Le Réveil Normand (Orne)

«Je garde en tête que du positif», Fabrice Poullain revient sur sa carrière de footballeu­r pro

Né à Alençon dans une famille originaire du Perche, Fabrice Poullain est passé par le FC Nantes, le Paris Saint-Germain, l’AS Monaco et l’OGC Nice dans les années 80. Il compte dix sélections en équipe de France et plus de 300 matchs profession­nels.

- Tony CASALINHO

Niort, dans les DeuxSèvres, Fabrice Poullain s’y est installé désormais. Petit, c’est notamment en Charente-Maritime où il va grandir avec toujours une attache dans le Perche. Ses souvenirs en Normandie, dans l’Orne, lui rappellent son enfance. Terres où ses grands-parents habitaient. « Mes grands-parents étaient à Moulins-La-Marche et d’autres sur Saint-Aubind’Appenai et le Mêle-surSarthe. J’allais souvent en vacances au Mêle. Je suis né à Alençon, mais avec mes parents on a beaucoup bougé sur Paris et en Charente-Maritime » explique Fabrice.

Fabrice est né la balle aux pieds, son père Bernard et son oncle Jacques furent des joueurs de l’Union Sportive Mêloise. «Mon oncle jouait à un niveau au-dessus et je pense qu’il aurait pu faire une carrière. Mais, à cette époque c’était compliqué et il avait son métier à côté, il était boulanger. Mon papa aussi jouait au Mêle, ils avaient un bon niveau, mais à l’époque ce

An’était pas développé comme aujourd’hui » exprime Fabrice. Petit, c’est son grand frère qui était son meilleur coéquipier pour taper dans le ballon.

« On n’arrêtait pas de jouer avec mon père et mon frère de 3 ans de plus que moi, ce qui m’a marqué c’est qu’à cette époque ça faisait un petit peu mal à la tête, le ballon était composé d’une vessie à l’intérieur et fermé avec une ficelle », se rappelle-t-il.

« On aimait juste jouer »

Après l’école, en Charente, le gamin travaille son aisance avec le ballon grâce à un jeu pourtant très simple, car il nécessite que d’une balle et d’un mur.

« Au collège avec mon frère lorsqu’on était à côté de l’Île d’Oléron, à Bourcefran­c-le-Chapus, on jouait sans arrêt. On jetait le cartable et on allait sur le terrain de foot. On faisait beaucoup de murs aussi tous les deux, ça m’a beaucoup aidé, » se remémore l’ancien footballeu­r.

Une époque différente, un monde que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître comme le disait si bien ce bon vieux Aznavour. «Quand on était petit, on ne supportait pas de club, on aimait le foot, mais la télé ce n’était pas comme maintenant, il n’y avait pas de matchs comme aujourd’hui. On aimait juste jouer, on était constammen­t au terrain de foot ! ».

46e lauréat du Concours du Jeune Footballeu­r, ancien titre décerné jusqu’en 1980 à une suite d’épreuve et de détections à travers l’hexagone. Il suit ainsi les pas de grands noms, ancienneme­nt lauréat tels Jean-Michel Larqué ou encore Serge Chiesa.

« Les cinq premiers étaient présentés le jour de la finale de la coupe de France, moi c’était juste avant Nancy-Nice. Platini avait marqué l’unique but pour les Nancéiens », s’émerveille Fabrice Poullain.

« J’étais très vif et je ne lâchais jamais rien »

La jeune pousse va alors devenir un canari puisqu’il fera partie de la 1re promotion du centre de formation du FC Nantes en 1978 où il signera aspirant avant de devenir pro.

« C’était quelque chose de très fort et d’important à l’époque il n’y avait que 13 joueurs sur la feuille de match, quand on était dans ce groupe c’est que c’était vraiment intéressan­t. Ce n’est pas comme de nos jours, il y en a plus. Il fallait se donner à l’entraineme­nt, j’ai été précoce, c’était hyper restreint, très sélectif, j’ai eu cette chance de rentrer en équipe première très rapidement », relate le milieu défensif. Avec Laurent Paganelli alors à SaintÉtien­ne, Fabrice Poullain fait partie des jeunes espoirs de D1.

« Mon gros point fort c’était le domaine physique, je pouvais courir pendant des heures. J’étais très vif et je ne lâchais jamais rien, j’avais un mental très fort, je m’adaptais aussi très vite et je comprenais le jeu. À la base, techniquem­ent j’avais des lacunes, mais j’ai travaillé pour combler ça. Après ce qu’on demandait à l’époque à un milieu défensif, c’était différent. Aujourd’hui, c’est le premier relanceur, c’est celui qui touche le plus de ballons. À mon époque, il annulait toutes les attaques et il devait récupérer un nombre incalculab­le de ballon puis joué simple pour ne pas perdre le ballon. On était moins des créateurs comme aujourd’hui », décrypte-t-il.

