Une délégation du personnel raconte, « nous avons eu honte de nos dirigeants »

Une délégation de praticiens du centre hospitalier, d’infirmières, de cadres, de personnels du Home Moulinois et de la blanchisserie a pris la parole devant les élus de la Cdc. Ils ont dit leur opposition à la fermeture du Home Moulinois, mais pas que.

eur intervention était annoncée et acceptée par le président de la Communauté de communes (Cdc) du Pays de L’Aigle, Jean Sellier. La délégation voulait « alerter sur le devenir des activités de l’hôpital de L’Aigle », mais aussi « sur le chantage de l’Agence régionale de santé nous demandant d’accepter une direction commune avec Alençon, de faire des économies sur le personnel, en contrepartie des enveloppes pour mener à bien le projet immobilier ».

L« En étant ici on s’expose à des sanctions »

Le climat serait donc très tendu au sein du centre hospitalier, à tel point que l’on observe « une rupture avec une grande partie des praticiens », ainsi que « la démission du président de la Commission médicale d’établissement ».

Dénonçant le projet de réduction du nombre de lits à la maternité (Ndlr, lire par ailleurs), la délégation accompagnée de

Marc Provost, représentant CGT de l’hôpital, a pointé « une réduction de postes à la blanchisserie ». Mais pas seulement. « Depuis le début de la panne de la sécheuse-plieuse mi octobre 2023, la direction bloque le devis de réparation dont le montant est de 14 000 euros. Ce coût est largement inférieur au coût du linge que nous envoyons actuellement à Alençon, qui s’élève à environ 25 000 euros par mois ».

Le syndicat parle également de « politique de ressources humaines ou dirons-nous inhumaine avec des réductions de postes, infirmières en médecine, aide kiné, puéricultrice, aide-soignant… des convocations de collègues en postes aménagés qu’on invite à partir ».

Praticienne à l’hôpital de L’Aigle, Isabelle Duval témoigne « de harcèlement moral qui est à l’origine de la fuite de compétences. Il faut savoir que les personnes du centre hospitalier présentes ce soir s’exposent à des sanctions dans leur carrière ».

Elle craint que la direction « n’accélère le démantèlement de l’hôpital. Après la maternité ce sera la chirurgie, mais on gardera l’Ehpad ».

« Serions-nous chez Orpéa ? »

Marc Provost a d’ailleurs expliqué le projet immobilier des Ehpad de l’établissement. « Il doit réunir plus de 90 résidents au détriment de la qualité de la prise en charge. La fermeture du Home Moulinois en est la démonstration. Mis devant le fait accompli, le personnel se pose la question d’un tel choix, si ce n’est une rentabilité à outrance. Serions-nous arrivés chez Orpéa ? »

Le représentant syndical se pose lui aussi la question de la gestion des sites. « Mais alors, le Home Moulinois datant de 1989, ça y est il est obsolète ? Le bâtiment Roseraie/Aquarelle de 1998, lui aussi on le vide ? L’ARS, les directeurs vendentils leurs maisons à la fin de leur emprunt ? »

Comme annoncé dans notre édition de la semaine dernière, une réunion entre les familles de résidents du Home Moulinois et la direction s’est tenue mercredi 14 février.

❝ Une réunion de gestionnaires traçant un portrait faussé d’une structure soi-disant insalubre, n’entendant pas les pleurs des résidents, attachés à l’équipe, aux locaux et à la convivialité de cette structure. MARC PROVOST

Cette rencontre a, semble-t-il, était éprouvante, « la direction renvoyant même la responsabilité du stress des résidents sur leurs familles. Nous avons eu honte de nos dirigeants ».

S’inquiétant des conséquences économiques pour le bourg de Moulins, Marc Provost regrette que « la politique nationale de santé a le droit de vie ou de mort sur le développement d’un bassin de population. De plus, ceux qui décident de notre devenir ne sont que de passage ».