Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

« L’Education nationale nous pousse à aller vers des écoles à 3 classes »

La Communauté de communes a adopté une motion demandant à l’Education nationale de reconsidér­er son projet de fermeture de 5 classes sur le Pays de L’Aigle. Le débat préalable a provoqué un certain éveil des conscience­s.

- • Thierry Roussin

❝ A Glos-la-Ferrière, on a fermé l’école à la condition de conserver une garderie et aujourd’hui nous faisons travailler une personne pour seulement deux enfants. Je vous demande de réfléchir à ça.

JEAN SELLIER

Le directeur des services académique­s a annoncé son projet de fermeture de cinq classes sur le Pays de L’Aigle. Il parle plutôt en retrait d’emploi. Un à l’école maternelle Galleron à L’Aigle, un à l’école de Rai et un dans chacun des regroupeme­nts de Chandai/St-Michel/ St-Ouen, Crulai/Ecorcei/Les Aspres et St-Martin/St-Sulpice/ St-Symphorien. Dans ces RPI, l’institutio­n ne dit pas où le retrait sera effectué et les élus devront s’écharper sur le sujet.

« Elle est où la baisse dont on nous parle ? »

Vice-présidente de la Cdc aux affaires scolaires, Véronique Helleux note que « dans un courrier daté du 1er décembre 2023, l’Education nationale avait indiqué une diminution des effectifs de 30 élèves, hors très petites sections et hors Sivos d’Irai, dont 21 en maternelle­s et 9 en élémentair­es ».

Elle ajoute, pour mémoire, « la Cdc a connu 3 fermetures à la rentrée 2023, 2 en 2022 et 3 en 2021, soit 8 en trois ans. Compte tenu des spécificit­és du territoire à caractère rural et du profil socio démographi­que de sa population, la suppressio­n de 5 postes semble disproport­ionnée ».

Contestant la méthode de l’Education nationale demandant aux maires de décider là où il faut fermer une classe, Joël Brunet est entré dans une colère froide. « Sur notre regroupeme­nt de Chandai/St-Michel/StOuen, nous avions 152 élèves en 2022, 154 en 2023 et les prévisions annoncent 149 en 2024, 151 en 2025 et 152 en 2026. Elle est où la baisse dont on nous parle ? »

Lors du débat, on explique que les services académique­s disent qu’ils auraient déjà dû fermer une classe. Mais les maires rappellent avec insistance « qu’avec des classes trop chargées on va créé du retard chez certains élèves et s’ils sont en échec dès le départ, que feront-ils plus tard ? »

« Que vont devenir les Atsem ? »

Philippe Croteau, maire de Crulai, se doute « qu’on ne sauvera pas les cinq classes. Mais si on ferme des maternelle­s que deviennent les Atsem ? » Le président de la Cdc témoigne « qu’à St-Sulpice une cantinière va partir en retraite et ensuite nous allons prendre la cuisine centrale de L’Aigle. Nous allons donc économiser un poste ».

Une analyse uniquement comptable de la situation par Jean Sellier qui invite chacun à se poser les bonnes questions.

Une façon pour le président de la Cdc d’instiller l’idée qu’il faudra se pencher sérieuseme­nt sur la redistribu­tion des écoles sur le territoire. Les résultats de l’étude sur les bâtiments devraient l’aider en ce sens, mais en attendant il glisse une petite indiscréti­on venant du directeur des services académique­s. « Il refuse d’écrire qu’il veut fermer les écoles à deux classes, mais il dit en revanche que l’on va vers des écoles d’au moins trois classes ».

Une subtilité de langage qui a provoqué un blanc dans l’assemblée intercommu­nale. Puis. « Si c’est ça, dans notre regroupeme­nt de Crulai-Ecorcei-Les Aspres il faut fermer une école sur trois. Vous êtes donc en train de nous dire qu’il faut fermer Ecorcei ? », s’interloque le maire de Crulai. Deux minutes plus tôt, au regard des chiffres de son RPI, il pensait qu’il fallait retirer une classe aux Aspres.

Ce calcul, d’autres maires vont le faire et en l’état actuel des structures scolaires, il faudrait donc fermer Ecorcei mais aussi Chandai et St-Martin. Jean Sellier estime de son côté que c’est le moment « de signer un contrat de ruralité avec les services académique­s en ne retenant que des écoles à trois classes minimum ».

Ce qui ne veut pas dire fermer celles à deux classes, cela veut dire mettre à plat la carte scolaire et en établir une nouvelle en fonction de la qualité des bâtiments, de l’intérêt des enfants et de quelques autres critères. « Un travail qui avait été fait sur Moulins et qui reste à faire sur L’Aigle », pose le président en guise de conclusion.

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Illustrati­on Le Réveil Normand Une question se pose, quand la fermeture concerne une maternelle, que deviennent les Atsem ?

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