Chandeleur...

C’est la semaine des crêpes... Pas celles qu’on voit sur nos écrans de télé, mais les bonnes bien dorées, saupoudrées de cassonade, avec des trous comme de la dentelle... Tradition du 15ème siècle, on fêtait le début de février, période où les jours allongent, en défilant dans les champs avec des chandelles (d’où le mot Chandeleur) pour honorer le retour de la lumière après les soirées noires de l’hiver. On cuisinait donc des galettes jaunes à l’image du soleil, qu’on mangeait en picolant un maximum de pinard « pour faire passer »...C’ est l’explication de nos crêpes (du moins c’est l’explication préférée à La Réole !)...

Au siècle dernier Raymond Oliver, grand top-chef langonnais, les préparait en direct-live avec Catherine Langeais, à la télé sur l’unique chaîne, bien suffisante d’ailleurs... Des crêpes en noiret-blanc c’était drôle ! Dès le 2 février dans les maisons réolaises on faisait tous des crêpes et on s’en offrait entre voisins, pliées dans du papier journal...Ne rigolez pas, ça a existé ça aussi ! Nous mangions des crêpes sans « traçabilité », ce qui paraîtrait complètement démodé de nos jours...

La première on la fourrait avec une pièce de monnaie genre « un franc La Semeuse » et on la balançait sur l’armoire de la cuisine ! C’était censé rapporter du fric toute l’année mais ça ne marchait jamais, et un an après on retrouvait les vingt-sous nettoyés par les souris...Sauf si un petit dégourdi avait récupéré le butin pour se payer chez M.Bodin un rouleau de réglisse avec la jolie boule rouge au milieu ! Le reste de l’année, au dessert, on se tapait un « Réolais », sublime patrimoine pâtissier meringué au beurre, qui a heureusement survécu sans avoir besoin des traditions...

De nos jours on ne court plus avec des chandelles, le soir dans les champs du Mirail ...Ou alors c ‘est qu’on a nettement exagéré le rhum dans les crêpes...