Le Républicain (Sud-Gironde)

«Le paysage, c’est la liberté, l’évasion»

A 41 ans, Aurélien Lavignac n’en finit pas de s’émerveille­r de la nature qui nous entoure ! Il nous parle de son amour pour les paysages lot-et-garonnais et sud-girondins, et de poésie aussi. Entretien.

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Ça représente quoi pour vous un paysage ?

Aurélien Lavignac : Le paysage, pour moi, c’est l’évasion, la liberté. Mais on n’est pas obligé d’aller en montagne pour ressentir ça. Je n’ai rien contre la montagne, c’est beau, spectacula­ire, mais la campagne à côté de chez nous représente également à mes yeux les grands espaces.

Évidemment, il faut avoir ce regard sinon tu t’ennuies vite et tu te dis «qu’est-ce que je fais là ?», je vais regarder la télé... Pour ma part, depuis des années, je passe beaucoup de temps dehors. J’ai ce besoin d’être en extérieur, d’observer et de m’émerveille­r.

D’où vient votre attachemen­t à notre territoire ?

Je suis originaire de Monségur, près de La Réole (33) et mes racines sont ici. Ma grand-mère tenait une ferme auberge, Le Pot de fonte, à Saint-Germain-deGraves.

J’ai toujours de la famille qui produit ici du vin d’épines, du « broc » ici.

Quels sont vos « coins favoris » par ici ?

J’en ai tellement, aussi bien en Lot-et-Garonne qu’en SudGironde ! Ce sont ces lieux où des éléments dans la nature vont me parler. Moi j’adore les arbres : en termes d’attraction, c’est un lien très fort, ça m’appelle. Il y en a un à Léognan que j’avais repéré et la première fois que je l’ai vu, j’ai le souvenir d’une rencontre magnifique. Et en plus, à cet endroit-là, un chevreuil est soudain apparu. C’est fabuleux des instants comme ça !

Cette attention particuliè­re, l’avez-vous au quotidien ?

Oui, j’ai ce regard-là, même en ville. Il faut prendre le temps pour observer et parfois juste un détail, une fleur qui pousse au milieu du bitume, le moindre animal qui va bouger... ça peut accrocher le regard : un petit papillon ou une fleur... Pour le paysage, ce sont plutôt les contrastes, les couleurs, les reliefs, les formes, un rayon de lumière... Tout dépend de la sensibilit­é de chacun d’entre nous.

Vous êtes aussi auteur. Comment arrivez-vous à faire correspond­re la poésie à la photograph­ie ? Et en quoi se complètent­elles, selon vous ?

Beaucoup de mes poèmes sont liés à l’espoir, à l’amour. Des thèmes qui correspond­ent bien à des levers du jour ou à la lumière qui traverse un paysage par exemple. J’aime aussi parler du silence, en lien avec les photos de nuit. La nuit qui nous ramène souvent à nos peurs ancestrale­s.

Dans un de vos poèmes, Hommage et souvenir, vous dites que « la nature et ses paysages vous ont sauvé de nombreux naufrages ». Alors, en quoi un paysage peut-il nous sauver justement ?

Par la rencontre avec la beauté. C’est une forme de consolatio­n. La photo de paysage, c’est vraiment ce qui m’a aidé. C’est un apaisement, car en fait, on voit comment la nature fonctionne : ses cycles, sa fragilité, sa résilience. Nous, on fait partie de cet ensemble et pas l’inverse.

➜ Dans un autre poème, vous dites « Les nuages

ont bien plus de choses à nous apprendre sur l’humanité qu’on ne le pense ». Qu’entendez-vous par là ?

Cette phrase va avec une photo de nuages noirs et blancs. J’aime à penser que l’on pourrait s’inspirer de cette image pour avoir un peu plus d’espoir en l’humanité. Que même si tout nous oppose, on n’est pas obligé de se faire la guerre.

Pour vous, c’est quoi une « belle photo » ?

C’est difficile, je suis souvent insatisfai­t de mes photos, par rapport à ce que je vois en vrai. J’essaie au maximum de transmettr­e l’instant présent. Il y a très peu de retouches sur mes photos. Et je n’aime pas le mot « hasard » ni « chance ».

C’est un travail de longue haleine. Je sillonne notre territoire nuit et jour depuis des années et j’ai compris qu’il fallait beaucoup de paramètres, d’expérience­s et de patience pour réussir et connaître le bon moment pour faire une belle photo : selon la saison, la lumière, la météo...

Vous n’avez pas toujours été photograph­e, quel est votre parcours ?

J’ai d’abord été concepteur mécanique, j’ai conçu notamment des lasers à fibre optique qui servent pour des smartphone­s, panneaux solaires, etc. Puis j’ai investi dans des locations meublées, que je louais. J’ai fait plein de choses en fait. Aujourd’hui encore, même dans la photo, je suis un couteau suisse : je vends mes oeuvres, je fais de l’encadremen­t sur mesure, des tirages sur mesure ; je propose des stages photo ; je crée des projets pour diverses structures (établissem­ents médicaux, prisons...).

Et depuis combien de temps en tant que photograph­e profession­nel ?

Depuis 2018 et j’ai ouvert ma galerie à Cadaujac en 2019. Il ne faut pas hésiter à me contacter, je suis ouvert à tout projet !

Et d’ailleurs, photograph­iez-vous que des paysages ?

Non, c’est vrai que je saisis principale­ment des paysages mais je photograph­ie aussi des animaux, des objets, du vin, le patrimoine bâti... J’aime aussi faire du lightpaint­ing (technique photograph­ique qui consiste à réaliser des traînées de lumière) et initier le public à cette technique.

La campagne à côté de chez nous représente à mes yeux les grands espaces AURÉLIEN LAVIGNAC

Où peut-on voir votre travail ?

Directemen­t à ma galerie, à Cadaujac ou lors de ma prochaine exposition qui aura lieu au Café de la route à Villenaved’Ornon, du 5 au 23 février 2024.

Entretien réalisé par Delphine Decourcell­e

■ Aurélien Lavignac. Mariage, reportage, shooting. Cours et stage photo. Expérience insolite et nocturne. Atelier Galerie d’Art à Cadaujac. Tirage et Encadremen­t sur mesure. Ouvert tous les jours de 8h à 20h (contactez avant de préférence), 73 avenue du Général-de-Gaulle 33140 Cadaujac. Facebook : Aurélien Lavignac — Le Jardin Doré — Stage Photo, Tableaux et encadremen­ts/Instagram : aurelien. lavignac. photograph­ie Tel : 06 40 42 86 95.

Je sillonne notre territoire nuit et jour depuis des années AURÉLIEN LAVIGNAC

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