de photos ou de posters dans toute la maison. Mais, j’ai mon bureau qui est un peu mon musée des souvenirs avec des casquettes, des tee-shirts. J’ai 150 disques d’Elvis et autant de Johnny ». Même chose en concert où le Fertois n’est pas démonstrat­if, avec un look sobre : pantalon noir, chemise noire, et cravate à la texane.

Pour lui, Johnny était un très grand. « On l’a souvent caricaturé, mais c’était un mec généreux. C’est le symbole de toute une époque, des 30 glorieuses. L’expression du bonheur, de la joie de vivre. Il a accompagné plusieurs génération­s en surfant sur les goûts des gens ».

Hommage à Bagnoles

Heureux d’avoir pu participer samedi à cette grande communion, Jean-Daniel Courtonne a toutefois un regret : « c’est dommage qu’il soit inhumé à Saint-Barthélémy aux Antilles, si loin de la métropole. Pour ma part, c’est certain, j’irai un jour à Saint-Barth sur sa tombe, mais je pense à tous ses fans qui n’ont pas les moyens de faire ce voyage ».

Aussi, le président de Bagnoles sixties leur donne rendez-vous. « Le 2 juin 2018, au casino de Bagnoles, nous avions déjà programmé un nouveau spectacle avec Ricky Norton. Nous allons le transforme­r en une soirée hommage à Johnny ». L’organisate­ur aimerait y faire venir le guitariste américain Joey Gréco. « Johnny l’avait rencontré à Nashville en 1963 et avait formé l’orchestre Joey and the Showmen. Voilà 3 ans, Joey était venu à l’hôtel du Béryl à Bagnoles pour une soirée privée que j’organisais ». Un bel événement en perspectiv­e, donc, à quelques jours du 75e anniversai­re de Johnny le 15 juin 2018.

L’héritier d’Elvis Un fan discret

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 ??  ?? Jean-Daniel Courtonne avec les pochettes de disques dédicacées en 1964 par Sylvie et Johnny. En médaillon : une photo prise par le Fertois samedi à Paris, lors de l’hommage populaire.
Jean-Daniel Courtonne avec les pochettes de disques dédicacées en 1964 par Sylvie et Johnny. En médaillon : une photo prise par le Fertois samedi à Paris, lors de l’hommage populaire.

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