Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

Hervé Morin alerte sur les conséquenc­es dramatique­s de l’agrivoltaï­sme pour l’économie

Hervé Morin, président de la Région Normandie, a rappelé récemment son opposition à l’agrivoltaï­sme, qui pourrait avoir des conséquenc­es dramatique­s pour l’économie agricole, l’attractivi­té de la Normandie et plus largement, de la France.

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L’agrivoltaï­sme consiste à faire cohabiter sur un même espace une production agricole (maraîchage, élevage ou vigne) et une production d’électricit­é par des panneaux photovolta­ïques.

Dans le cadre d’une stratégie visant à accélérer la part des renouvelab­les dans le mix électrique français à l’horizon 2030, le gouverneme­nt souhaite faire une place significat­ive au photovolta­ïque, et notamment sur les terrains agricoles, naturels ou forestiers.

La loi du 10 mars 2023 n°2023-17 portée relative à l’accélérati­on de la production d’énergies renouvelab­les est le premier texte de loi entièremen­t dédié aux énergies renouvelab­les. L’objectif global serait de multiplier par dix la production d’énergie solaire pour dépasser les 100 gigawatts (GW) à l’horizon 2050, notamment en levant les obstacles pour la filière.

« La Normandie se doit de maintenir son potentiel agricole. L’essentiel de la production laitière française et des industries agroalimen­taires qui lui sont liées est issu de quatre régions, la Normandie, la Bretagne, les Pays de la Loire et les Hauts de France. La Normandie compte ainsi, aujourd’hui, un peu moins de 2 millions de bovins. Cette population a baissé de 10 % en cinq ans à peine », compte le président.

Le nombre des vaches allaitante­s s’est également réduit à un rythme rapide, passant de 602 000 en 2017 à 575 000 en 2022.

« À cause de l’agrivoltaï­sme, ce sont des zones agricoles et d’élevages entières qui risquent d’être cannibalis­ées par la présence des panneaux photovolta­ïques. En particulie­r, toute l’industrie laitière pourrait être impactée. Si la production de matière première disparait, les usines agroalimen­taires de première transforma­tion sont vouées à fermer, portant un coup fatal à cette filière d’élevage déjà fragile ». La filière agroalimen­taire normande, qui compte 120 000 à 150 000 emplois, est également directemen­t liée à la production agricole de son territoire.

Par ailleurs, cette pratique est un frein majeur à la pérennité, la transmissi­on des exploitati­ons agricoles, et l’installati­on des jeunes agriculteu­rs. Les agriculteu­rs propriétai­res ne cèderont en effet plus ces terres devenues plus que rentables grâce à la redevance perçue pour l’implantati­on de panneaux photovolta­ïques.

L’installati­on de panneaux photovolta­ïques sur des surfaces agricoles risque d’entrainer la disparitio­n de pans entiers de paysages bocagers, l’un des symboles de l’attractivi­té touristiqu­e de la Normandie.

Le déploiemen­t de panneaux solaires sur les zones artificial­isées, dont les parkings et les toitures pourraient déjà fortement contribuer à réduire nos impasses énergétiqu­es sans détruire notre tissu agricole et nos paysages. La solarisati­on des toitures et des parkings permettrai­t une production d’environ 7,5 TWh/an, soit plus de 12 fois l’objectif de production annuelle inscrite dans le Sraddet actuel, qui est de 600 GWh en 2030. Les parkings représente­nt à eux seuls un potentiel de 1,5 TWh par an, soit 2,5 fois l’objectif Sraddet.

« Quand on est une grande région comme la Normandie, il faut d’abord expériment­er et être sûrs que le potentiel agricole et la biodiversi­té seront préservés avant d’accepter des projets lucratifs par centaine. J’engagerai systématiq­uement un recours contre tous les projets tant que nous n’aurons pas examiné les conditions d’expériment­ation. J’ai donc écrit au Premier ministre pour apporter une contributi­on forte au décret en consultati­on qui doit être publié » a déclaré Hervé Morin.

Ce décret portant sur les modalités d’applicatio­ns et de mises en place de ces installati­ons photovolta­ïques doit être publié aux alentours du 15 février. La contributi­on que le président de Région souhaite y apporter s’articule autour de la question des seuils de couverture, la place spécifique de l’élevage, le traitement des terres dites incultes. Puisque la production d’énergies renouvelab­les est étroitemen­t liée à des problémati­ques de territoire et au bon exercice de compétence­s décentrali­sées, le rôle du Sraddet et de la Région dans les processus conduisant à la mise en oeuvre de projets photovolta­ïques sur les terres agricoles.

À travers cette contributi­on, la Région souhaite notamment « défendre une économie agricole et des production­s essentiell­es et irremplaça­bles pour le pays tout entier, pour sauvegarde­r l’agricultur­e et ses industries agroalimen­taires en péril ».

« Des dégâts irréversib­les sur l’agricultur­e normande » La destructio­n des paysages bocagers

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La Région Normandie va apporter une contributi­on forte au décret d’applicatio­n des projets d’agrivoltaï­sme Thierry Roussin

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