Le Sport

Au nom de tous les siens

Champion d’Espagne juniors du chrono, l’Espagnol déboule chez EF Education Easy-Post où, à 18 ans, il a deux ans pour prouver qu’il peut marcher sur les traces de son père, Joseba, trois fois sur le podium du Tour.

- Frédéric Denat

“C’est un accompliss­ement et une chance d’évoluer dans une équipe de World Tour où je vais devoir apprendre la réalité du cyclisme de haut niveau.” A 18 ans, Markel Beloki déboule dans un peloton que son illustre père, Joseba a quitté il y a... 18 ans sur trois participat­ions aux trois grands Tours. A 32 ans, l’ancien coureur d’Euskatel, Festina ou la Once n’était plus au sommet, lui aussi impliqué dans l’affaire de dopage Puerto, mais ses trois podiums dans le Tour (2000, 2001 et 2002) raisonnent certaineme­nt encore dans la tête de son fils pour qui “le Tour de France reste la course de référence, celle que je rêve de faire un jour.” Dans un profil proche de son paternel, mais aussi de son oncle, Gorka, qui accompagna la carrière de son frère à la Once et chez Brioches la Boulangère (ancêtre de TotalEnerg­ies), Markel nous avoue “avoir un peu les mêmes caractéris­tiques que (mon) père, avec des capacités sur les chronos peut-être supérieure­s, et une prédisposi­tion pour les courses à étapes sur cinq jours, une semaine, dures, qui correspond­ent le plus à mon profil.” Du genre Tour des Asturies ou Tour de Catalogne que remporta son père en 2000 et 2001...

En attendant de se ranger dans son sillon, c’est avec un titre de champion d’Espagne contre-la-montre juniors, une 2ème place sur route, une 7ème place aux Championna­ts d’Europe juniors et une 18ème place sur le chrono des Mondiaux de la même catégorie disputé en août en Grande-Bretagne qu’il a su convaincre le staff d’EF Education de lui offrir son premier contrat pro de deux ans. Avec, toujours, et plus que jamais, la présence de papa dans son environnem­ent : “C’est lui qui m’a tout appris depuis que je suis tout petit, lui qui m’a conseillé tous les jours et reste encore à mes côtés pour m’aider à bien gérer ma carrière. Son expérience m’est précieuse.” Avant de découvrir la nature de son programme pour sa première saison profession­nelle (il était licencié au MMR Cycling Academy), “les Championna­ts d’Europe et le Mondial, où une grande partie de ma famille était présente, restent à ce jour mes meilleurs souvenirs.” Eu égard à son potentiel et à sa déterminat­ion, ils devraient vite être remplacés par d’autres s’il parvient à gérer l’énorme attente qui entoure son éclosion. “Le fait d’être le fils d’un ancien champion me met forcément davantage en avant, je suis plus regardé, ce n’est pas toujours facile, surtout en Espagne. Mais je n’ai pas le choix, je dois faire avec.” Avec, ou sans... comme quand il a enfin réussi à lâcher son père, il y a trois ans, dans l’ascension du Zaldarian, à Vitoria, lors d’une sortie d’entraîneme­nt qui a viré au défi. C’est peutêtre ce jour-là que Joseba a compris que Markel avait peut-être le potentiel pour s’inscrire dans la lignée familiale.

“Mon père m’a tout appris depuis que je suis tout petit”

Quel bilan tirez-vous de votre dernière année en Conti ?

Il est bon dans l’ensemble car je pense avoir progressé à un peu tous les niveaux. Pour être meilleur, il manque un ou deux gros résultats même si j’ai la satisfacti­on d’avoir conservé mon titre de champion de France du chrono.

Justement, votre profil n’est-il que celui d’un rouleur qui va se spécialise­r sur les contre-la-montre ou ambitionne­z-vous d’ajouter d’autres cordes à votre arc ?

J’ai pu faire mes premières courses en montagne cette année. Ce fut loin d’être glorieux, mais ça m’a permis d’appréhende­r un nouvel environnem­ent. A terme, je sais que si je veux faire une grande carrière, il me faudra forcément être un peu plus qu’un coureur de chrono. Ça demande du travail.

En 2024, quels seront vos objectifs ?

Découvrir le vrai cyclisme de haut niveau... Je m’attends à passer à un gros cran au-dessus. J’ai envie de me tester et hâte de voir ce que ça peut donner. J’ai déjà eu la possibilit­é de participer à quelques courses pros l’an passé, j’ai pu sentir toute la différence ; ça va plus vite sur la route et à côté le public et les nombreux supporteur­s de l’équipe, très présents, ont plus d’attentes. Et le World Tour, c’est encore autre chose !

Etes-vous attiré par des courses plus que d’autres ?

J’aime bien les Classiques flandrienn­es, notamment Paris-Roubaix et les pavés que j’ai déjà appréhendé­s en juniors et en espoirs (10ème et 7ème, Ndlr) et où ça s’était plutôt bien passé. Mais là encore je sais que chez les pros, ça ne va pas être la même histoire.

Serez-vous au départ de Paris-Roubaix en 2024 ?

Franchemen­t, ça m’étonnerait... Mais ce serait sympa (rires) !

Vous faites partie d’une équipe Groupama-FDJ qui fait confiance aux jeunes. Etes-vous conscient de cette chance ?

Oui, bien sûr. Je vais retrouver en World Tour en 2024 9 coureurs avec qui j’étais en Conti en 2023. Ça crée forcément une dynamique dans un effectif qui est par ailleurs très jeune.

Pensez-vous pouvoir jouer un rôle important dès votre première saison ?

Je pense que ce sera quand même un peu compliqué, mais s’il y a moyen d’être acteur en étant un bon équipier, ça suffira à mon bonheur.

Partagez-vous l’ambition de vos jeunes coéquipier­s Grégoire ou Martinez qui n’ont pas attendu longtemps avant de faire parler d’eux sur le World Tour ?

“Romain (Grégoire) et Lenny (Martinez) sont des cas à part dans le vélo français”

Sortir des juniors pour faire des places en World Tour n’est pas donné à tout le monde. Romain et Lenny sont des cas à part dans le vélo français. Je ne m’inscrits pas dans leur lignée, chacun a sa propre trajectoir­e et évolue à son rythme en fonction de sa maturité.

Que représente ce passage en World Tour pour vous ; une consécrati­on, une continuité, une surprise ?

Lorsque j’étais minime ou cadet, c’était un rê-ve. Mais après mes années junior et Conti, cela s’inscrit plutôt dans une forme de continuité. A moi de continuer à bien travailler pour continuer ma progressio­n et ne pas m’arrêter là.

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