« Un maire femme n’a pas le droit à l’erreur »
« Etre maire au féminin, c’est une lourde charge. Une maire au femme n’a pas le droit à l’erreur ». Aux yeux de Claudine Menon, le maire de Coulombiers, il y a plusieurs motifs à cela.
Reste que pris à part ou tous ensemble, ces motifs ne parviennent pas à la décourager d’assumer sa fonction. Ni ne l’y encouragent. Seuls ses administrés sont en mesure de juger son travail.
Aider à la cooptation
« Même s’ils sont loin de former une majorité, certains collègues ne me considèrent pas à l’égale de mes homologues masculins ». Que Claudine Menon démontre pour le 4ème mandat consécutif qu’elle est pleinement capable d’assumer sa fonction de maire les « titille
un peu ». Claudine Menon fait aisément avec. Il lui suffit donc de penser à tous ceux qui « ne
la laissent pas de côté ». Même si elle pense participer elle-même à ce phénomène de cooptation. « J’ai aussi la parole facile ».
La timidité ? Un boulet
« Les propos sexistes concernant les femmes maires sont néanmoins une réalité ». Ils concernent alors plutôt celles qui sont empêtrées dans leur timidité. Dans ce cas, pas de quartier. « Vous n’allez pas alors forcément vous tailler
la part du lion ». En revanche, ces femmes trop réservées vont inspirer aux maires au masculin des réflexions condescendantes. « Au moins, celle-là, elle ne m’embêtera pas ! ». Mais il existe aussi des propos sexistes qui ne déplaisent pas à Claudine Menon.
Ambassadeur communal
« Tu es toujours bien mise ». Voilà qui ravigote Madame le maire de Coulombiers, qui redoute toujours un peu qu’en choisissant de porter des pantalons, dans lesquels elle se sent mieux, elle manque d’élégance. Que nenni. « On me dit que je représente bien la commune ». Ce compliment lui va droit au coeur… mais, de son côté, « jamais il ne (lui) viendrait à l’idée de le dire à un collègue ».
Tempérament solide
« Certains hommes ne veulent pas qu’on leur fasse de l’ombre ». Eh bien tant pis pour eux. Claudine Menon n’a pas le tempérament à être à moitié présente en réunion. Elle a la trempe de résister aux inimitiés. Ce sentiment est renforcé par la confiance que ses administrés lui témoignent : elle file aujourd’hui son 4ème mandat consécutif. « Peut-être me considèrent-ils comme la maman du village… C’est vrai que ma nature est de rendre service parce que j’ai horreur de l’injustice ».
Double casquette
« Etre maire au féminin est moins commode qu’être maire au masculin vis-à-vis de son foyer ». Quand Claudine Menon part en réunion, c’est avec un pincement au coeur. « Je culpabilise un peu de laisser mon mari, de délaisser ma maison ». Il y a cependant une contrepartie qu’elle goûte. « Mon époux est fier de moi ». Madame le Maire tient d’ailleurs à ce que celui-ci l’accompagne le plus fréquemment possible aux manifestations communales. En espérant qu’il ne se sente pas le prince consort. En tout état de cause, quels que soient ses états d’âme, « il ne (la) seconde pas pour autant dans les tâches ménagères ». Elle peut bien rentrer d’une réunion tardivement, il lui reste immanquablement à faire à manger.
Loin du féminisme
« J’oublie ma féminité quand j’exerce ma fonction ». Et Claudine Menon « se plaît bien dans une assistance d’hommes et sans faire de l’oeil, ça va de soi ». N’être qu’avec des femmes lui paraît adopter une posture par trop « revendicative » : elle n’entend pas virer dans « l’antihommes ».
Famille sacrée
« Mes trois enfants ont peut-être l’impression que c’est un peu exceptionnel d’être maire et femme ». Voilà un sentiment qui réconforte Claudine Menon. Même si, pour le coup, elle n’est jamais dans la situation de culpabiliser visà-vis d’eux pour la simple raison qu’elle les « privilégie ». Ils incarnent la vie de famille, qu’elle fait toujours passer en premier. « Je ne peux pas délaisser mes enfants, c’est sacré ».
Total respect
« Je tire une petite fierté d’être femme et maire ». Il lui a pourtant fallu un moment pour réaliser qu’elle avait été (très bien) élue. « Dans quel truc je me suis fichue ? ». Avec le temps, le maire de Coulombiers a remisé la question. Depuis, elle ne travaille pas ses dossiers pour faire de la figuration. « Je n’ai pas l’intention de servir de pot de fleurs ». Elle se fait une place respectée dans ce milieu viril. Et gare à ne pas trahir sa confiance car elle aura bien du mal à vous le pardonner.