Zalkin voit son avenir en vert
Malgré un ralentissement de l’économie, la société de fabrication de machines d’encapsulage voit une croissance de son activité. L’une des raisons, Zalkin s’est tourné vers l’environnement. Explications avec Laurent Fournier, le P-DG.
❝ On a créé une machine qui n’utilise qu’un système mécanique. L’air comprimé nécessitait de l’énergie, généralement fossile LAURENT FOURNIER
La fameuse météo normande ne fait pas ombre aux paysages verdoyants visibles depuis le bureau de Laurent Fournier, le président et directeur général (P-DG) de Zalkin [et de Promach France, la filiale de la société américaine Promach]. Comme il aime le rappeler, combien de P-DG peuvent se vanter d’avoir une vue sur la campagne française depuis son bureau ?
Installée à Montreuil-l’Argillé, une bourgade de 805 habitants (selon les derniers chiffres de l’INSEE en 2015), l’entreprise Zalkin n’en reste pas moins le leader mondial des machines d’encapsulage. Petit rappel : la société fabrique des machines servant à fermer par un couvercle tout type de récipients (bouteilles, fioles, parfums, etc.).
Le projet Cinquième élément
L’année 2024 va marquer une nouvelle étape dans l’histoire de l’entreprise avec l’apparition d’une extension de 10 000 mètres carrés. Ce projet intitulé « Cinquième élément » fait référence bien sûr au film de Luc Besson, mais surtout au fait que l’entreprise euroise en est à sa cinquième extension depuis son installation dans le département en 1961. « Cela sera sûrement la dernière, car il n’y a plus de place», précise le président dont le bureau surplombe le village. L’installation complète, prévue pour septembre, comprend un déménagement des machines, une réorganisation du travail, des nouveaux emplois (une trentaine de postes ont été ouverts) mais surtout la possibilité d’augmenter sa capacité de production, « soit une capacité d’augmentation de 30 à 40 % de fabrication de pièces mécaniques supplémentaires », précise Laurent Fournier. Car
Zalkin regarde toujours vers l’avenir, et celui-ci sera vert.
Comme toute entreprise, elle veut produire plus pour vendre plus et être plus compétitive, tout en répondant aux enjeux d’aujourd’hui, soit environnementaux. Elle investit à hauteur de 5 % de son chiffre d’affaires dans la recherche et le développement pour proposer des machines moins polluantes.
Laurent Fournier le sait, « de manière générale, le travail de nos clients sur l’environnement est une opportunité de développement pour Zallkin ». D’ailleurs, l’effectif du bureau d’études fait partie des plus importants dans la société, au côté des usineurs (ceux qui fabriquent les pièces des futures machines). Zalkin s’est donc mis au vert pour ses clients. Dernièrement, l’entreprise euroise s’est lancée dans la mesure de l’impact carbone de ses machines, depuis leur naissance jusqu’à leur fin. Des résultats qu’elle intègre dans l’élaboration de ses nouveaux produits.
En 2023, la société a sorti deux modèles, « avec elles, nous sommes capables de réduire de 20 % l’empreinte d’une machine», affirme le P-DG. Parmi d’autres innovations, elles comprennent une machine sans graissage ou sans utilisation d’air comprimé.
Surtout, Zalkin peut compter sur la législation européenne pour sa croissance verte. D’ici juillet 2024, toutes les bouteilles doivent être munies d’un bouchon solidaire. Une aubaine pour la société qui a notamment travaillé avec le précurseur dans ce domaine, Cristaline, qui a installé ce type de couvercle dès 2016. Zalkin travaille donc avec ses clients pour transformer les machines bientôt inutilisables selon la loi et effectue aussi un reconditionnement de ses vieilles machines. « Un point intéressant pour nos clients pour réduire leur empreinte carbone », tient-il à souligner.
« Les entreprises investissent toujours »
C’est un fait. L’industrie fait partie des émetteurs de CO2 les plus importants en France. Selon l’INSEE, l’industrie manufacturière et construction a émis 73 millions de tonnes équivalents CO2 en 2022. Face aux huit tonnes émises par Français, c’est bien au secteur industriel de réagir.
Un avenir vert donc pour Zalkin, mais va-t-il de pair avec la future augmentation de son activité qui va obligatoirement s’accompagner de plus d’émissions ? «Oui, car notre extension a été pensée pour réduire notre empreinte carbone », complète Laurent Fournier. Il cite en exemple l’installation de 3 500 mètres carrés de panneaux solaires, une meilleure gestion des déchets avec neuf bennes pour le tri - « aujourd’hui, elle n’est pas optimum » — ou encore l’utilisation de LED. Des exemples parmi tant qu’autres, tient à préciser le P-DG. Quel est le bilan carbone de Zalkin ? Aucune idée, car les résultats doivent sortir en 2024. Une affaire à suivre…
Est-ce que tout est rose chez Zalkin? Oui, quand on voit le sourire de Laurent Fournier. La société a bien été touchée par l’inflation en 2023. « Cette année, on ressent aussi le ralentissement de l’économie. Les entreprises investissent beaucoup moins, mais elles investissent toujours », explique-til. Avec la fin des contrats avec les entreprises russes, Zalkin a perdu près d’un million d’euro. Mais l’impact général est plus ou moins relatif au vu de sa bonne santé. En 2023, la société a connu une croissance de 15 % et espère entre 8 à 10 % en 2024. « Je pense que cela sera plus, car nous sommes déjà à +35 % en janvier», apprend en souriant Laurent Fournier.
Pas d’inquiétude donc pour Zalkin, ni pour Montreuil-l’Argillé qui devrait rester la capitale mondiale des machines d’encapsulage encore longtemps.