Premier repeuplement de faisans en Nord Sarthe
Des jeunes copains tiennent à abolir les clichés sur les massacreurs de gibier. La chasse, ils la vivent en « écologistes », protecteurs du territoire.
« Aujourd’hui, les mentalités des chasseurs sont différentes ». Avis à ceux qui verraient encore d’un mauvais oeil l’ouverture générale de la chasse, qui a sonné dimanche 24 septembre. Sur les terres de la commune, il existe une petite société de chasse, composée de jeunes bien décidés à ce qu’on ne les prenne pas pour des « casseurs de gibiers ». Mieux, deux d’entre eux, son vice-président Jean-Baptiste Boulay et son secrétaire adjoint Quentin Durand, ont entrepris de le démontrer.
Ambiance « conviviale »
« Ce sont des agriculteurs qui mettent leurs terres à disposition pour les chasseurs de la commune ». La société de chasse locale jouit de 450 ha sur les 800 ha chassables. Elle compte 32 chasseurs sur les 50 de Saint-Ouen. 32 copains. Pas de journée chasse qui démarre sans prendre un café ensemble, voire partager des tripes. Pas de retour à la maison sans avoir refait ensemble le film de la journée, toujours au café-tabac presse local, La Bollée. Deux moments presqu’aussi intenses que l’immersion dans la nature, à voir les chiens travailler.
Restaurer la faune
« Nous sommes des locaux et nous entretenons le territoire ». Sur les terres truffées de perdreaux et de lièvres de la commune, la société de chasse a même initié un projet pionnier dans le Nord Sarthe, « qui a été porté par l’ensemble des chasseurs de la commune » : le repeuplement en faisans. Fin août, 120 animaux ont été lâchés. « Le repeuplement en faisans profite aux autres espèces ». En tout état de cause, cette initiative a reçu le soutien de la Fédération de chasse, qui l’a financé à hauteur de 50 %. « Nous avons pris de jeunes bêtes issues des élevages de Rambouillet ; c’est une souche sauvage qui se reproduit mieux ».
La raison avant tout
« Pour laisser la reproduction se faire, on ne les tirera pas pendant 5 ans ». Ces chasseurs-là n’ont donc pas acquis des cibles. A chaque printemps, ils vont « compter les coqs chanteurs » pour jauger le rythme auquel la population de faisans, qui seront agrainés toute l’année par des retraités, prend ses quartiers. « Nous rouvrirons la chasse petit à petit, en mettant en place des bracelets ». Ces chasseurs-là entendent chasser « de manière raisonnée ». Fini, le temps où l’on chassait pour manger. Maintenant, les gibiers ramenés vont aux amis ou aux connaissances, en cadeau. « Le gibier est un vecteur social ».
Des locomotives ?
« Nous pensons à l’avenir de nos enfants ». Jean-Baptiste, comme Quentin, fondent l’espoir que cet « élan pionnier » entraîne les autres communes dans une démarche « qui est l’avenir de la chasse ». Prendre globalement soin du territoire, c’est l’obsession de ces chasseurs-là. « Nous avons un gros devoir de service aux agriculteurs ». Notamment sur la régulation des populations de sangliers, de pigeons et de corbeaux, pour épargner les cultures - colza, maïs et tournesol. « Les chasseurs sont les premiers écologistes ». La devise devrait encore servir à court terme puisqu’en partenariat avec la mairie, la réimplantation de haies bocagères et dans les cartons.