Mélanie s’installera malgré la crise
21 ans et agricultrice à St-Victeur
Elle n’a pas posé en maillot de bain mais en cotte de travail entourée de ses boeufs. À grands coups de « like » sur Facebook, Mélanie Chemin s’est classée 15e du concours Miss et Mister Agri 2017 parmi 150 candidates. Mais là, ni strass ni paillettes… Plus qu’une parodie du célèbre concours de beauté, la version agricole est surtout « un moyen de valoriser notre profession, de montrer que les femmes ont toute leur place en agriculture. » Mélanie Chemin est comme ça : discrète sur sa personne, il suffit pourtant de la lancer pour qu’elle témoigne de son quotidien à la ferme.
Sixième génération d’agriculteurs
À 21 ans, la jeune femme étonne par sa détermination. Mais en parle simplement. « Ce n’est pas toujours rose mais être épanouie dans son travail n’est-il pas une priorité ? » Mélanie Chemin a choisi d’y croire et de se lancer. « J’ai fait un stage en banque durant mon BTS ACSE (Analyse et conduite des systèmes d’exploitations) mais rester assise dans un bureau, enfermée, ce n’était tout simplement pas pour moi ! »
Son attachement à la terre est viscéral. « Je suis fille unique, mes proches n’imaginaient pas que je reste dans le milieu. D’après mon grand-père, je serais la sixième génération d’agriculteurs de la famille », souffle-t-elle. Ses yeux couleur menthe à l’eau trahissent une once de fierté.
Peu de week-ends, pas plus de vacances, des tâches physiques… Mélanie Chemin semble s’accommoder de tout et avoue même avoir du mal à comprendre pourquoi elle doit se justifier sur ses motivations.
À Saint-Victeur où elle travaille sur l’exploitation de ses parents, l’agricultrice partage son temps entre la culture et les boeufs. Depuis six ans, les Chemin ont préféré les bêtes à viande aux vaches allaitantes pour tenter de « mettre l’exploitation à l’abri avant la fin des quotas laitiers. Ça nous demande aussi moins de travail. » Reste que le prix moyen, 3 euros 50 du kilo, n’assure que de maigres bénéfices. « Il en faudrait 4 euros 20 pour s’en sortir. » Même constat concernant le cours des céréales. Malgré une saison sèche, les prix payés aux agriculteurs ne se sont pas redressés. En cause ? La concurrence internationale, entre autres. « Il y a intérêt de faire des réserves pour subsister aujourd’hui et renflouer sa trésorerie », assure Mélanie Chemin.
Une exploitation à Assé-le-Boisne en 2018
Alors que la crise ébranle le quotidien, l’engagement dans le milieu agricole ne semble pas l’effrayer. À compter du 1er janvier 2018, elle prendra les rênes d’une exploitation centrée sur la culture, à Assé-le-Boisne. Mettrait-elle la charrue avant les boeufs ? Ce n’est pourtant pas du tempérament de la jeune femme. « Si je ne me lance pas maintenant, quel sera le bon moment ? », lâche-t-elle
« Je saisis l’opportunité qui se présente aujourd’hui, tout simplement. » Passage de témoin familial puisque la dite ferme appartient à un membre de la tribu. « En partant de zéro, ça aurait été très difficile, voire irréalisable ! Il faut être bien entouré. Sans mes parents, je n’envisagerais pas de me lancer même si ma maman est réticente », confie-t-elle.
Conscience de la difficulté qu’il ya à s’installer aujourd’hui, Mélanie Chemin savoure sa chance. Son sourire témoigne de la passion qui l’anime… Pas question pourtant de rester les bras ballants, il y a « du bois à ramasser » ce jeudi de janvier…
Amélie Loho