« Je ne supporterais pas à 86 ans d’être encore déracinée »
Samedi matin, une nouvelle mobilisation, à l’appel de la CGT, a mobilisé une centaines de personnes, habitants, élus, personnel et résidents, toujours pour défendre et sauver le Home Moulinois, en présence de Marc Provost, délégué CGT du centre hospitalier de L’Aigle et de Fabrice Gloria, maire de la commune.
Une nouvelle réunion devrait se tenir avec le directeur de l’hôpital, Christophe Mazin, vendredi 15 mars à 15 h, au Home Moulinois et Olivier Bitz, sénateur, a un rendez-vous avec le directeur de l’ARS avant la fin du mois.
« Une réouverture immédiate des lits »
« Nous réclamons toujours le maintien du Home Moulinois avec une réouverture immédiate des lits afin que les résidents retrouvent une sérénité et une réorientation d’une partie des enveloppes budgétaires pour son maintien, le déblocage de tous les lits des Ehpad du centre hospitalier ».
Plus de 2 000 signatures ont d’ores et déjà pu être recueillies pour la pétition. Un barbecue revendicatif sera organisé vendredi 22 mars à 18 h 30, à Moulins-la-Marche.
Le témoignage d’une résidente, consignée dans une lettre qu’elle n’a pas rédigé, « parce que je ne peux plus le faire », a été lu lors de ce rassemblement.
Simonne Lepage a 86 ans et réside depuis 18 mois au Home Moulinois. « Ce lieu que je n’ai pas choisi pour mon bien est devenu tant bien que mal au fil des mois, mon lieu de vie. Je m’y suis habituée parce que son cadre est confortable et son personnel bienveillant. Ils sont devenus mes seuls et derniers repères vitaux ».
« Je suis devenue fragile et angoissée »
Dans sa missive, l’octogénaire évoque les normes de sécurité, « mais quelles normes, je serais bien en peine de vous le dire, tout comme ceux qui les brandissent d’ailleurs. Je crois savoir que le maire de Moulins-laMarche et les syndicats qui ont pris notre défense ont des arguments fondés qui en démontrent l’incohérence ».
La résidente admet volontiers quel les chambres auraient besoin d’un coup de peinture, « mais je m’en satisfais pleinement. Mon rêve n’est donc pas d’intégrer ce futur établissement tout confort et multisécurisé que l’on nous a vendu. Je ne supporterais pas à 86 ans d’être déracinée encore deux fois, une première fois en me recasant là où il y aurait de la place et une seconde fois, dans un hypothétique établissement flambant neuf. Je préfère rester là où je suis ».
Accrochée au Home Moulinois, établissement au tarif abordable près de sa commune d’origine, Montchevrel, Simonne Lepage explique qu’elle est « devenue fragile et angoissée par tout ce qui n’est pas mon quotidien. Il vous faudrait seulement quelques secondes pour vous en rendre compte et constater que je n’ai plus ni les mots ni le raisonnement suffisant pour débattre de ces beaux projets et me défendre ».