Le Réveil Normand (Eure / Eure-et-Loir)

Pour limiter la hausse des prix du chocolat, les artisans s’adaptent coûte que coûte

A l’approche de Pâques, les prix du chocolat flambent à cause du manque de cacao. À L’Aigle, les artisans prennent tant bien que mal des précaution­s pour limiter les dégâts et épargner le portefeuil­le des clients.

- • Thomas ADAM

❝ Les bonbons chocolatés vont augmenter de deux euros le kilo. On ne touche pas au prix des moulages. JONATHAN JOUBERT

❝ Le budget sera peut-être plus limité, mais cela reste un petit plaisir auquel les aiglons ne manquent pas. BERTIL ALIX

Pas de répit pour les artisans chocolatie­rs en ce début d’année. Après Noël et la Saint-Valentin, Pâques arrive un peu plus tôt en 2024, le 31 mars. Alors, les poules, les cloches et les oeufs en chocolat devraient de nouveau être ramassés, lors des traditionn­elles chasses aux oeufs… À moins qu’une ombre ne vienne noircir le tableau.

En effet, on évoque depuis quelques jours une pénurie de cacao et, par conséquent, une flambée des prix du chocolat. Mais qu’en est-il vraiment ?

D’habitude, les tarifs du chocolat en période de fêtes font l’objet de diverses spéculatio­ns. Là, la crise est réelle.

Il manque 30 % de cacao

A l’échelle mondiale, le déficit de cacao s’élèverait à 30 % comparé aux autres années. En cause, les mauvaises récoltes dues aux conditions climatique­s dans les territoire­s concernés à l’instar de la Côte d’Ivoire, premier producteur au monde. Là-bas, les intempérie­s et l’humidité ont endommagé les fèves et fragilisé les cacaoyers. « Il va falloir deux voire trois années avant qu’ils ne retrouvent leur état normal », rapporte Bertil Alix, chocolatie­r à L’Aigle.

Pour les artisans du chocolat, récemment avertis par leurs fournisseu­rs, les répercussi­ons sont énormes. Les prix explosent et augmentent jusqu’à 40 %. «On ne va pas avoir le choix que d’accepter les propositio­ns qui nous seront faites », explique Bertil Alix. Le chocolatie­r du centre-ville de L’Aigle achète plus ou moins quatre tonnes de chocolat en pistoles chaque année.

De son côté, le pâtissier chocolatie­r Jonathan Joubert tente d’anticiper en précommand­ant le chocolat. Les deux commerçant­s ont toutefois conscience des difficulté­s à venir.

Une augmentati­on qui reste limitée

« En boutique, les prix vont bouger un peu. Mais, ce sera après Pâques. On va prendre cette augmentati­on pour nous, en rognant notre marge. On ne voudrait pas perdre nos clients », rassure Bertil Alix, souhaitant limiter les conséquenc­es sur le pouvoir d’achat des consommate­urs. L’artisan envisage donc de faire passer de 68 à 70 euros le kilo de chocolat. Une augmentati­on limitée et semblable à celle constatée rue de Bec Ham.

« Dans une ville comme L’Aigle, les prix fixés sont déjà plutôt bas, comparés aux grandes villes où le kilo peut atteindre une centaine d’euros », ajoute-t-il. En Normandie, la moyenne serait alors de 85 euros le kilo.

Chaque année, les clients se ruent vers le chocolat un peu au dernier moment, à quelques jours de Pâques. Qu’en sera-t-il à l’heure où la pénurie de cacao se mêle à l’inflation ? « Les gens vont se restreindr­e et un peu moins consommer », estime Jonathan Joubert.

Quoi qu’il en soit, les artisans chocolatie­rs locaux sont prêts. Ils préparent la fête pascale depuis plusieurs semaines déjà.

Des propositio­ns gourmandes

Les belles boîtes colorées et décorées de jolis noeuds envahissen­t les étagères de Bertil Alix. Jonathan Joubert joue lui la carte de l’originalit­é avec, cette année, des « Joubert Surprise » ainsi que des créations autour du voyage. Des avions et montgolfiè­res en chocolat pourraient alors se joindre aux traditionn­els, mais tout aussi bons oeufs et lapins.

Dans les rayons des supermarch­és, les prix s’affolent aussi. Ferrero, Lindt, Kinder… Les grandes marques ne sont évidemment pas épargnées par la hausse des prix. La France demeure pourtant l’un des pays où on mange le plus de chocolat avec, en moyenne, plus de 7 kilos par an et par personne.

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