En résidence à La Source, Elena met en lumière un textile de notre quotidien
Elena s’est posé la question de l’intimité au sein du foyer et à l’extérieur. Sa recherche s’est orientée vers le drap, un objet simple du quotidien qui lui a permis de faire de belles rencontres.
Depuis le mois de janvier, une photographe plasticienne en résidence à La Source Garouste, à La Guéroulde, effectue un travail de recherche pour ses projets artistiques.
Elena Groud, originaire de Vernon et ayant vécu au Pays Basque, est une photographe et plasticienne. Venue chercher la sérénité et l’espace, Elena trouve ici un lieu qui lui permet de se concentrer sur ses recherches. «Tout est réuni pour être mentalement disponible, c’est quelque chose de précieux », témoigne la jeune femme.
Un travail artistique autour du drap
Initialement photographe et plasticienne, le travail d’Elena se complémente avec de l’écriture et le travail du textile. En effet, si l’artiste est passionnée de photographie depuis l’âge de 10 ans, son sujet de prédilection est devenu, petit à petit, le drap. En premier lieu, son exploration s’est concentrée sur l’intimité et les traces qu’elle laisse dans le foyer. « Ce travail s’est vite orienté vers un tissu avec lequel on est en contact quotidiennement, c’est-à-dire nos draps », raconte Elena « cette enveloppe qui nous accompagne toute la moitié de notre vie ».
La photographe a opéré au départ des allers-retours entre son « intime, un espace privé, et l’extérieur, l’espace public ». Un vêtement qui sèche dehors, un tapis qu’on époussète, un draps qu’on laisse sécher au vent, un draps abandonné dans la rue, des morceaux des tissus qui se perdent dans la ville… «J’ai habité dans certains quartiers de Paris, il y avait des explosions de couleurs, beaucoup de choses qui débordaient et qui pour moi représentaient de la poésie », se rappelle-t-elle.
Avant de commencer cette résidence à La Source, Elena a effectué deux autres résidences qui se sont orientées vers des métiers qui travaillent avec le drap au quotidien, en l’occurrence dans le secteur du médical et de l’hôtellerie. Une expérience de vie au delà de la photographie.
Une dimension humaine
« L’alibi c’était de suivre le parcours du drap, sauf qu’en réalité j’ai fait des rencontres et j’ai écouté leur histoire», rapporte l’artiste. « De fil en aiguille, j’ai tissé des liens avec ces personnes-là, et j’ai écouté leurs récits de vie, ce qu’ils avaient à raconter», poursuit-elle. Pour elle, l’idée était de venir prendre en image les gestes des soignants et des femmes de chambre pour valoriser leurs gestes, pris sur le vif. « Pour moi, leurs gestes sont sublimes quand on les capte d’une certaine manière ».
Au travers de ses photographies, Elena cherche à montrer une présence corporelle sans montrer le corps à l’image. «Ce qui m’intéresse, c’est le mouvement, les gestes liés aux draps», explique la plasticienne.
Ayant créé des liens très forts avec chacune de ces femmes, Elena les a écouté parler de leurs luttes, de leurs souffrances, de leurs galères. « Même si mon approche est poétique, mon travail prend une dimension humaine », exprime-t-elle.
Après un trimestre passé à La Source, Elena effectuera sa sortie de résidence le 28 mars prochain à 17 h 30 dans son atelier. Une seconde artiste, Elsa Cicchetti, imagière et graveur présentera le résultat de ses recherches. Les deux artistes ont consacré ces trois mois à leurs recherches artistiques, menées également aux côtés des enfants.
Pratique Sortie de résidence jeudi 28 mars à 17 h 30. Dans les ateliers de La Source Garouste. Entrée libre. Echange suivi d’un pot partagé.