Pendant près de dix années, de 1980 à 1991, Fabrice Poullain jouera au plus haut niveau national et remportera deux fois le Championna­t de France avec Nantes en 1983 et avec le PSG en 1986, sous les ordres de Gérard Houllier. Fabrice nous livre par ailleurs une anecdote croustilla­nte qu’il a vécue avec cet entraîneur mythique du foot français. « Je l’ai déjà raconté, je pense, quand je suis parti de Nantes pour signer au PSG, le club venait de faire signer Gerard Houllier comme entraineur. On était à l’époque une dizaine de joueurs à arriver et le premier contact que j’ai eu avec Gérard c’était sur le parking du camp d’entraîneme­nt ! Il m’a demandé comment je m’appelais parce qu’il ne m’avait pas reconnu ! [rires] Quand j’ai vu ça, je me suis dit qu’il fallait que je travaille et que je me fasse voir très vite, c’est ce que j’ai fait », confie-t-il.

« J’ai eu la chance de côtoyer des joueurs exceptionn­els »

Après son aventure parisienne et un passage à l’AS Monaco, il mettra fin à sa carrière à 29 ans, chez les aiglons de l’OGC Nice. Une fin amère.

Un regret pour l’ex-internatio­nal, déçu également de ne jamais avoir pu disputer une Coupe du Monde, Henri Michel alors sélectionn­eur à l’époque lui avait préféré Thierry Tusseau. Coéquipier­s de nombreux grands joueurs le long de son parcours, en club et en sélection, aux côtés des Maxime Bossis, Dominique Rocheteau, Luis Fernandez, ou encore Michel Platini, une fierté inestimabl­e pour Fabrice. « Je garde en tête que du positif, je partais d’un tout petit club au petit niveau, j’ai tellement vécu de choses importante­s en sélection et club. J’ai aussi découvert beaucoup de personnes, dans chaque équipe j’ai eu la chance de côtoyer des joueurs exceptionn­els ! J’ai énormément appris, j’ai touché à beaucoup de choses dans mon après carrière aussi et je suis fier d’avoir accompli tout ce que j’ai pu faire jusqu’ici », avoue-t-il.

Pigiste et commentate­ur pour la télévision dans son aprèscarri­ère, Fabrice Poullain oeuvra pour France 3 Côte d’Azur, Eurosport ou encore Canal +. «J’ai été le premier à faire du bord terrain comme le fait Paganelli actuelleme­nt », annonce-t-il.

Une proximité du terrain où il côtoiera les joueurs de près, avant de se lancer dans une autre direction.

« J’ai alors passé ma licence d’agent de joueur, puis monté ma structure notamment à Monaco. Ensuite l’AS Monaco m’a contacté pour intégrer le club, j’ai alors été coordinate­ur sportif puis directeur général ». Il quitte par la suite la principaut­é monégasque pour retourner auprès de ses parents en Charente. « Ils étaient âgés, j’avais besoin de les retrouver, j’ai changé d’orientatio­n et j’ai ouvert des chambres d’hôtes pendant 5 ans dans les Deux-Sèvres. J’ai ainsi pu me rapprocher de mes parents ».

Puis Fabrice retrouve son amour de jeunesse, son amour de toujours pour le ballon et le rectangle vert. «Le foot me manquait j’ai passé mes diplômes d’entraineur, et j’ai eu l’opportunit­é de m’orienter vers le foot féminin au Chamois Niortais tout d’abord pendant cinq ans. Plus tard, le club a été vendu et ne voulait pas entendre parler de foot féminin alors je suis parti, ça fait deux années que je suis à La Rochelle avec un autre projet féminin maintenant ». Le désormais coach arrêtera son aventure rochelaise à la fin de la saison pour s’orienter vers d’autres horizons.

❝ De par mon jeu pas très économique, j’ai eu malheureus­ement une première blessure à mon genou quand j’étais à Nantes qui je pense été mal opéré, et donc j’ai toujours eu des problèmes récurrents au genou. Mon chirurgien de l’époque me disait que je pouvais prolonger ma carrière que d’un an, un an et demi, mais avec une grosse opération, j’ai dit non. FABRICE POULAIN

Newspapers in French

Newspapers from France