Le Républicain (Sud-Gironde)

À 86 ans, Henri David est un coiffeur toujours aussi passionné

Henri David, dans son salon de coiffure depuis 1963, est bien décidé à poursuivre son activité pour coiffer les clients de 16 à 95 ans.

- • Nicole Latrille

i vous parlez de retraite au coiffeur du village, Henri David, il rigole… Pourquoi quitterait-il son salon de Mongauzy dans laquelle il est si bien depuis 61 ans ? Son père y a travaillé jusqu’à 90 ans. Alors.

SSur son chemin depuis 1962

De 1953 à 1956, Henri obtient ses examens profession­nels, CAP et BEP coiffure homme. Suivent 28 mois de service militaire en Algérie. Libéré, c’est à Arcachon qu’il entre dans la vie profession­nelle où il y coiffe « bon nombre de célébrités de l’époque ». Puis c’est le retour à Mongauzy, en 1962-63, dans le salon familial où père et mère sont installés.

Il épouse Liliane qui prend la même voie que son mari en devenant l’apprentie de sa bellemère, côté femme. Car, dans ces années-là, il y avait un salon femme et un salon homme, séparés par une cloison. Henri se souvient que «ça piaillait du côté femme ». Si Liliane a dû quitter le travail pour raison de santé en 1998, Henri tient toujours bon le rythme, avec le peigne, les ciseaux et le rasoir malgré les bouleverse­ments, les changement­s et la modernisat­ion.

« Que voulez-vous que je fasse de mes journées, j’aime mon métier et je n’aime pas bricoler ». Tout est dit ! À 86 ans printemps, on a le droit de se faire plaisir pour que le temps passe bien.

« Un e-mail, un portable, je n’en ai pas »

Henri a bien essayé de changer ses sièges de travail. Mais « rien ne vaut les anciens » qu’il a préféré faire restaurer.

Bon gré mal gré, il faut pourtant faire avec ce progrès qui en 61 ans a modifié bon nombre d’habitudes. Et lorsqu’une jeune commercial­e vient à sa rencontre pour renouveler les produits nécessaire­s à l’activité, c’est une conversati­on d’un autre temps qui s’instaure. « Sur mon catalogue, j’ai choisi ce blaireau… » « Mais Monsieur, votre catalogue date de 2019. Aujourd’hui, je vous montre les produits sur mon portable… » « Et sur la facture (numérique), je dois noter votre adresse mail et votre numéro de portable».» Un e-mail, un portable, je n’ai rien de tout ça… J’ai une adresse de rue et un numéro de téléphone fixe… Le progrès, le progrès… Allez voir mon comptable à qui je porte tous les papiers », répète-t-il en riant, certain de continuer sans subir « ce progrès ».

Des cheveux courts, des cheveux longs

Et des modes, il en a connu. « Quand j’ai commencé à travailler, il fallait raser les cheveux autour de l’oreille. Puis, on est passé aux cheveux longs et maintenant, on a un peu de tout.» Car ne nous y trompons pas, Henri a de jeunes clients. « Ma clientèle va de 16 ans à 95 ans, ils viennent de toute la région de Pondaurat, Langon, d’ici et des environs. Le plus dur est de savoir ce que veut le client ». Il a remarqué que : « Pendant le covid, les gens ont appris à se raser le crâne et je ne les vois plus au salon ».

Désormais, eu égard à son âge, Henri se permet d’éliminer les tâches qui ne lui conviennen­t plus par exemple celle de raser, « je me contente de tailler les barbes ».

C’est avec une ardeur sans faille, étonnante, qu’Henri David continue à accueillir ses clients, à prendre les rendezvous au téléphone (fixe), à parler et à entretenir le ton de la plaisanter­ie dans le salon… On le croit sans nul doute, lorsqu’il dit « avec le travail, je n’ai mal ni aux épaules ni aux jambes ».

■ Téléphone : 05.56.61.70.40.

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