Les Alpes Mancelles

De l’assignatio­n à la fuite

- A.L.

Assigné à résidence à Évron le 18 décembre 2015, l’ex-terroriste Merouane Benahmed, membre du GIA (Groupe islamique armé) a pris la fuite le 8 septembre. Rétrospect­ive.

18 décembre 2015.

Son arrivée à Évron avait fait l’effet d’une bombe. L’Agence France Presse avait dévoilé l’informatio­n dès 12h16 confirmant un tweet de Sainte-Affrique qui annonçait sa venue dès 10h. Le maire, Joël Balandraud, avait été averti de la décision par le préfet à 15h30. « Nous avons été mis devant le fait accompli par une décision ministérie­lle qui s’impose à la fois à la préfecture et au maire d’une ville choisie. Si on me demande mon avis, M. Benahmed n’est pas le bienvenu à Évron », avait alors tranché l’élu.

L’intéressé avait été placé sous un régime qui limitait sa liberté de circulatio­n au périmètre de la commune d’Évron et l’obligeait à se présenter 4 fois par jour, y compris les week-ends et jours fériés, auprès des services de la gendarmeri­e.

À vélo ou à pied, l’homme pointait auprès des forces de l’ordre à 9h15, 11h45, 15h15 et 17h45. L’assignatio­n à résidence le contraigna­it également à respecter le couvre-feu de 20 heures. Il avait alors été logé dans un hôtel du centre-ville.

Mi août 2016.

Merouane Benahmed a été transféré dans le parc privé, dans une chambre localisée au 22, rue de Saulgé, au second étage. « C’était devenu très difficile de l’accueillir pour l’hôtel. À la faveur d’une fermeture, pour raison de vacances, on pensait pouvoir se débarrasse­r de sa présence. L’État a choisi de le mettre dans le parc privé.

Il avait besoin pour s’alimenter de se rendre dans des lieux de restaurati­on collectifs ce qui a provoqué quelques tensions avec les habitants. »

Mercredi 7 septembre 17h45.

Merouane Benahmed s’est rendu à la gendarmeri­e pour son 4e et dernier pointage de la journée.

Jeudi 8 septembre 9h15.

L’homme ne s’est pas présenté à son premier pointage quotidien auprès des forces de l’ordre.

Jeudi 8 septembre 11h45.

L’ex-terroriste manque une nouvelle fois à l’appel. « La gendarmeri­e et la préfecture ont bien tenu le cadencemen­t. S’il ne pointait pas une fois, on était prévenu, la deuxième fois il était recherché. »

Jeudi 8 septembre entre 12h et 14h.

Les forces de l’ordre vont perquisiti­onner le domicile de Merouane Benahmed. Après avoir toqué à la porte, ils n’auraient reçu aucune réponse. Ils ont alors reçu l’aide des pompiers, venus avec une nacelle, afin de vérifier, depuis la fenêtre du premier étage, que l’appartemen­t n’était pas piégé. Les militaires sont repartis sans retrouver sa trace, ni celle d’explosifs, d’armes ou d’objets suspects. Merouane Benahmed aurait tout emporté avec lui.

La rue de Saulgé a été bouclée jusqu’à 14h30, avec notamment le renfort d’une vingtaine de gendarmes, armés. Un mandat de recherche internatio­nal a été délivré à son encontre.

Jeudi 8 septembre 16h30.

« Cela fait plusieurs jours que des hommes barbus, comme lui, naviguent dans le centre-ville… Il est probableme­nt parti avec eux, commente une voisine. On ne peut qu’être soulagés de le voir s’enfuir. »

Jeudi 8 septembre 18h15.

« La première réaction c’était le soulagemen­t, c’est triste à dire mais on souhaitait son départ. Sa présence était devenue lourde à porter, depuis quelques semaines en particulie­r », livre Joël Balandraud. « Après, une franche inquiétude et un peu de colère aussi : c’est se dire qu’un homme qui était très surveillé a pu s’échapper. Et de constater : En terme de surveillan­ce, l’hôtel était plus facile à gérer. »

Vendredi 9 septembre 8h15.

La surveillan­ce devant le domicile de Merouane Benahmed a été levée.

À l’heure où nous bouclons ce numéro, mercredi 14 septembre, l’ex-terroriste est toujours dans la nature et activement recherché par les forces de l’ordre. S’il est retrouvé, il pourrait à nouveau être condamné à de la prison, après jugement.

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Jeudi 8 septembre en fin de journée, les forces de l’ordre étaient toujours postées devant son domicile.

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