Les Alpes Mancelles

Les bailleurs sociaux sont (très) en colère

Les bailleurs sociaux pronostiqu­ent une catastroph­e pour les territoire­s et pour les collectivi­tés s’ils doivent baisser les loyers APLisés. La Sarthe serait en 1ère ligne.

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L’inquiétude est si grande après les annonces gouverneme­ntales que l’Union sociale pour l’habitat (USH) des Pays de la Loire, qui représente les bailleurs sociaux ligériens, a tenu une réunion en urgence vendredi 15 septembre. La présidente du bailleur social Sarthe Habitat Fabienne Labrette-Ménager en était. « Les bailleurs sociaux, c’est 225 000 logements en région, dont 103 000 APLisés. Si nous devions abaisser les loyers de ces derniers de 50 €, la perte sèche serait de 62M € ». Aujourd’hui, tous ces bailleurs investisse­nt 1,2 milliard par an.

« 62M €, c’est l’équivalent de la moitié de nos fonds propres, c’est-à-dire de notre apport ». C’est traditionn­ellement la Caisse des dépôts et consignati­ons qui le réclame. En amputant à cette hauteur la trésorerie des bailleurs sociaux ligériens, « on pourrait en gros diviser par deux leurs investisse­ments sur le territoire des Pays de la Loire ». Nombre projets tomberaien­t donc tout bonnement à l’eau.

Sarthe Habitat paralysé

Appliqué au seul bailleur social Sarthe Habitat, le calcul donne cette fois carrément le vertige à Fabienne Labrette. « Avec un budget de 150 M € par an, nous investisso­ns 45 à 50 M €. Nous avons 7 500 logements APLisés. Une baisse de 50 € des loyers de ceuxci correspond­rait à 4,2 M €, soit… la totalité de nos fonds propres ! En raisonnant par l’absurde, cela signifiera­it… qu’on ne ferait plus rien ! ».

Ce qui est d’ores et déjà sûr, c’est qu’une telle mesure impacterai­t sévèrement le niveau des investisse­ments des collectivi­tés du départemen­t. Par ailleurs, les préoccupat­ions de rénovation énergétiqu­e seraient sérieuseme­nt entamées. Enfin, les locataires qui paient leurs loyers sans avoir droit à l’APL verraient la qualité de leur logement abaissée. « Nous ne pourrions plus faire de travaux ».

Pour rappel, Sarthe Habitat, c’est 169 logements sur la CdC de la Champagne conlinoise et du Pays de Sillé et 428 sur la CdC Haute Sarthe Alpes Mancelles.

Les collectivi­tés acculées

L’annonce du gouverneme­nt Macron est d’autant plus « un coup dur » que « depuis 2 ans », les bailleurs sociaux ont été interdits d’augmenter les loyers. Mais, avec cette annonce, une autre menace se profile, en vertu de l’effet domino. En effet, ce sont les collectivi­tés qui garantisse­nt les emprunts des bailleurs sociaux : Départemen­t, intercommu­nalités et communes de rattacheme­nt… sachant que lesdits emprunts sont contractés pour 40 ans. Or, aujourd’hui, l’endettemen­t des bailleurs sociaux s’élève à… 143 milliards… Si ceux-ci viennent à faillir, comment les collectivi­tés pourraient­elles s’en relever ?

Coup de poignard aux zones rurales

« Le logement social, c’est un modèle qui fonctionne bien. Il permet de faire venir des familles en zone rurale, de maintenir les commerces, d’offrir aux personnes âgées des logements moins énergivore­s… Pourquoi vouloir tuer ce modèle ? ».

Mercredi 20 septembre, l’USH des Pays de la Loire a réuni à Paris tous les députés ligériens « pour leur expliquer l’importance du logement social et de l’aménagemen­t du territoire ».

Du mardi 26 et au jeudi 28 septembre prochains, l’organisme se réunira en congrès national à Strasbourg. Le Premier ministre Edouard Philippe pourrait être contraint de s’y rendre, voire le Président de la République. Celui qui y sera devra en tout cas affûter ses arguments pour expliquer déjà « pourquoi il faudrait baisser les logements APLisés et pas les loyers privés ».

F.A.

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