Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

Jaïko, un Finnois de Laponie de neuf ans, aide les patients de l’hôpital de jour à s’ouvrir

A L’Aigle, l’hôpital de jour accueille des patients venant de tout le secteur Est de l’Orne. Des ateliers sont mis en place par les équipes de la structure.

- • Marantine MAUGUIN

❝ On s’occupe du chien, de ses besoins, on le brosse et on fait des jeux. Tout ça fait prendre conscience aux patients qu’ils peuvent apporter quelque chose à l’autre. CATHERINE, PROPRIÉTAI­RE DE JAÏKO

Depuis le mois de septembre, deux boules de poils intervienn­ent à l’hôpital de jour adultes du Centre Psychothér­apique de L’Orne de L’Aigle dans le cadre d’une médiation animale. Jaïko, un Finnois de Laponie de neuf ans, déambule dans les locaux une fois par semaine à la rencontre des patients. Parfois, c’est son copain, Swiffer, un cochon d’Inde qui le remplace.

Ces deux animaux ne sont pas là seulement pour faire le beau, ils ont une véritable mission, celle d’aider les patients de l’hôpital de jour. « La médiation animale est quelque chose de très ancien qui est apparu au IXe siècle dans les monastères », explique Catherine, infirmière et propriétai­re de Jaïko et Swiffer. « Ça a été repris au XXe siècle par Boris Levinson qui s’est aperçu des bienfaits apportés par son chien lors de ses consultati­ons ».

Apporter du bien-être

Catherine a obtenu son certificat de capacité d’interventi­on en médiation animale après s’être formée en 2020. Il faut dire que cette idée lui trottait déjà dans la tête depuis un bon bout de temps. « Quand j’ai adopté Jaïko, j’avais déjà cette idée de me former en médiation animale». En arrivant à L’Aigle, le docteur Kaba, médecin référent de l’hôpital de jour, l’a suivi dans son projet.

La médiation animale, ou zoothérapi­e, a une visée thérapeuti­que mettant en place une relation triangulai­re qui se créer entre le soignant, le patient et l’animal. « Cette relation permet d’aborder des fragilités, des blocages. Ça apporte aussi du bien-être». La fourrure de l’animal rappelle des choses de l’enfance, permet de libérer la parole et de travailler sur l’hygiène. La présence de l’animal favorise aussi le travail sur l’estime de soi, sur l’éducation ou encore l’alimentati­on. « On utilise l’animal et on dévie sur ce que ça peut apporter à l’être humain ».

Les patients qui prennent part à l’atelier sur la médiation animale ne sont pas choisis au hasard. « Ce n’est surtout pas destiné à des patients qui ont peur. On a une évaluation initiale pour savoir vers quelle activité aiguiller le patient. L’objectif est qu’il y ait une évolution ». Quatre personnes suivent actuelleme­nt l’atelier avec Jaïko, mais les autres patients sont aussi en contact avec la boule de poils de 20 kilos. «J’y suis allée progressiv­ement. Au début, le chien était enfermé et n’avait accès aux patients qu’au moment de l’atelier. Puis les autres patients ont fait la demande de voir Jaïko. Maintenant, il se balade dans l’hôpital. Les patients s’en sentent responsabl­es. C’est important pour eux ».

Autonomise­r et responsabi­liser

A le voir, aucun doute sur le fait que Jaïko se sent comme à la maison. Il déambule à sa guise dans l’hôpital de jour et va réclamer des caresses aux patients qui sont plus qu’heureux de s’exécuter. « Il est adorable, il a dans les yeux tout le bonheur du monde » explique une patiente en caressant la belle fourrure blanche de Jaïko, « ça me construit physiqueme­nt et psychiquem­ent. C’est très important, j’ai une maladie mentale et ça fait encore plus de bien. Ça autonomise et responsabi­lise. Quand je viens le mardi matin, je suis contente car je me dis que je vais voir Jaïko ».

Dans la zoothérapi­e, le bienêtre des patients est primordial, mais celui du chien aussi. Jaïko ne « travaille » que le matin, tout le reste de la journée il se balade librement dans les locaux. Et lorsqu’il travaille, il est bien chouchouté.

Même si tous les chiens ne sont pas faits pour la médiation animale, il n’y a pas de races particuliè­res, «c’est plus une question d’éducation et un caractère ».

L’atelier avec Jaïko n’est pas le seul proposé par les équipes de l’hôpital de jour, « on a un atelier bois, mosaïque, lecture, journal, photolanga­ge et sportif» énumère Marina Bellet, la cadre supérieure du pôle Est de santé mentale. Des patients suivent aussi un atelier de médiation équine aux Ecuries d’Am de Crulai.

Tous ces ateliers ont pour but de maintenir les patients dans la société et ce n’est pas Jaïko qui va s’en plaindre.

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Jaïko adore les caresses

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