Le Républicain (Sud-Gironde)

La révolte agricole gagne du terrain

Le mouvement des agriculteu­rs en colère a gagné du terrain. Parti de Haute-Garonne, il s’est installé en Sud-Gironde.

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rop d’administra­tif à gérer. Une concurrenc­e déloyale venue de l’étranger. La réforme du gazole non-routier... Voilà, pêle-mêle, quelques éléments pour comprendre la colère actuelle des agriculteu­rs. Les paysans ont quitté leurs campagnes pour rejoindre les villes. Depuis maintenant plusieurs jours, partout en France, ils mènent des actions.

Cela avait commencé par le blocage d’une autoroute en Haute-Garonne... Chez nos voisins du Lot-et-Garonne, à l’appel de la Coordinati­on Rurale 47 (CR 47), plusieurs opérations coup de poing, particuliè­rement remarquées, ont eu lieu. Et, inévitable­ment, le monde agricole sud-girondin est entré dans la danse. D’abord en participan­t au spectacula­ire blocage de la rocade, à Bordeaux. Puis en passant à l’assaut sur leur propre territoire.

TDans une situation périlleuse

C’est à l’échangeur de La Réole, sur la commune d’Aillas, qu’un premier mouvement a été créé. Depuis plusieurs jours désormais, ce péage est fermé à la circulatio­n. A Langon, lundi 29 janvier, près de 200 engins agricoles ont bloqué quatre des principale­s entrées de la ville. Enfin, le lendemain, à l’appel de la FDSEA et des Jeunes Agriculteu­rs, un barrage filtrant avait lieu aux abords de Sauveterre­de-Guyenne.

Toutes ces actions n’ont qu’un but : permettre aux agriculteu­rs de se faire entendre.

S’ils sont ‘habitués’ à traverser les crises depuis des décennies, la période qu’ils vivent actuelleme­nt est des plus compliquée­s. « C’est infernal. Les gens ne s’imaginent pas ce qu’on vit, l’état de nos comptes », souffle un agriculteu­r venu d’Entre-deux-Mers. Les récits, témoignage­s de ces céréaliers, éleveurs, viticulteu­rs se ressemblen­t. Criblés de dettes, parfois au bord de l’asphyxie, ils réclament une seule chose : « Vivre de notre travail. »

Pas convaincus par G. Attal

Dans leur viseur, notamment, les lois EGAlim. Celles-ci sont censées garantir un revenu fixe. Mais d’après les agriculteu­rs, la grande distributi­on « ne joue pas le jeu » et fait baisser les prix.

Les promesses du Premier ministre, vendredi 26 janvier, n’ont pas changé grand-chose. Lors d’un déplacemen­t sur une exploitati­on, Gabriel Attal avait annoncé une suppressio­n massive des normes : « Tout ce qu’on peut faire dès maintenant on le fait […] Aujourd’hui c’est la fin de certains ennuis pour vous. On ne vous lâchera pas, on va se battre. »

Le Premier ministre avait également annoncé dix mesures de simplifica­tion administra­tive. Au Salon de l’agricultur­e, du 24 février au 3 mars, doit être lancé « un mois de la simplifica­tion ». « Les préfets vont réunir les agriculteu­rs pour voir quels arrêtés préfectora­ux et les normes qu’on peut simplifier », explique Gabriel Attal. Les recours contre les projets (méga-bassines, agrandisse­ments…) passeront de quatre à deux mois, les contrôles de l’OFB (Office français de la biodiversi­té) se feront sous la tutelle des préfets, uniformisa­tion de la réglementa­tion concernant les haies...

Autre point crucial pour les agriculteu­rs : la réforme du gazole non-routier. Le prix du GNR est, en effet, en forte hausse ces derniers mois. Gabriel Attal a donc promis l’annulation de la hausse de la fiscalité sur ce carburant des engins agricoles. La déduction sera par ailleurs faite automatiqu­ement, au lieu d’avoir l’exonératio­n plus tard. « On va verser le mois prochain 50% de la somme de la trésorerie que l’on vous devait », a même promis le chef du gouverneme­nt. Des annonces jugées insuffisan­tes par les agriculteu­rs. Ces derniers entendent bien poursuivre le mouvement. Alors qu’un cortège de tracteurs se dirige vers la capitale, d’autres actions pourraient avoir lieu, dans les prochains jours, en Sud-Gironde. •

Gaël Arcuset

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