CARBURANT : UNE JOURNÉE DÉCISIVE
« Des avancées » : c’est ce que les entreprises du BTP disent avoir obtenu, lundi, à Bercy. Les professionnels qui bloquent les dépôts de carburants se prononceront, ce mardi, sur la suite à donner au mouvement.
T Les discussions ont été serrées, lundi, au ministère de l’Économie et des Finances, entre les représentants de la Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage (CNATP) et le ministre, Bruno Le Maire. Alors que les blocages des dépôts pétroliers font sentir leurs effets sur la majeure partie de la Bretagne, les petites entreprises du secteur des travaux publics tentaient, elles, d’obtenir le réexamen de l’article 16 du projet de loi de finances 2020, qui prévoit la suppression progressive du tarif réduit appliqué au gazole non routier (GNR), dont elles bénéficiaient jusqu’alors. Estimant être les seules à pâtir d’une telle mesure, les entreprises fédérées par la CNATP s’inquiétaient particulièrement de la concurrence déloyale exercée par les agriculteurs, qui interviennent dans le secteur des travaux publics sans être contraints par la taxation sur le GNR.
Contrôle renforcé des fraudes
Au bout de plus de cinq heures de discussions, en présence de Bruno Le Maire et du député Richard Ferrand, les représentants de la CNATP, dont des émissaires venus du Finistère - l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan ayant eu recours à la visioconférence -, ont obtenu plusieurs avancées. « On nous propose un contrôle renforcé des fraudes et le retour d’un colorant spécifique pour le carburant utilisé par les travaux publics, s’est félicitée Françoise Despret, présidente de la CNATP. Ces avancées nous permettront de lutter contre le vol de carburant et d’éviter la concurrence déloyale, qui sont deux problèmes majeurs pour nous. Aujourd’hui, on ne ferme même plus à clé les bouchons d’essence de nos véhicules puisque les voleurs les percent par en dessous… »
Mais le compte y sera-t-il pour les entrepreneurs engagés dans les blocages de terrain ? Car tout n’est pas résolu : « Il reste maintenant la question du délai d’application de la loi, a reconnu Françoise Despret.
Nous n’avons que 18 mois pour nous préparer à cette augmentation de 60 % de la taxe sur le GNR. Or, cela demande du temps pour nous adapter. Il serait bien mieux pour nous de pouvoir étaler cette augmentation sur cinq ans. »
Du côté de Bercy, on se refuse, pour le moment, à diluer ainsi dans le temps la disparition du tarif réduit accordé au GNR utilisé par les artisans, préférant mettre en avant « l’application de la loi » et l’égalité de traitement entre intervenants du secteur des travaux publics. Reste désormais à connaître la réaction du terrain. « Nous allons prendre contact avec tous les départements concernés, et des décisions seront prises demain (mardi, NDLR) dans la journée », a précisé Françoise Despret.
Alors que le pays se prépare à une journée très délicate le 5 décembre, jour de grogne contre la réforme des retraites, le blocage des dépôts de carburants reste un levier très puissant, que certains pourraient être tentés d’utiliser pour pousser leur avantage.
« On nous propose un contrôle renforcé des fraudes et le retour d’un colorant spécifique pour le carburant utilisé par les travaux publics », a indiqué Françoise Despret, présidente de la CNATP.