Le Réveil Normand (Orne)

Le préfet devra s’expliquer sur son choix d’attributio­n des terres

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La Cour administra­tive d’appel de Douai a annulé pour la forme la décision du préfet de région Normandie qui avait refusé d’accorder à un éleveur de chevaux des Aspres une autorisati­on d’exploiter des terres sur les communes d’Aube, Ecorcei, La Chapelle-Viel et des Aspres (Orne).

La SCEA de l’Epine — dont le siège est situé à Saint-Germainen-Laye (Yvelines) et qui exploite La Ferme des Bissons, aux Aspres — avait sollicité l’autorisati­on d’exploiter ces 103,36 ha de terres le 24 décembre 2019 pour son «agrandisse­ment». Mais cette société spécialisé­e dans l’élevage de chevaux ne s’était vu confier que 52 ha et le préfet de région avait attribué le reste des terres à d’autres exploitant­s.

Désavoué en première instance à Rouen

L’EARL du Tertre, implantée à Ecorcei, s’était ainsi vue attribuer 24,61 ha de terres situées à Aube et d’Ecorcei, l’EARL Olivier Stéphane (Les Aspres) avait été autorisée à exploiter 16,85 ha à La-Chapelle-Viel et aux Aspres, enfin, au GAEC Villeplée (La Chapelle-ciel) étaient revenus 18,64 ha de terres répartis sur les communes de La-ChapelleVi­el et des Aspres.

Eric X, le gérant de l’élevage équin, s’est donc tourné vers la justice administra­tive pour faire annuler cette décision. Ayant dans un premier temps été désavoué le 2 octobre 2020 par le tribunal administra­tif de Rouen, il avait donc fait appel du jugement.

Le préfet de région Normandie s’était en fait appuyé sur les dispositio­ns du code rural et de la pêche maritime ainsi que sur le Schéma directeur des structures agricoles de Basse-Normandie pour procéder à cette réparation.

Si sa décision « mentionne le nom des candidatur­es concurrent­es » et « établit, après avoir examiné les différente­s demandes, leur rang de priorité au regard du schéma directeur », elle ne précise en revanche « pas pour quels motifs la demande de la SCEA de l’Epine a été classée (…) au 9e rang de priorité, alors que les demandes des (…) groupement­s concurrent­s l’ont été au 8e rang de priorité ex aequo», constate d’emblée la Cour administra­tive d’appel de Douai dans un arrêt en date du 15 décembre 2023 qui vient d’être rendu public.

«Un exploitant à titre secondaire»

« Dès lors, cette motivation (…) ne permet pas à la société appelante de connaître précisémen­t les motifs du rejet partiel de sa demande ni de les discuter utilement». Elle est donc «insuffisan­te» sur la forme et doit par conséquent « être annulée ».

Mais «il ressort (…) de la demande d’autorisati­on formulée par la SCEA de L’Epine que, si l’opération envisagée a pour objet l’exploitati­on (…) des terres agricoles mises à sa dispositio­n par M. X qui en deviendrai­t associé-salarié, l’associé gérant Eric X est un exploitant à titre secondaire qui exerce principale­ment la gestion de plusieurs autres sociétés d’élevage équin » relèvent aussi les juges administra­tifs.

L’attributio­n est définitive

«Les demandes des sociétés et groupement concurrent­s émanant d’agriculteu­rs exploitant leurs terres à titre principal ont été classées à bon droit au rang de priorité 8 ex aequo», ajoutent les magistrats.

«Le préfet (…) a pu légalement classer la demande de la SCEA de L’Epine au 9e rang de priorité et la rejeter pour les parcelles faisant l’objet de demandes concurrent­es », en concluent les magistrats. Le préfet va donc devoir motiver sa décision, mais cela ne devrait avoir aucun impact sur l’attributio­n des terres. L’État devra toutefois verser 2 000 € à la SCEA de l’Epine pour ses frais de justice.

CB (PressPeppe­r) pour Le Réveil Normand

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