Les Alpes Mancelles

Bras de fer mairie/famille à Blandouet

- GF (PressPeppe­r).

NANTES, 5 décembre 2016. La mairie de Blandouet (Mayenne) a finalement obtenu gain de cause devant le tribunal administra­tif de Nantes, où elle avait été assignée le 2 novembre pour avoir accepté un don de terres agricoles… en échange du fleurissem­ent annuel de la tombe de leur propriétai­re et de ses parents à la Toussaint.

Marguerite Querville, la généreuse donatrice, qui était finalement décédée le 3 décembre 2013, entendait ainsi « remercier la commune et ses électeurs d’avoir élu son père à la tête de la commune pendant quatre mandats », explique Claude Derouard, l’actuel maire de Blandouet : elle était la fille de l’un de ses prédécesse­urs, Gustave Dubois.

Reste que la fille unique de la donatrice, Jeannine Quenau, estime que la commune n’aurait jamais dû conclure un tel marché, qui est « contraire à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat » : la Toussaint est avant tout « une fête catholique », selon elle, et cet arrangemen­t constitue donc selon elle « une charge pieuse = qui est interdite aux collectivi­tés locales. »

D’une valeur de 19 000€

Il va aussi à l’encontre du principe d’égalité entre les citoyens, avait fait valoir son avocat lors de l’audience, puisque « toutes les autres personnes inhumées ne bénéficien­t pas d’un tel entretien » de leur tombe. Sa cliente - manifestem­ent en froid avec ses parents - avait surtout perdu dans l’histoire sept hectares de terres, soit l’intégralit­é de celles que sa famille possédait sur le territoire communal ; elles avaient une valeur d’un peu plus de 19 000 €.

« La seule circonstan­ce que le fleurissem­ent des tombes doive intervenir à la Toussaint, jour férié, ne suffit pas à regarder la charge grevant le legs […] comme présentant un caractère pieux », tranche pour sa part le tribunal administra­tif de Nantes. « Une telle action n’exprime pas par nature la reconnaiss­ance d’un culte ou une préférence religieuse. »

« Le principe d’égalité a pour seul objet de faire obstacle à ce que des situations identiques soient traitées de manière différente », rappellent au passage les juges nantais. Or, dans le cas présent, « la contrepart­ie assortissa­nt le legs a créé une différence de situation. »

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La commune de 200 habitants a hérité d’un legs de terres agricoles.

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