Débarrasser les élues de la gêne d’être femmes
Elles ont peut-être été élues maires de votre commune, elles restent trop souvent aux yeux des hommes… des femmes, exclusivement des femmes. Un mal rude à soigner. Exemples.
« Si les hommes apprennent qu’il y a une réunion de femmes, c’est forcément une réunion Tupperware. Il ne leur viendrait pas à l’idée qu’elles parlent fiscalité ».
Fabienne Labrette-Ménager, elle-même élue, propose à ses homologues de l’ancien canton de Fresnay-sur-Sarthe d’apprendre à mieux se connaître, à mieux connaître leurs collègues masculins pour savoir battre en brèche les idées reçues… et composer avec leur propre nature.
En les mettant en situation.
La photo
« Au moment de couper le ruban… les hommes rappliquent pour la photo… tandis que les femmes se positionnent spontanément à l’arrière ». Pour renverser la vapeur, la recommandation irait de soi si et seulement si les filles osaient revendiquer, à l’égal des hommes, le résultat de leur travail. Mais pas seulement. Les élus présents ont appris depuis tout petits à « jouer des coudes ». Au football. Au rugby. Quand chez les filles, on « joue collectif ». On n’aime d’ailleurs pas trop celles qui, dans l’équipe, se mettent en valeur.
Craquante ou compétente ?
« Tu es vraiment bien en robe ! ». Quelle élue arrivant en réunion fondrait sur un de ses collègues pour s’extasier sur son costume ? « Les hommes placent les femmes dans le registre de la séduction ». Plaisant… mais totalement hors sujet. Craquantes ou pas, les filles sont de la réunion pour leurs compétences. Plus souvent qu’à leur tour « trop modestes », elles peuvent être tentées de se contenter de la flatterie. C’est risquer d’abaisser encore leur crédibilité, qu’elles peinent tant à asseoir.
Hystériques
« Les femmes vont éviter l’affrontement. Sinon, elles sont considérées comme agressives ou autoritaires… ou emmerdeuses ». Voire hystériques, d’autant qu’avec leurs voix plus aiguës, on entend vite des crécelles. Et si, par-dessus le marché, elles finissent par pleurer, elles ne risquent pas d’être prises au sérieux. Elles sont bien mignonnes, mais qu’elles reprennent leurs places, les bobonnes. « Quand les publicitaires veulent sensibiliser une femme à l’achat d’une voiture, ils montrent son coffre, assez vaste pour… faire les courses ». Tandis qu’on fait rêver les hommes avec une Ferrari.
Sans statut
« Votre copine m’a appelée ». Voilà ce qu’entendent souvent les élues, après qu’elles aient invité une de leur homologues à joindre un autre élu. Les filles, il est urgent de mettre les points sur les i. Non, c’est un maire qui vous a appelé. Vous imaginez-vous parler à un élu de ses « copains » quand il s’agit de ses collègues ?
Maintenant que la réunion se termine, vous n’êtes pas non plus mieux habilitées que les hommes à installer les verres et les cacahuètes.
Pensez plutôt, comme ils le font, que le bon moment pour poser des questions est arrivé… d’autant que, ce soir, ce sont eux, n’est-ce pas, qui vont débarrasser. Et défendu de culpabiliser.