Le Réveil Normand (Orne)

Le sud de l’Eure continue de perdre des habitants dans ses villes principale­s

Rugles, Breteuil et Verneuil perdent des habitants, selon le dernier recensemen­t de l’Insee entre 2015 et 2021. A Rugles, de nouveaux projets économique­s pourraient inverser la tendance dans les années à venir.

- Vincent GUERRIER

C’est toujours une donnée très attendue par les municipali­tés. L’Insee (L’Institut national de la statistiqu­e et des études économique­s) a rendu ses chiffres de la démographi­e pour la période allant de 2015 à 2021. Dans l’Eure, la population est en légère baisse : et s’établit, au 1er janvier 2021, à 598.934 habitants. C’est 0,08% de moins qu’en 2015, le départemen­t comptait à cette époque 601 948 habitants.

La situation n’est pas plus mauvaise dans le sud de l’Eure, mais elle ne semble pas vraiment s’améliorer non plus.

Dans le détail, on remarque en effet que toutes les villes ont perdu des habitants, exceptée Mesnils-sur-Iton.

Rugles

Selon le dernier recensemen­t de l’Insee, Rugles compte 2199 habitants au 1er janvier 2021. Sur la période allant de 2015 à 2021, elle aurait donc perdu 114 habitants, soit un déclin de 0,8% par an. Pour le maire de Rugles Denis Guitton, le calcul du recensemen­t est luimême à relativise­r. « Nous ne sommes jamais totalement certains de nos chiffres. Après le recensemen­t, nous avions trouvé au moins dix maisons qui n’avaient pas été comptées. Je ne dis pas que cela change tout, mais il faut avoir en tête que le chiffre n’est peut-être pas tout à fait exact, et que l’on a surement un peu plus d’habitants. » Mais comment inverser cette décroissan­ce de la population qui se produit depuis le début des années 2000 à Rugles ? «Je le dis depuis toujours : l’exode rural n’est pas terminé. C’est le travail qui attire du monde. L’État a beau vouloir une boulangeri­e dans chaque village, cela ne peut pas se produire s’il n’y a pas des entreprise­s autour. À Rugles nous avons des projets qui avancent bien pour implanter des activités. Nous avons aussi des usines historique­s qui se portent plus ou moins bien. J’attends le premier trimestre prochain pour savoir comment se passera 2024. » Pour l’édile, il ne sert à rien de bâtir des lotissemen­ts à tout prix s’il n’y a pas d’attractivi­té économique. En vue des projets d’implantati­on qui devraient déboucher en 2024, un projet de lotissemen­ts s’achève au Saptel. « Notre commune est prête à accueillir tout le monde, les familles comme les retraités. Pourquoi pas également ceux qui cherchent un meilleur cadre de vie. Mais l’emploi reste notre priorité. On voit bien que ceux qui s’en vont ne vont pas dans les communes voisines. » En 2020, Rugles comptait 45,9 % de retraités et 17,2 % d’ouvriers.

Dans le canton de Rugles, La Neuve-Lyre a perdu 21 habitants. La Vieille-Lyre a perdu seulement six habitants.

Breteuil

La commune nouvelle de Breteuil-sur-Iton perd elle aussi des habitants. En 2021, elle comptait 4 287 âmes, c’est-àdire 289 personnes de moins qu’en 2015, soit une baisse de -1,10 % chaque année. Il faut dire que le taux de natalité (le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à la population totale moyenne de l’année) est en chute libre depuis 1968 : passant de 17 ‰ à seulement 9 ‰. Pourtant, la population s’établissai­t à 4560 habitants en 2014. Elle a donc connu une baisse importante ces dernières années. Notons que de nombreuses communes voisines (Bémécourt, Beaubray, Sainte-Maried’Attez, Les Baux-de-Breteuil ou encore Le Lesme) ont toutes gagné des habitants sur cette même période. Toujours selon l’Insee, 36 % des habitants sont retraités à Breteuil, 18 % sont ouvriers, 17 % sont employés, et 13 % de la population n’a pas d’activité profession­nelle. Contacté, Gérard Chéron n’a pas pu répondre à nos questions.

Verneuil-d’Avre-etd’Iton

La « capitale » du sud de l’Eure, la commune la plus peuplée du territoire de l’Interco Normandie sud Eure, est aussi celle qui se vide le plus. Pas seulement en nombre d’habitants (868 habitants ont quitté la ville entre 2015 et 2021, un chiffre colossal), mais aussi en pourcentag­e, avec 1,9 % de baisse chaque année. C’est tout simplement le taux négatif le plus important dans tout le départemen­t de l’Eure depuis 2018, pour une ville de plus de 2 000 habitants. Un record dont la commune se serait bien passée. La commune ne compte plus que 7305 habitants début 2021. Elle ne compte plus « que » 1150 habitants de plus que Mesnils-sur-Iton.

Mesnil-sur-Iton

La commune nouvelle, qui compte notamment Damville comme ville phare, est la seule des quatre grands pôles du sud de l’Eure, à avoir un bilan positif. Mesnils-sur-Iton compte à ce jour 6 145 habitants, soit 55 de plus qu’en 2015. Elle obtient donc un taux de croissance de 0,2 % chaque année. Sur le papier, la commune se veut active, avec un faible taux de retraités comparé à ses voisins (25 %), 17 % de profession­s intermédia­ires, 15 % d’employés et 16 % d’ouvriers.

Des communes dans le vert

Toutes les communes ne perdent pas des habitants. Citons par exemple Bémécourt, Beaubray, Sainte-Marie-d’Attez, Les Baux-de-Breteuil ou encore Le Lesme qui gagnent des habitants près de Breteuil. C’est aussi le cas de Chambord, qui a le taux de croissance (3,1 %) le plus important dans le sud du départemen­t. La petite commune de 178 âmes a gagné 29 habitants. Une sacrée progressio­n qui s’est faite sans aucune création de projets immobilier­s. « C’est la covid », détaille simplement le maire Guido Vandewalle. « Nous avions beaucoup de maisons à vendre, il n’y en a plus désormais. C’est sûr que les dotations de l’État sont calculées sur la population, mais à côté de ça, l’augmentati­on de la population engendre des frais pour scolariser les enfants », tempère le maire, qui laisse entendre que la croissance démographi­que n’est pas toujours une bonne nouvelle dans une très petite commune. À noter que le recensemen­t officiel se fera dans la commune à partir de mi-janvier. Les chiffres pourraient donc encore grimper. Plus loin, Les Barils et Courteille­s gagnent également quelques habitants.

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Vincent GUERRIER Rugles a perdu 114 habitants en six ans.

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