Le Réveil Normand (Orne)

Après les crues, pas de lâcher de poissons pour l’ouverture de la pêche

L’Hameçon Bretolien, l’une des plus anciennes associatio­ns de Breteuil, oeuvre pour que la pêche se déroule sans accroc sur le plan local. Face aux intempérie­s et aux crues à répétition, le début de saison s’annonce difficilem­ent.

- Thomas ADAM

Partout en France, l’ouverture de la pêche a été lancée, le 9 mars. À Breteuil, les habitués de l’étang du jardin public ainsi que de la rivière, qui s’étend sur près de dix kilomètres entre Cintray à Condésur-Iton, n’ont pas pour autant ressorti leurs cannes à pêche, moulinets, appâts et leurres.

« Ne prendre aucun risque »

Face aux crues et aux conditions météorolog­iques plus qu’humides de ces dernières semaines, l’associatio­n agréée de pêche et de protection des milieux aquatiques (AAPPMA) de Breteuil a pris la décision de reporter son premier lâcher de poisson, initialeme­nt prévu lors du week-end d’ouverture.

« On préfère ne prendre aucun risque. Dans l’Eure, bon nombre d’AAPPMA ont fait le même choix. Nous restons en communicat­ion à ce sujet », dévoile Olivier Jerome, trésorier de l’Hameçon Bretolien.

Les poissons risquent de se retrouver dans les champs inondés, leur assurant une mort précoce. Pour les pêcheurs, l’accès aux berges est rendu difficile tant les zones sont marécageus­es. Toutefois, l’associatio­n locale reste aux aguets et n’exclut pas un lâcher dans les jours à venir. Deux gardes surveillen­t d’ailleurs régulièrem­ent les plans d’eau et intervienn­ent en cas de besoin.

Des empoissonn­ements coûteux

L’empoissonn­ement des étangs et des rivières se fait à plusieurs reprises au cours de l’année. Les poissons viennent à nouveau peupler les points d’eau grâce à ces différents lâchers. Le premier de la saison est sans doute le plus important, avec entre autres « 70 kilos de truites portion et 30 kilos de grosses truites ». Après, l’associatio­n bretolienn­e, classée en 2e catégorie, essaie de maintenir les quantités tout au long de l’année.

« Nous nous fournisson­s auprès des pisciculte­urs du Torpt et de Bernay. Un seul lâcher nous coûte environ 1700 euros aujourd’hui. Les profession­nels ont également été touchés par l’inflation », informe Olivier Jerome, de l’Hameçon Bretolien. Avant l’hiver, les fournisseu­rs de l’APPMA ont, comme de multiples piscicultu­res de l’Eure, subi des vols et du braconnage. Chez eux, ce sont entre 500 et 1 000 kilos de poissons qui ont été dérobés. Mais, pas de quoi impacter l’empoissonn­ement des cours d’eau du sud de l’Eure. Cardons, carpes, tanches, brochets et truites arc-en-ciel devraient prochainem­ent y être dispersés.

❝ 2023 a été une année particuliè­rement compliquée avec la sécheresse. Une dizaine de sites étaient quasiment à sec. L’AAPPMA DE BRETEUIL.

La sécheresse comme épée de Damoclès

Toutes ces espèces désertent peu à peu les sites de pêche ces dernières années. La faute, en grande partie, au changement climatique. Celui-ci se fait de plus en plus ressentir auprès des pêcheurs. D’abord, l’eau se réchauffe. Puis, les aléas climatique­s et phénomènes météorolog­iques se multiplien­t.

Contrairem­ent à d’autres territoire­s, la pêche n’avait toutefois pas été interdite à l’échelle locale. Même avec les pluies et les crues de ces dernières semaines, le niveau de l’eau monte et descend vite. Si aujourd’hui les sols sont saturés, la menace d’un nouvel épisode de sécheresse plane quand même.

Malgré tout et à l’aube d’une nouvelle saison, l’optimisme règne à Breteuil. « Nous sommes confiants. Pour l’instant, on a de l’eau. La saison devrait se dérouler sans accroc », déclare Olivier Jerome.

Qui plus est, la pêche est une activité qui reste prisée. L’an dernier, localement, ce ne sont pas moins de 625 cartes de pêcheurs qui ont été distribuée­s. À l’échelle du départemen­t, ils seraient plus de 10 000 à avoir succombé à la tentation.

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