Le Réveil Normand (Orne)

De nouvelles perspectiv­es sur l’histoire du Perche

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À l’occasion de la période des fêtes de fin d’année, une boutique éphémère va ouvrir à Tourouvre, dans la galerie « l’OEil du Singe », du vendredi 8 au dimanche 17 décembre. Une fois de plus, la boutique atelier de Tourouvre-au-Perche, l’OEil du Singe, organise dans son local une boutique éphémère pour la période de Noël, les weekends du 8 et du 15 décembre. L’occasion de faire le plein de cadeaux originaux et fait main, par des artistes et artisans locaux. Au total, 8 exposants de différents horizons artistique­s seront présents et présentero­nt leurs créations uniques comme des céramiques, carnets, gravures, photograph­ies, peintures, sculptures, bois tournés, laques. Chaque jour d’ouverture, deux d’entre eux accueiller­ont les visiteurs pour leur ouvrir les portes de leur univers artistique, autour de démonstrat­ions ou d’explicatio­ns de leur savoir-faire. De quoi donner du choix pour trouver le présent idéal made in Perche.

Pratique. Horaires d’ouverture, vendredi 8 et 15 décembre, samedi 9 et 16 décembre, de 10 h à 18 h, dimanche 10 et 17 décembre, de 10 h à 12 h 30. Contact. 06 88 97 45 23. Mail. contact@loeildusin­ge.fr

Détails des exposants. Géraldine Besnard, laques. Christian Champagne, peintures et sculptures. Brigitte Frérot, peintures.

Caroline Schwerdorf­fer, céramiques. Catherine Vigier, peintures et dessins. Valérie Voisin, créations en bois tourné. JeanBaptis­te Rengeval, photograph­ies. Oriane Cavin, reliures et gravures.

Plus de 60 personnes étaient présentes à Tourouvre (salle Georges Brassens), samedi 28 octobre, pour écouter la conférence de Jean-Marc Baché. Portant sur « le Perche durant l’Antiquité et le haut Moyenâge », le docteur en archéologi­e a donné une nouvelle vision de l’histoire percheronn­e et de ses paysages.

Des hommes préhistori­ques à Bellême

Pendant longtemps, « les érudits du XIXe siècle ont pensé que le Perche faisait référence à sa forêt, la silvas perticas, une forêt vierge, inhabitée. » Or, les recherches, les fouilles archéologi­ques menées depuis plus d’un siècle et encore de nos jours nous montrent le contraire, tout comme les travaux publiés par les sociétés savantes.

Que cela soit sous la Préhistoir­e, au paléolithi­que et au néolithiqu­e, la « prospectio­n et les fouilles archéologi­ques ont mis en avant des traces de peuplement, via la découverte de biseaux en silex pour les haches, un silo à grain à Saint-Hilaire. Des hommes préhistori­ques s’étaient établis près de Bellême. » La réalisatio­n de carottage pour étudier les différents pollens (de plantes domestiqué­es) serait un atout non négligeabl­e.

Au temps de la Gaule-Romaine

Même si César n’est pas venu dans notre contrée, ses armées se sont déplacées. « Les cités des peuples gaulois comme les Sagiens (Sées), les Carnutes (Chartres), les Durocasses (Dreux), les Aulerques Eburovices (Évreux), les Aulerques Cénomans (Le Mans) – étaient reliées par un réseau vicinal de bonne facture, permettant aux armées romaines de se déplacer rapidement, et d’envahir les différente­s régions de la Gaule. »

Au cours des Ier et IIe siècles de notre ère, le Perche connut son heure de gloire. L’économie est florissant­e, l’activité artisanale et agricole est prospère, comme le montre la présence de vases, de poteries en sigillée. Les recherches, mises en avant par Fabrice Morand, dans les Cahiers Percherons, révèlent la présence de trois agglomérat­ions secondaire­s dans le Perche, Mézières (près de Tourouvre), Saint-Ouen-de-la-Cour et Origny-le-Roux, traversées par une voie de communicat­ion. Mieux, « Mézières est un carrefour routier et commercial, révélé par les nombreuses pièces d’époque, ou de verreries ».

S’y ajoutent les villae, véritable domaine agricole intégrant la demeure du maître. Les fouilles effectuées dans le passé à La Simonnière ont mis en avant la splendeur de la maison principale avec mosaïque, marbre, salle de bain sur hypocauste (système de chauffage pas le sol) et tuyauterie complexe (associant le plomb et la poterie).

Invasions et transforma­tion du paysage

Au cours des IIIe et IVe siècles, le Perche, à l’image de l’Empire romain, connait une multitude de crises, notamment économique et politique. De plus, les Barbares débutent des incursions dans l’Empire (sans s’y installer). Des territoire­s sont détruits, des population­s massacrées.

Les grandes cités s’entourent de murailles gallo-romaines, comme au Mans. Dans les zones délaissées et pourtant cultivées les siècles précédents, la nature reprend ses droits, la forêt s’installe et supplante les terres agricoles. Ainsi, les vastes forêts percheronn­es apparaisse­nt dès le IVe siècle.

La bataille de Soissons en 486 met fin à l’empire gallo-romain dirigé par Syagrius, vaincu par Clovis (roi des Francs). Toutefois, les anciens sites gallo-romains restent occupés et sont recensés dans le polyptyque d’Irminon (823/828). Les meilleures terres restent cultivées, comme celles se situant autour de Maison-Maugis et Boissy-Maugis, au profit de l’abbaye de SaintGerma­in-des-Prés, avant que les Vikings viennent envahir la Basse-Seine et s’installent dans la future Normandie.

À travers une conférence passionnan­te, le conférenci­er a su réécrire une page de notre histoire locale. Pour Jean-François Suzanne, président des Amis du Perche de l’Orne, « seules les fouilles programmée­s ou préventive­s, ainsi que la réalisatio­n du programme Lidar, pourront apporter des éléments nouveaux sur l’histoire du Perche ».

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